XXII. Adrian

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   Je coure sans pouvoir m'arrêter. La peur fait trembler mes membres qui vacillent déjà. Je tombe plusieurs fois mais me relève toujours dans la seconde. J'entends son rire guttural derrière mois. J'ai peur. Je ne veux pas me retourner. Poussée par la curiosité ou la frénésie, je jette un coup d'œil par-dessus mon épaule. Mauvaise idée.

   Il est juste derrière moi. Seul quelques mètres me séparent de Lui. Il plane au-dessus du sol, sa silhouette est plus sombre. Son teint semble comme grisé et ses vêtements plus foncés. Son typique sourire carnassier ne le quitte pas. Pourtant ce qui me terrifie, ce sont ses yeux. Deux globes lumineux qui me fixent, exactement les mêmes que celles de son ombre.

   Je ne regarde pas où je vais est me prends un arbre. Je perçois son rire au-dessus de moi. Je relève les yeux vers Lui. Il vole toujours, à quelques centimètres du sol. Ses doigts prennent mon menton et glissent contre ma joue avec une douceur sans nom. Je frissonne à son contacte.

   Son sourire s'agrandit lorsque son épée se plante dans mon estomac. Mon souffle se bloque, je suffoque, c'est fulgurant. Mes pupilles plongées dans les siennes inexistantes, je ne le quitte pas. Je faiblis, mes paupières se ferment toutes seules. Je sens quelque chose frôler mes lèvres et un souffle balayer mon visage. On m'embrasse, c'est doux. Je sens mon cœur s'arrêter et mon cerveau s'éteindre. Je meurs.

   Je me réveille en sursaut. Ma respiration est haletante, ma tête me lance à cause de mon réveil trop brusque. Je tremble encore de ce qui vient de se passer. Je déglutis avec difficulté, ma gorge est sèche. Je lance un regard à mon réveil, je n'allais pas tarder à me lever de toute façon. Je pars prendre un verre d'eau après avoir éteint ma sonnerie.

   Je mange et reviens dans ma chambre pour me planter devant mon miroir. J'avoue que je fais peur à voir comme ça. Je soupire et cherche de quoi m'habiller.

*Qu'est-ce que c'est que cette tête ? *

- Bonjour à toi aussi, Stella ! Quelle belle journée n'est-ce pas ? Ai-je rétorqué.

*D'accord, d'accord... Tu te souviens de notre arrangement ? *

- Comment l'oublier !

*Bien, je ne veux plus que tu sortes comme tu l'as fait hier et je veux que tu continus de participer à la plupart de mes anciennes activités. *

- A condition que je ne ressemble pas à un pot de peinture, ai-je répondu. Quelles sont tes anciennes activités ?

*Des soirées pour la plupart. *

- Je ne te promets pas de toutes les faire...

*Je sais ! Je me doute que ta vie sociale ne soit pas... très sociable. Mais je veux garder une bonne image. *


   Je soupire et fronce les sourcils. Mes cernes ont un peu disparu, elles sont moins voyantes. Je hoche lentement la tête.

- Et pour les élections des délégués ?

*J'accepte.*


   Je souris, nous avons tout de même réussi à nous entendre. Nous continuons comme ça quelques minutes. Une jupe une fois par semaine sauf si la météo en décide autrement, pas de nouveau petit copain... J'ai à peine conscience que je parle à un miroir.

   Finalement je sors avec un jean noir et un haut avec un léger décolleté. Je me serais bien passé du dernier mais il faut faire des concessions. Je marche jusqu'au lycée, mes écouteurs enfoncés dans mes oreilles. Une musique française défile dans ma tête. Mes pieds battent le sol ainsi que le tempo.

L'envol du Phénix [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant