L'envol du Phénix [TOME 2]

LXVIII. Le pas de trop

Lisez la note à la fin s'il vous plait !

   Je fixe l'étrange rocher en forme de crane qui se dresse face à nous. Il est effrayant. D'un côté, je me dis que la magie aussi est effrayante. L'anxiété rend mes mains moites. Je tourne mon regard vers Peter qui rame, le visage neutre. Je ne remarque pas la raideur de son corps, ni sa mâchoire serrée.

Il amarre notre barque en l'accrochant à un pilier de bois. Le sol est en pierre, les escaliers et évidement, l'ensemble des murs. L'atmosphère froide me fait frissonner. Je détaille les alentours sans vraiment y faire attention. Je vais sauver des dizaines de personnes. Je vais les sauver mais en échange, je ne reverrais plus jamais ma famille. Le jour où m'a mère l'a renvoyée, Phénix m'a dit que les grands combats requéraient de grands sacrifices.

- Viens Henry, dit Peter en déposant une main réconfortante sur mon épaule. C'est par là.

Je grimpe quelques marches à sa suite puis il attrape un bâton posé au mur. Il trace une ligne au sol, ses iris vertes s'illuminent un instant avant de redevenir normale.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je prends des précautions, me sourit-il.

Je me sens rassuré qu'il fasse autant attention à ma sécurité. Je le suis sans discuter à travers les couloirs humides du crane. Nous arrivons dans une grande pièce circulaire que je devine être le centre du rocher. Il y a deux trous dans un des murs qui représentent sans aucun doute les yeux. Le tout est éclairé de torches. Mes poils se dressent sur ma nuque, j'ai l'impression de sentir la magie vrombir dans la salle.

Dans un coin, se trouve un énorme sablier rempli de sable doré. Je m'avance vers lui, intrigué.

- Qu'est-ce que c'est ?

- Le temps qu'il reste à l'île, me répondit-il. Dans quelques jours, la magie aura complètement quitté Neverland. Et l'île disparaitra.

Je comprends avec effarement qu'en effet, le temps est presque écoulé. Je serre les poings sans quitter des yeux le sable qui s'écoule sans interruption.

- Ne t'en fait pas Henry, tout ça sera bientôt un mauvais souvenir, me rassure-t-il. Attends-moi dans la pièce à côté, je dois finir une dernière chose.

J'acquiesce le cœur battant. Avant de pénétrer dans l'étroite pièce avec vue sur la mer, Peter m'interpelle.

- Tu es sûr de ce que tu vas faire ? Il n'y aura pas de retour en arrière possible.

- Oui.

Je suis contente de voir que ma voix n'a pas tremblé un seul instant. Le garçon sourit et me prend dans ses bras. Ce geste m'étonne en premier lieu mais je me laisse faire. Après tout, je vais devenir un enfant perdu. Dans mon dos, l'adolescent étire un sourire mauvais sur ses lèvres.

- Merci Henry, et bienvenu dans la famille.

Je souris une dernière fois, avant de passer dans la salle. L'esprit assuré et confiant sur la mission qui m'a été donnée.

ooooooO0o0Ooooooo

Je marche vite. Je trottine presque. Je retiens avec peine mes sentiments qui tentent de prendre le dessus. J'ai peur. Peur pour Henry, pour Peter, pour nous tous. L'ombre ne peut pas gagner. Pas une seconde fois !

D'un geste rageur, j'écarte une branche de mon chemin. Elle se consume et tombe en cendre après que mes doigts l'aient effleurée. Guidée par le bruit, je rentre dans le camp des garçons perdus. A mon approche, ils se figent tous et dégainent leurs armes.