Chapitre 25

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— Il faut que je vous parle, dit Bernard Allié en frappant à la porte de Tom.

— Qu'est-ce que vous me voulez, répondit Tom en regardant à travers l'œil-de-bœuf.

— Vous aider.

— Je n'ai pas besoin d'aide.

— Je pense que si. Ouvrez-moi.

— Dites à votre patron que je ne céderai pas à la pression. Vous n'obtiendrez rien de moi.

— Je sais bien. Je ne suis pas venu pour lui mais pour vous, mais je ne peux pas hurler cela dans le couloir. Ouvrez la porte s'il vous plaît.

— OK, qu'est-ce que vous voulez ? dit Tom en ouvrant la porte.

— Je pense que vous courrez un grand danger.

— Non ? Vraiment ? Vous me surprenez. Et du coup qu'est-ce que vous faites là ?

— Je voulais vous encourager à ne pas rester chez vous. Au moins pendant quelque temps, en attendant de réfléchir à une meilleure option.

— Et pour aller où ?

— Là où Christian Park ne pensera jamais à vous chercher.

— C'est-à-dire ?

— Chez moi.

— Je pensais plutôt aller voir la police.

— Surtout pas, il a largement les moyens d'acheter la justice. En restant ici vous êtes trop exposé et si vous allez dans votre famille ou chez vos amis, ils vous retrouvera sans aucune difficulté. Il faut brouiller les pistes.

— Vous avez sans doute raison. D'accord, j'accepte votre aide, mais cela doit être temporaire. Et surtout, il faut qu'ensemble nous trouvions un moyen de l'empêcher de développer cet appareil dangereux. Vous êtes d'accord avec cela ?

— Vous pouvez compter sur moi.

Tom demanda à Bernard Allié de patienter dans le salon et sans perdre de temps il alla dans sa chambre, sortit un gros sac de sport de son armoire et le posa sur son lit, puis il prit différentes piles de linges et commença à remplir le sac, il prit ensuite son ordinateur, sa liseuse et les câbles pour recharger ces appareils électroniques, puis se rendit dans la salle de bain, mit sa brosse à dents à l'intérieur de sa trousse de toilette et le tout dans son sac de sport qui était maintenant plein, il parvint à le fermer non sans difficulté et le chargea sur ses épaules. Sans dire un seul mot, ils quittèrent l'appartement et allèrent jusqu'à la voiture, Tom ne dit rien durant tout le trajet et Bernard n'osa pas briser le silence. Une demi-heure plus tard, ils étaient arrivés.

C'était un pavillon de deux étages en pierre avec un toit pointu et deux cheminées. On était en plein jour, les volets étaient ouverts, mais l'intérieur était sombre, il y avait un escalier en bois sombre, des armoires en bois sombre et un parquet en bois sombre, sur chaque surface, tables, rebord de cheminée, étagères, il y avait un mélange d'ancien et de nouveau, des pièces d'antiquité s'emmêlaient les pieds dans des câbles d'ordinateurs, une borne domotique était accrochée au mur à côté d'une peinture représentant une chasse à courre et une horloge holographique projetait l'heure sur un paravent japonais. Il y avait de la poussière au sol et la maison sentait le renfermé.

Les sentiments de Tom étaient partagés, il était soulagé d'être loin de chez lui et de pouvoir éviter ainsi les menaces de Christian Park, mais il se sentait mal à l'aise dans cet endroit. Bernard lui indiqua une chambre à l'étage et le laissa s'installer, en laissant tomber son sac sur le sol, un souvenir ressurgit, Tom se rappela le jour où il avait emménagé chez Claire, comment il avait dû s'habituer à la décoration, à l'agencement des pièces et aux manies de sa petite amie, mais il se souvint aussi à quel point il était heureux ce jour-là, cet univers le fascinait, s'installer chez elle c'était comme l'épouser, c'était partager son intimité, créer un lien qu'il pensait à l'époque indestructible, il avait adoré cette maison qui était une extension de Claire, aussi en avait-il chéri chaque meuble, chaque couleur et chaque objet.

Tom sortit ses vêtements de son sac et les posa sur un coin du bureau, il mit sa trousse de toilette dans la salle de bain et posa son téléphone, sa liseuse et son ordinateur sur sa table de chevet, il brancha les trois chargeurs à une multiprise et demanda le code WiFi à Bernard. Il devait maintenant écrire un mail à Hervé pour lui expliquer qu'il ne viendrait pas au bureau les prochains jours mais qu'il travaillerait depuis chez lui, pour une raison obscure, peut-être par pudeur, peut-être par peur, peut-être par honte, il n'osa pas expliquer la véritable raison de cette absence, il ne révéla pas non plus où est-ce qu'il se trouvait réellement, mais chercha toutefois un prétexte valable pour légitimer son absence au bureau, il invoqua la pression liée à son dernier article et la volonté d'éviter la presse qui risquait de se montrer trop insistante et le perturber dans son travail. Une fois le mail envoyé, il se laissa tomber sur le lit les bras croisés derrière la tête et essaya de se détendre.

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