45. Raphaël

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    Alors qu'il soutenait Aurore avec l'aide de Luca, cette dernière s'effondra entre eux et ses yeux se voilèrent.

Raphaël : Aurore ?

    Pas de réponse. Elle semblait encore consciente, mais pour combien de temps ?

Luca : Il faut qu'on l'allonge.

    Raphaël hocha la tête. Après ce qu'il venait de se passer, il était clairq u'elle n'allait pas bien et qu'il lui fallait du repos.

    Comment Philippe avait-il réussi à transmettre un message par le biais de la magie d'Aurore ? D'accord, il était accompagné d'un mage noir, et Raphaël n'avait aucune idée des potentielles limites de la magie, mais ça ? C'était carrément flippant ! Voir sa meilleure amie s'écrouler en hurlant avant que de l'énergie pure ne s'échappe d'elle pour prendre la forme du garçon qu'il détestait le plus au monde, c'était horrifiant !

Aurore : Je t'aime...

    Raphaël sursauta comme si on l'avait giflé. Dans ses bras, le poids mort qu'était devenue Aurore indiquait qu'elle s'était assoupie, ou évanouie. Mais alors pourquoi venait-elle de dire ces deux mots, surtout ceux-là ? Et à qui les avait-elle adressés ?

    Le garçon lança un regard à Luca, et il vit dans ses yeux qu'il se posait les mêmes questions. Pourtant, ils devaient s'occuper d'Aurore en priorité, pas de ce qu'elle disait ou de leurs propres sentiments.

    Avec l'aide de son ami, il amena la jeune fille jusqu'à son lit, sur lequel ils la posèrent. Elle ne cessait de murmurer des mots incompréhensibles, de chuchoter leurs noms, à eux et aux autres, comme si elle était plongée dans un sommeil peuplé de mauvais rêves.

    Allongée sur le lit de fortune, ses cheveux blonds éparts sur l'oreiller, ses paupières closes et sa bouche rose entrouverte, elle ressemblait plus que jamais à une version plus jeune et plus réelle de la belle au bois dormant. À se demander si la légende n'avait pas été inventée pour répondre à une prophétie quelconque racontant cet instant.

    « Elle est si belle », songea Raphaël avant de se donner mentalement une gifle. « Ce n'est pas le moment de la contempler ! »

    Une voix s'éleva depuis l'entrée de la salle, qui fit sursauter les deux garçons :

Merlin : Vous devriez aller vous entraîner, je vais veiller sur elle. Mais après la dépense d'énergie dont elle a inconsciemment fait preuve pour transmettre le message de Philippe, elle risque de dormir une bonne partie de la journée, voire même jusqu'à ce soir.

    Raphaël hocha la tête. Il n'avait aucune envie de laisser Aurore avec Merlin. Non pas qu'il n'ait pas confiance en lui, bien au contraire, mais simplement il aurait voulu veiller lui-même son amie. Cependant, il obéit et sortit, suivi par Luca.

    Dehors, le silence était pesant. Tout le monde était assis, mangeant quelques toasts sans dire un mot. Ils semblaient tous encore secoués par ce qui était arrivé. Même Jade, la petite sœur d'Aurore, tentait de se faire le plus discrète possible alors qu'en temps normal elle imposait son caractère.

    Quant à l'oncle de la blonde, il se tenait un peu éloigné du groupe, appuyé contre un mur, raide comme un piquet. Ils les observait comme s'il tentait d'apprendre quelque chose d'eux, mais quoi, Raphaël ne le savait pas.

    Le garçon s'assit et prit le toast que lui tendait Jordan.

Raphaël : Est-ce que Merlin a fait le nécessaire ?

    Il se souvenait très bien des derniers ordres d'Aurore. Rendre leur cachette impossible à localiser, les protéger, tous. Il se doutait que le magicien avait dû accomplir sa tâche avant de rentrer surveiller le sommeil de la jeune fille. Cependant, le silence de plomb était si gênant qu'il éprouvait le besoin irrémédiable de le rompre.

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