Chapitre 14

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Ce matin-là, Tom arriva à l'heure au bureau, comme s'il ne s'était rien passé la veille. Il prit la décision de garder cet évènement pour lui, aussi il appela Jean et lui demanda d'être discret, il souhaitait choisir lui-même le moment où il s'en ouvrirait auprès son entourage. Hormis Jean, seuls Christian Park et Bernard Allié avaient eu vent de son attaque. Il appela donc au bureau de l'homme d'affaires, ce dernier était occupé, mais Tom laissa un message à sa secrétaire pour lui demander de garder cela secret, et il ajouta que l'expérience avec Prototype F était terminée pour lui. Il ne dit rien à ses parents non plus, et entama la première phase de son plan : il souhaitait en savoir plus sur son cerveau.

Je dois me procurer de l'Ayahuasca, pensa Tom ce soir-là en rentrant chez lui. Quelques années auparavant, il avait réalisé une enquête sur un important réseau de drogue. Il avait été amené à rencontre des dealers, et notamment un dénommé Ryan. Il croyait se souvenir qu'en plus des drogues récréatives ordinaires, cocaïne, mdma, speed ou kétamine, Ryan lui avait un jour parlé de l'Ayahuasca, cette drogue utilisée par les chamans d'Amazonie. À l'époque, il n'y avait pas prêté attention, mais il était aujourd'hui très intéressé par celle-ci. De l'avis de tous, c'était une drogue extrêmement puissante, certains appréciaient les trips existentiels qu'ils avaient éprouvés en en consommant, d'autres considéraient que c'était la pire chose qu'un être humain puisse vivre, et d'autres encore - selon des sources pas forcément fiables - en étaient morts. Le danger était réel, mais cela ne fit par reculer Tom. Il avait besoin de mieux comprendre ce qui lui était arrivé.

L'enquête de Tom devait traîner quelque part dans la mémoire de son ordinateur. Il fit une recherche sur Spotlight et tapa Ayahuasca, mais aucun résultat ne s'afficha. Rien d'étonnant à cela puisqu'il n'avait justement pas traité de cette drogue à l'époque. Il n'eut pas plus de chance en tapant Ryan dans la mesure où il n'avait pas utilisé le véritable prénom du dealer dans on article. Il chercha le mot cocaïne, trois résultats s'affichèrent, mais aucun d'eux ne renvoyait à son enquête. Puis, Tom se rappela qu'il avait changé d'ordinateur depuis son enquête et que ses recherches devaient figurer quelque part dans un des nombreux disques durs entassés dans son tiroir. La tâche s'annonçait longue et fastidieuse, il décida donc de procéder autrement. Il se leva de son bureau, ouvrit un placard dans lequel se trouvait un carton d'archives rempli de classeurs. Deux minutes plus tard, il trouvait ce qu'il cherchait, des photocopies indiquant les adresses des différents squats dans lesquels Ryan faisait son commerce.

Il y avait trois squats et à l'époque Tom n'en avait visité qu'un seul. Sans perdre de temps, il sortit de chez lui et marcha en direction de sa voiture. En chemin, il chercha sur son smartphone les trois adresses et créa l'itinéraire pour se rendre de l'un à l'autre le plus rapidement possible. Le premier squat se trouvait à un quart d'heure de chez lui. Il roula jusqu'à ce hangar délabré et recouvert de tags le long des quais, mais après avoir fait le tour du bâtiment, il constata que l'endroit était désert. Il connaissait bien le deuxième lieu puisque c'était là qu'il avait mené son enquête, à l'époque c'était un immeuble inachevé dans un quartier pauvre du nord de la ville, mais l'immeuble avait depuis été rasé et il ne restait plus qu'un gigantesque terrain vague. Le troisième squat ressemblait plutôt à un bidonville, des caravanes, des tantes, des braseros, des gens assis par terre. Tom ne se sentait pas rassuré en se dirigeant vers la première personne qu'il croisa.

— Bonjour, excusez-moi de vous déranger, je cherche Ryan, dit Tom.

— Je ne connais pas, répondit l'homme.

— Vous êtes sûr, je crois qu'il habite ici, ou en tout cas qu'il passe beaucoup de temps dans le coin.

— Non, ça ne me dit rien, désolé.

— Je sais que j'ai un look bizarre et que je peux éventuellement ressembler à un flic, un type de la mairie ou que sais-je encore, mais je vous assure que je ne suis pas là pour vous attirer des ennuis. Je connais Ryan, on s'est pas mal fréquenté il y a quelques années, et j'aimerais le revoir.

— Pourquoi vous voulez le voir ?

— J'aurai besoin de me procurer quelque chose.

— Quelque chose ?

— Oui, disons le genre de choses que Ryan vend.

— Je ne m'occupe pas de ces histoires-là. Au revoir.

— Attendez, voici ma carte. Si vous croisez Ryan, est-ce que vous voulez bien la lui donner ? Je vous demande juste ça et je m'en vais. Passez-lui la carte et dites-lui que j'ai besoin de le voir. S'il me rappelle tant mieux, sinon tant pis pour moi.

— On verra...

— Merci monsieur. Merci beaucoup. Et désolé pour le dérangement. Au revoir.


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