Chapitre 5

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Tom rentra chez lui plus tôt que prévu. C'était un studio situé au septième étage d'un immeuble en briques jaunes et rouges. Dans son appartement, tous les meubles étaient en bois et il y avait des plantes et des livres partout. Sur des planches fixées aux murs, on voyait s'aligner des centaines de romans. Ces ouvrages n'étaient pas classés par ordre alphabétique ou par nom d'auteur, Tom avait décidé de ranger les livres dans l'ordre où il les avait lus. Cet appartement-bibliothèque était donc une frise chronologique de sa mémoire de lecteur. Entre toutes ces tranches de livres, il y avait des plantes vertes, des bibelots souvenirs et des photos encadrées. Dans son salon il y avait un canapé pour recevoir, une table basse et un fauteuil en cuir confortable pour lire. Dans sa chambre il y avait un lit pour dormir.

En franchissant le seuil de la porte, Tom accrocha ses clefs à un clou enfoncé dans le mur, il retira son manteau et ôta ses chaussures qu'il laissa à l'entrée. Puis il commença à fixer les étagères de sa bibliothèque. Durant la soirée, il s'était remémoré un détail oublié depuis longtemps et il savait qu'il y avait quelque chose dans cette bibliothèque qui l'aiderait à y voir plus clair. Mais où était-ce ? Il posa son doigt sur la tranche de ses livres et le fit glisser lentement d'un bout d'une étagère à un autre. Il ne savait plus exactement ce qu'il cherchait, il ne savait plus non plus où cela était, mais il avait la vague sensation qu'il le trouverait dans l'une des étagères du couloir. Il s'adossa contre le mur et fixa les livres longuement. Soudain lui vint une idée. Il glissa sa main dans sa poche et sortit son téléphone.

— Allo maman, dit-il.

— Tom ? Tout va bien ? répondit Sarah, sa mère adoptive.

— Oui, pourquoi tu me demandes ça ?

— Il est presque une heure du matin et...

— Mince ! C'est vrai ! Désolé je n'ai pas fait attention. Excuse-moi, rendors-toi. Je te rappellerai demain.

— Ce n'est pas la peine, maintenant que je suis réveillée, dis-moi la raison de ton coup de fil.

— Ok, quand j'étais petit tu m'avais donné une boîte en fer qui avait appartenu à ma mère biologique, je croyais l'avoir ici quelque part chez moi, mais je m'aperçois qu'elle n'y est pas. Tu ne sais pas où est-ce qu'elle pourrait être.

— Si tu parles de la boîte bleue. Je me demande si elle n'est pas dans notre garage. Tu as laissé des tas de trucs ici après ton dernier déménagement et je crois bien que cette boîte fait partie du lot.

— Tu as raison. Maintenant que tu le dis, il me semble que je l'ai laissé chez vous. Je passerai voir ça demain, si ça ne vous dérange pas.

— Bien sûr que non. Mais pourquoi penses-tu à cette boîte subitement ?

— Je t'expliquerai demain. Allez, je ne te prends pas plus de temps. Je suis fatigué moi aussi. On se voit demain. Bisous à papa. Et désolé de vous avoir réveillé.

Lorsque Mathilda, la mère biologique de Tom, était morte, Sarah avait récupéré quelques-uns de ces objets. Elle avait tout rangé dans un carton, et chaque Noël elle offrait à Tom un objet qui avait appartenu à sa mère. Ils n'avaient pas beaucoup de valeurs, mais cela offrait l'occasion d'évoquer des souvenirs de Mathilda. Ainsi, durant les vingt premières années de sa vie, Tom se vit offrir un miroir, un foulard, un stylo, ou une paire de boucles d'oreille ayant appartenu à sa mère. La boîte bleue lui avait été offerte pour ses douze ans. Sarah ne savait rien de cette boîte, elle l'avait simplement trouvé dans les affaires de la défunte parmi toutes les autres.

Tom se sentait maintenant exténué. La journée avait été longue et décevante. La soirée s'était terminée plus tôt que prévu, il sentait qu'il ne s'était pas comporté comme il l'aurait dû et pour couronner le tout il avait appelé sa mère au milieu de la nuit, la faisant s'inquiéter pour rien. Pour être sûr de ne pas être en retard le lendemain matin, il installa d'ores et déjà son petit déjeuner sur la table à côté de la cuisine. Il sortit un set de table, un bol, une petite cuillère et un couteau. Il ouvrit également son armoire et déposa sur une chaise à côté de son lit une chemise, un pull, un pantalon propre, ainsi que des sous-vêtements. Il programma son réveil à 7h au lieu de 7h30. Avec toutes ces mesures, il espérait parvenir à être à l'heure au bureau le lendemain matin.

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