3. Le Garçon Intrigant

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Depuis que j'ai rencontré Jacob, on rentre tous les soirs ensemble. Nos conversations sont le plus souvent ennuyantes, mais on rigole bien quand on est tous les deux. Le courant passe vraiment bien entre nous. Avec le temps, je commence de plus en plus à croire que je l'aime bien, enfin, plus que bien. Mais ce garçon est inatteignable. Je sais que je perds mon temps avec lui, mais pourtant j'ai envie d'y croire. Notre relation est assez ambiguë. Des fois j'ai envie de tenter quelque chose, de lui demander de venir avec moi voir une film, ou d'aller au cinéma, mais je n'oserais jamais.
<< Dis-moi, Hannah, tu ne voudrais pas qu'on passe plus de temps ensemble ? Attention, je ne te demande pas de sortir avec moi, d'aller au ciné ou un truc du genre, mais juste passer chez moi, ou quoi ?
Ah...
- Je...je ne sais toujours pas où tu habites, Jacob.
- Viens, suis-moi !>>
On continua à marcher sur un petit chemin boueux qui mène vers la forêt. Je n'y suis jamais allée, mon père ne m'a jamais laissé. Maintenant que j'y pense, il a toujours été très protecteur envers moi. Je m'en veut un peu de l'avoir envahit brutalement et de le déranger. Mais à mon avis, il se sent mieux comme ça, il a de la compagnie au moins.

La maison de Jacob est encore plus petite que la mienne. Il vit seulement avec son père, un petit bonhomme aux cheveux blancs et qui a constamment l'air d'être énervé. Il m'a dit que sa mère est morte, tuée par une bête dans la forêt. Je remercie mon père de m'interdire d'y aller maintenant. Sa chambre est plutôt agréable, il y a un petit lit confortable, de jolis rideaux en soie, un beau tapis au sol... Je m'y sens plus chez moi que dans ma vraie maison.
<< Je sais, ce n'est pas top ici, ta maison est mieux.
- Si, c'est super. Mais tu n'es jamais venu chez moi, Jacob... Tu es vraiment étrange, j'ai l'impression que tu vis dans une autre dimension des fois.
- Ne cherche pas à comprendre. Dit-il avec son sourire le plus craquant.
- Je crois que ça fait longtemps que je ne cherche plus rien à comprendre à ton sujet. Tu es tellement...incompréhensible.
- Longtemps ? On ne se reparle que depuis une semaine.
- On se reparle ?
- Ah oui... Désolé.
J'ai besoin d'avoir des réponses à mes questions, et maintenant !
- Je ne comprends rien, tu parles toujours avec des sous-entendus, j'ai l'impression que tu te moques de moi !
- Ne crois surtout pas ça, c'est faux !
- J'ai juste l'impression que tu ne veut rien qu'on sache de toi. Tu sais tellement de choses sur moi, et je ne sais même pas comment.
- Tu auras bientôt des réponses, désolé de te faire attendre.
- J'ai juste envie de savoir, c'est tout.
Voyant la tristesse sur mon visage, il essaya de me consoler en m'enlacant. Il se mit soudain à trembler à nouveau et couru pour sortir dehors.
- Jacob ! Non, reviens ! ...s'il-te-plaît...
Je courus pour le suivre, mais il n'était déjà plus là. Je ne comprends rien de ce garçon, c'est horrible d'avoir tant de questions sans réponses. Son père se rapprocha de moi.
- Pars, Hannah, il ne reviendra pas.
- Mais où est-il parti ? Pourquoi fait-il ça à chaque fois ?
- À bientôt. >>
À présent, je me demande qui est le plus étrange ? Le père ou le fils ? Je rentre chez moi lentement, essayant de comprendre.

<< Papa ? Dis-je en passant le pas de la porte.
- Oui ?
- Tu es levé ?
- J'ai décidé de faire des efforts maintenant que tu es revenue.
- Ah, c'est cool, merci.
- Dis-moi, il est 18h45, tu es sensée rentrer au plus tard à 18h20. Où étais-tu ?
- Chez Jacob, un garçon...
- Je vois très bien qui est Jacob. Ça ne me plaît pas trop que tu traînes avec ce gars. Il est...spécial, tu sais...
- Oui, je sais, mais ne t'inquiète pas, c'est juste un ami.
- Encore heureux ! Mais qu'est-ce que tu sais à son sujet ?
- Rien du tout. Je ne comprends rien et il ne me dit rien.
- Et il est bizarre des fois, non ?
- Oui, totalement. Mais tu le connais ?
- Oui, je connais bien son père. Mais disons qu'on ne s'aime pas tant que ça.
- Ah oui ? Il est bizarre lui aussi.
- Bon, changeons de sujet. Ce soir on va au restaurant, à 20h, je t'emmène.
- Tu ne sais toujours pas faire la cuisine j'imagine... Mais c'est cool, merci. >>
Je l'embrasse sur la joue et pars dans ma chambre. Je vide mon sac et, en rangeant mes cahiers, je trouve un papier soigneusement plié dans mon cahier de maths, le seul cours dans lequel je suis à côté de Jacob. Je n'ai même pas besoin de l'ouvrir pour savoir que c'est de lui. Je le regarde et vois écrit : ''Je te déconseille fortement de venir en cours demain, encore une fois ne réfléchis pas, agis. Je sais que tu n'aime pas que je te dise ça. Je t'expliquerais jeudi. À plus. Le garçon intrigant.'' Comment connait-il ce surnom ? Pourquoi ne me l'a-t-il pas dit en face ? Pourquoi dois-je sécher les cours ? Je n'en peux plus de toutes ces questions. Je vais finir par craquer. Je ferme la porte de ma chambre, m'allonge sur mon lit, met ma tête sous mon coussin et pleure. Je ne sais même pas pourquoi, certainement à cause de l'énervement ou de la douleur de savoir que Jacob ne sera jamais à moi. En y réfléchissant, je me dis que je l'aime, mais je n'en suis pas encore sûre. Est-ce que je pourrais aimer un garçon qui me fait souffrir ? Je n'ai jamais aimé personne, pourquoi lui ? En même tant, c'est toujours mieux que Josh. Je trouve ça bizarre qu'il ne m'ait pas parlé, ni qu'il se soit moqué de moi en public depuis l'épisode du rugby. Peut-être s'est-il calmé, ou alors il se prépare pour une nouvelle blague.

Le menu est incroyable, le restaurant est incroyable ! Je ne pensais pas que mon père était assez riche pour nous amener dans un restaurant aussi chic. Enfin, ce n'est pas un Georges Blanc, mais c'est tellement mieux que lorsqu'on allait tous les vendredi soirs au McDonald's. Je décide de prendre la spécialité : des pâtes au pesto. Mon père, lui, prend des cuisses de grenouilles. Cela fait au moins vingt minutes que l'on attend notre plat, le restaurant est remplit. Pourtant, on est mardi. Je m'ennuie et envoie quelques messages à mes anciennes amies. On ne parle plus trop depuis que je suis ici. Maintenant, je fais partie du groupe de Melilla, Sophie et Cassandre. J'attends cinq minutes, mais pas de réponses. M'ont-elles oubliée ? Je regarde les gens manger, je regarde par la fenêtre... Je vois une ombre bouger derrière un buisson. Il fait noir dehors, mais avec la lumière du restaurant on y voit plus ou moins. Une ombre m'intrigue, au début on aurait dit un monstre, mais maintenant on dirait vraiment un humain. Qui se cacherait dans un buisson à côté d'un restaurant à cette heure-ci ? Peut-être un SDF ou un tueur en série recherché par la police. Je commence à imaginer un serial killer arriver dans le resto et le braquer. Cela me paraît surréaliste. Le buisson bouge de moins en moins. La chose à dû partir. Et cette chose c'est...Jacob ?! Il s'approche de la vitre et me fait signe de venir. Mon père lit la carte des vins et ne le voit pas arriver.
<< Je vais au toilettes, j'en ai pour un moment. Je reviens.
- Hum...
Il n'en a clairement rien à faire. Je vais pouvoir prendre mon temps. Je cours dehors et arrive vers le buisson en question, mais Jacob n'est pas là. Il n'est pas encore parti j'espère ? Un autre buisson se met à bouger. Il est là, trempé, car il pleut, et torse nu. Son corps est aussi beau que son visage. Ses abdos sont parfaitement tracés. J'ai envie de les toucher mais je me retiens. Ses cheveux mouillés retombent sur son front, je trouve ça tellement mignon.
- Tu es malade d'être ici, il pleut, tu va attraper froid !
- Je n'ai jamais froid. Regarde, touche-moi.
Je saisis son poignet, choquée par la température de son corps, beaucoup trop élevée pour un humain. Je remonte jusqu'à ses épaules en le tapotant. Il se remet à trembler, ferme les yeux pendant quelques secondes et se calme. Je le fixe et il fait de même. Je plonge mon regard dans ses yeux, je ne m'habituerais jamais à les regarder tant ils sont beaux. On reste comme ça, sous la pluie, pendant un instant, puis on se met à l'abri.
- Pourquoi tu trembles quand je te touche ?
- Tu ne devrais pas plutôt te demander pourquoi je suis aussi chaud ?
- Il y a tellement de questions auxquelles je voudrais des réponses.
- Je suis si intrigant que ça ?
- Oh que oui...
- Je sais que ça te fais souffrir, que je te fais souffrir, j'en suis désolé.
- Mais parle-moi, dit les moi ces choses que je veux savoir, Jacob ! J'ai besoin de savoir !
- J'ai besoin de te les dire, mais je ne peux pas. Excuse-moi.
- Quand est-ce que tu me dira tout ?
- Tu n'est pas prête à l'entendre.
- Si, je t'assure.
- Rentre maintenant.
- Pourquoi tu es venu ?
- Tu as lu mon papier ?
- Oui, mais...
- Écoute-moi, si tu viens demain tu ne voudras plus jamais me voir, tu sera dégoutée de moi. Alors reste chez toi. Fais croire que tu es malade.
- Mais que va-t-il se passer demain ?
- Si tu veux, on pourra se voir demain après-midi ? Tu me rejoins chez moi à 13h30, ok ?
- Attends...
Il est parti, encore une fois. Je rentre et retourne à la table.
- Tu es sûre que tu étais au toilettes ? Tu as les cheveux trempés.
- Euh, oui...j'ai juste...ouvert le robinet trop fort et l'eau a giclée de partout. J'ai eu tout juste le temps sécher mes habits.
- Mouais... Allez, mange maintenant que les plats sont là. >>
Je regarde par la fenêtre au cas où il reviendrait, mais non. Encore une fois, il m'abandonne.

La Fille Qui Courrait Après Les LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant