XXVI. Adoption

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Le premier sentiment que j'arrive à distinguer dans la tempête, c'est la peur. Mes pieds frappent le goudron de la chausser, les rues sont désertes. Je tremble, ma peur se transforme en panique. J'accélère. Je passe devant chez Granny's, le restaurant est vide, il règne un calme terrifiant. Où sont-ils tous passés ? Je crie, j'appelle des personnes sans jamais recevoir de réponse. Je suis seule.

StoryBrooke est triste, tout est sombre. Les maisons sont vides, il n'y a que moi. Une larme coule, je me sens perdue. Subitement, le ciel devient rouge. Il se pare d'un rouge sang au ombres effrayantes. Des ombres. Elles volent dans le ciel, il y en a des centaines. Je ne bouge pas, tétanisée. L'une d'entre elles me repère et fonce sur moi. Je recule et me remets à courir. Mon cœur bat vite, pourtant j'ai l'impression d'avancer au ralenti.

J'arrive jusqu'au clocher, les aiguilles sont toujours figées sur le huit heure quinze. Je parviens à semer l'ombre en me cachant dans une ruelle. Je soupire mais un bruit m'interpelle. Je me retourne lentement et fais face à un visage très familier.

- Félix ?

Son regard est méprisant. Il se jette sur moi, me plaque contre le mur et m'agrippe à la gorge. Mon souffle se bloque, je me tourne légèrement pour laisser passer un peu d'air dans mes poumons et je profite du rapprochement pour lui donner un coup dans la jugulaire. Il se recule et je m'enfuie.

Quelques mètres plus loin, je vois Matis qui me vise avec un arc et une flèche. Je me baisse afin d'esquiver le missile et me remets à courir. Jimmy, Paul et Maxime me jettent des pierres sur mon passage. Rapidement, tous les garçons perdus me courent après. Sans trop savoir comment, je me retrouve sur le port. Je suis piégée.

Ils sont tous présents derrière moi et me regardent avec haine. Mes yeux se brouillent de larmes. Un garçon sort du tas et s'avance vers moi. Les perles d'eau salées ne veulent pas s'arrêter et ne me font voir que des formes. Je ferme les yeux. Une main se pose sur ma joue et me la caresse. Une voix, douce et grave, me dit quelque chose que je ne comprends pas. Puis je le sens me pousser du ponton. Je tombe dans l'eau. Mes poumons se remplissent d'eau. Je suffoque. Je vois juste des yeux verts me fixer de la surface avant de mourir.

- Stella ! Tu m'écoutes ?

- Hum... pardon Henry. Tu disais ?

- T'es sûre que ça va ? T'es souvent dans la lune ces temps-ci, dit-il en français.

- Ne t'inquiète pas. Juste un peu fatiguer sans doute. Tu peux recommencer.

Le petit garçon, âgé d'une dizaine d'année se tourne vers son piano et recommence la petite mélodie apprise plus tôt. Je l'écoute avec attention en évitant de penser au rêve que je fais depuis déjà plusieurs semaines. Je ne le comprends pas. Pourquoi je rêve d'une ville vide, que Félix m'étrangle, que Matis tente de m'empaler et de ce ciel rouge avec toutes ces ombres qui volent ?

Pour les ombres, je les déteste. Ça c'est simple à deviner. Ma peur de l'eau aussi mais le reste... Henry fini de jouer et je me rends compte que je n'ai rien écouter. Je souris faussement en lui disant en français toujours :

- C'est bien, tu as mémorisé les accords et tu fais attention au rythme mais essaye de garder le poignet plus souple.

- Tu n'as rien écouté, n'est-ce pas ?

- Si... pourquoi tu dis ça ?

- J'ai joué le morceau de la semaine dernière.

Je reste bloqué un moment avant de baisser les yeux de honte. J'ai beaucoup trop bien éduqué ce gamin ! Je soupire un coup et prends ma tête entre mes mains. Je décide de parler en anglais cette fois.

L'envol du Phénix [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant