10. Luca

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Luca était surpris de voir Aurore s'arrêter dans son ascension de la tour. Elle était avec la jeune sirène qui lui avait servi le thé, un peu avant, avec Philippe, quand celui-ci lui avait demandé de lui ramener Aurore. Elles étaient en train de nager vers leur cellule, puis elles s'arrêtèrent en cour de route. Luca se demandait ce qu'elles pouvaient bien fabriquer. Il avait passé sa tête par la fenêtre, en faisant attention de ne pas se couper avec les bouts de verre restant sur les contours, et Raphaël avait fait de même.

Luca : Que font-elles ?

Raphaël : Elles sont l'air de parler avec quelqu'un... Ah non, pardon, avec deux quelqu'uns...

Sa phrase n'avait rien de français mais Luca n'y prêta pas une grande attention. Il fit plutôt attention à ce que faisaient Aurore et l'autre sirène.

Luca : Mais pourquoi elles discutent ? Elles ne peuvent pas discuter plus tard ?!

Il commença à s'agiter pour qu'elles le voient. Puis, voyant que ça ne marchait pas, il cria :

Luca : Eh ho ! On est là !

Aurore leva la tête vers lui et lui répondit simplement :

Aurore : Oui je sais ! Je vais venir !

Puis elle recommença à parler. Comme si de rien n'était.

Luca revint s'assoir sur une des couchettes, et Raphaël hurla soudain :

Raphaël : Purée elles parlent avec des fantômes !

Ça n'eut pas l'air d'étonner Merlin, qui adressa un sourire aux deux garçons et déclara :

Merlin : Bien sûr. Ce sont les deux jumeaux cadets du roi. Ils ont été piégés dans la mer par un puissant mage noir. Et Philippe les retient prisonniers.

Luca put presque entendre les rouages de son cerveau s'activer pour remettre en place les pièces du puzzle.

Luca : Attendez... Vous voulez dire que ce sont les frères d'Aurore ?

Merlin : Exactement !

Raphaël était revenu s'assoir à son tour, et il se tordait les doigts, qui devenaient blancs aux jointures.

Raphaël : Comment est-ce possible ? Je veux dire... Ils sont morts, non ? Alors comment peuvent-ils être prisonniers de cette tour ?

Merlin poussa un long soupir et passa une main sous son menton, l'air de se demander comment raconter ça. Il expliqua alors :

Merlin : Ils sont bien morts, en effet. Mais lorsque Robert les a assassinés, le mage noir qui l'a aidé a forcé les deux princes à devenir des fantômes. Depuis, ils sont coincés dans ce monde. Ils continuent de grandir, de vieillir, mais ne peuvent plus mourir puisqu'ils sont déjà morts. Autrement dit, ils vont vivre éternellement dans ce monde sous forme de fantômes.

Raphaël : Mais les fantômes traversent les murs, normalement...

Luca lança un regard dans la direction de son ami et acquiesça d'un mouvement de tête.

Luca : C'est vrai. Comment peuvent-ils être enfermés ici ? Ils ne devraient pas sortir en passant à travers les murs ?

Merlin : C'est plus compliqué que ça. Les murs de cette tour sont protégés par une magie noire, une magie très puissante. Pour le magicien qui la contrôle, il n'est pas dur de contraindre les fantômes à rester ici. Je suppose que c'est la magie qui les retient prisonniers ici.

Il poussa alors un autre soupir, et celui-ci semblait vraiment triste.

Merlin : Pauvres garçons, comme je les plains. Vivre pour l'éternité sous forme de fantômes, vous parlez d'un cadeau !

Raphaël : Mais... N'est-ce pas une bonne chose, s'ils vivent pour toujours ? Je veux dire... Tout le monde rêverait d'être immortel.

Merlin fronça les sourcils, comme choqué par cette idée.

Merlin : Mais sous forme de fantôme ? Vivre toute une éternité sous forme de spectre luminescent, sans rien toucher, sans rien pouvoir faire ? Mon garçon, ce n'est pas une bonne chose. L'immortalité n'est déjà pas une bonne chose pour les vivants, elle ne l'est guère plus pour les morts.

Luca s'était assis en tailleur sur une des deux couchettes restantes, vu que la troisième lui avait servi à casser la fenêtre, et il écoutait posément Merlin.

Luca : C'est vrai que ça ne doit pas être simple. Et il n'existe aucun moyen de...

Il ne savait pas vraiment comment tourner son idée. Il avait un peu peur de paraître malsain, ou même d'offenser Merlin. Cependant, il continua :

Luca : Sans vouloir paraître désobligeant, il n'existerait pas un moyen de les faire... redevenir morts ? De les... défantômiser ?

Il savait que ce mot n'existait pas, cependant il s'en fichait, le tout étant que Merlin comprenne ce qu'il voulait dire.

Merlin : À ma connaissance, c'est impossible, il n'y a aucun moyen. Cependant, peut-être qu'un magicien pratiquant la magie noire pourrait le faire, étant donner qu'il serait capable de les transformer en fantômes. Seule la magie noire peut faire cela, et je ne pratique pas la magie noire. Sincèrement, priez pour que nous ne rencontrions jamais un magicien pratiquant la magie noire.

Il se mit à rire, d'un petit rire bref, sans avoir prévenu personne au préalable.

Merlin : Suis-je bête ! Comment puis-je vous demander cela ? Nous sommes actuellement emprisonnés dans une tour qu'un très puissant mage noir a créée. C'est stupide de dire qu'il faut prier pour ne pas rencontrer de mage noir, puisque nous sommes actuellement en guerre contre Philippe, qui a le plus puissant magicien pratiquant la magie noire à ses côtés.

Luca allait rajouter quelque chose quand il entendit Aurore hurler. Il se précipita et nagea jusqu'à la fenêtre pour voir ce qu'il se passait. Bonne nouvelle, Aurore ne semblait pas avoir des ennuis. Mais alors pourquoi criait-elle ?

Raphaël : Que se passe-t-il ?

Luca voulut répondre, mais au même moment, quelque chose de phénoménal se produit. Tous les murs tremblèrent, puis la tour, toute la tour, explosa dans un grand vacarme. Il y avait des milliers de petits bouts partout, et tous les prisonniers avaient été libérés. Au milieu de tous ces tritons et sirènes, Luca nagea vers Aurore, suivi de Raphaël et de Merlin.

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