En raccrochant, Tom se mit directement au travail. Après être parvenu à se concentrer pendant une cinquantaine de minutes, il commença à ressentir les effets de la fatigue sur son esprit. Sans perdre de temps, il quitta son bureau, mit son manteau et quitta son appartement. Dehors il faisait froid, mais marcher lui fit du bien et il se sentit heureux. Son amie habitait seulement à quelque rues de chez lui. En chemin, il s'arrêta chez le fleuriste puis chez l'épicier pour prendre un bouquet de fleurs ainsi qu'une bouteille de vin. Quelques minutes plus tard, il sonna à la porte de l'appartement de Suzanne.
Son amie l'accueillit avec un grand sourire et le serra dans ses bras. Elle le remercia pour les présents et les posa sur la table. Tom retira son manteau et se dirigea dans le salon. L'ambiance était déjà bien animée. Seules trois petites lampes éclairaient la pièce d'une lumière chaude et enfumée, il y avait des verres, des bouteilles et des mégots partout et tout le monde parlait très fort. Tom s'assit sur une chaise et commença à écouter la conversation.
— Plus le temps passe et moins j'ai de responsabilités, dit Arthur. Je ne vois pas comment cela va évaluer. Je vais forcément me faire licencier.
— Tu peux peut-être essayer de soumettre tes propres projets à la direction, répondit un autre invité.
— Impossible, tout est verrouillé. Il n'y a rien à faire.
— C'est peut-être le signe qu'il est temps pour toi de changer d'emploi, dit Tom.
— Impossible. Avec la conjoncture économique, je ne retrouverai jamais un si bon poste, répondit Arthur.
— Il n'a plus l'air si bon que cela, ton poste, dit Tom.
— En termes de salaire, si.
— Tant pis pour le salaire. Il vaut mieux un métier épanouissant et une paye moindre, plutôt que de t'ennuyer huit heures par jour pour ensuite dépenser bêtement son argent.
— Je te remercie, mais je fais ce que je veux de mon argent.
— Très bien, alors ta décision est prise, pourquoi tu te plains dans ce cas là ?
— Je ne me plains pas...j'explique simplement que... et puis pour commencer, pourquoi tu me parles comme ça ? Je n'ai rien demandé.
— Excuse-moi, j'essaye simplement de t'aider.
— Tu ne m'aides pas, tu es simplement blessant.
— De toute façon je n'ai pas eu le début de la conversation. Tu as sans doute raison de te plaindre.
— Arrête de dire que je me plains.
Il est temps de quitter cette conversation, pensa Tom. Il était pourtant de si bonne humeur en venant ici, pourquoi diable avait-il commencé à s'en prendre à ce pauvre Arthur. Ce n'était certainement pas le meilleur moyen de commencer la soirée. Mais, Tom était agacé d'entendre ses amis se plaindre toujours des mêmes problèmes sans jamais essayer de les résoudre. Il voyait les choses différemment, face à un problème, ou bien on apprenait à l'accepter, ou bien on l'esquivait, ou bien on le combattait. Mais se plaindre éternellement n'avait jamais été une option pour lui. Cela faisait perdre du temps et de l'énergie à tout le monde, à Arthur en premiers lieux, mais aussi aux pauvres otages qui étaient obligés de l'écouter se lamenter.
Comme il ne voulait pas tout à fait gâcher sa soirée, Tom s'excusa et prétexta qu'il devait aller aux toilettes. Sur le chemin du retour, il entama une discussion avec Suzanne, ce qui lui permit de ne plus avoir affaire avec Arthur. Mais tandis que Suzanne lui parlait, il se perdit dans ses propres pensées, hochant la tête pour faire bonne figure, mais échafaudant mentalement le plan de son prochain roman. Il venait d'avoir une nouvelle idée, et il avait hâte que la conversation se termine pour pouvoir la noter dans son carnet. Il se dit que le meilleur moyen que la conversation s'épuise d'elle-même c'était de ne pas la relancer. Il se contenta donc d'un oui et d'un je suis d'accord. Et une minute plus tard, il était sorti d'affaire. La soirée s'annonçait mal.
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L'invention
Mystery / ThrillerTom Epstein est journaliste. Un jour son patron l'envoie réaliser une interview du milliardaire Christian Park. Ce dernier lui fait essayer sa nouvelle invention révolutionnaire : un casque censé lutter contre la dépression. Mais à partir de là les...