Une sensation de brûlure intense dans mon estomac, l'impression d'avoir le crâne qui gonfle, de longues sueurs le long de mon corps. J'ai du mal à savoir ce qu'il m'arrive et à me rappeler la soirée d'hier soir. Je ne me souviens de rien, si ce n'est le fait que je me suis embrouillée avec mon père et qu'ensuite, avec les filles, nous sommes allées chez Maxence. Ensuite, c'est le trou noir. À voir l'état dans lequel je suis, je n'ai pas trop de mal à comprendre que la soirée était bien arrosée. Je veux en savoir plus, j'ai besoin de savoir ce qu'il s'est passé et où je suis actuellement. J'ouvre les yeux, ce qui me prend bien quelques longues secondes. La lumière du jour m'éblouit. Je ne suis pas dans ma chambre et la journée est déjà bien entamée. Ce sont les seules conclusions que j'arrive à tirer pour l'instant. J'essaie de bouger et remarque que je suis dans un lit qui ne m'est pas inconnu. Je tâte les draps, les sens, mon odorat étant sûrement le seul de mes sens qui doit encore fonctionner. Je reconnais l'odeur, je suis dans sa cabane. Prise de panique, je me lève du lit en vitesse. Je m'emmêle dans les draps et tombe, la tête face au sol. Le choc crée une décharge dans tout mon corps, je suis comme paralysée. Immédiatement, des mains viennent se poser sur mes épaules et m'aident à me relever. Je suis trop fatiguée pour ouvrir les yeux, mais je sais très bien qui est toujours là pour moi.
Comme si un réveil n'était pas assez douloureux, mes yeux s'ouvrent pour la seconde fois. Je comprend alors que je me suis rendormie après ma chute du lit. Je ne me sens pas spécialement mieux, juste plus reposée. J'arrive à voir à peu près, et cherche mon sauveur du regard. Il n'est pas là. J'essaie de simplement me redresser pour commencer. À peine je bouge la tête, qu'une douleur aiguë la traverse. Je ne sais pas si c'est du à l'alcool ou à la chute, mais c'est terrible. Une fois assise dans le lit, tenant ma tête entre mes mains, j'entends, malgré des acouphènes, des bruits de pas se rapprocher de moi. Je n'ose pas regarder, je ne veux pas croiser son regard. Je ne bouge pas d'un centimètre et attends. Les pas cessent, je sais qu'il est à présent près de moi. Je l'entend respirer, je n'arrive pas à en déduire son humeur. Aucun de nous deux ne bouge, j'ai peur de lui, de ce qu'il va me dire. Il est assis sur une chaise, je l'entends craquer sous son poids. Je sais que c'est lui, ça ne peut être que lui.
<< Hannah...
Entendre sa voix me fait immédiatement pleurer, c'est devenu un réflexe avec le temps. Je le fait souffrir, il me fait souffrir. On n'a clairement rien à faire ensemble.
- S'il te plaît, on doit parler...
Non, pas maintenant, je ne peux pas. Je n'ai ni l'envie ni les capacités pour. J'ai besoin d'une centaine d'heures de sommeil pour tuer la douleur. Je ne sais même pas si j'arriverais à articuler suffisamment pour lui parler.
- Il...il t'est arrivé quelque chose hier soir...
Par pur réflexe, je me tends et tourne la tête vers lui. Il avait l'air autant mal en point que moi. Il n'était pas coiffé, à moitié endormi sur sa chaise, avec d'énorme cernes sous les yeux. Ils brillaient comme ils ne l'avaient jamais fait auparavant. Je suis prête à parier qu'il a pleuré, mais je ne l'ai jamais vu faire auparavant. Il a dû arriver quelque chose de grave.
- Jacob...
J'avais eu plus ou moins du mal à sortir son prénom du fond de ma gorge, mais c'était plus facile que ce à quoi je m'attendais. Il cherchait ses mots, ne sachant pas vraiment quoi me dire et comment le dire. Je savais que ce qu'il allait m'annoncer allait encore me blesser, mais je n'en suis plus à une cicatrice près.
- J...je n'arrive pas à te le dire... C'est trop dur...
Il prit son visage dans ses mains pour cacher sa honte. Il n'aimait pas montrer ses faiblesses.
- Qu'est ce qu'il s'est passé, Jacob ?
J'avais a présent besoin de la savoir, je m'imaginais les pires scenarios dans ma tête, tout était chamboulé. Lorsqu'il releva la tête, ce n'était plus un visage triste qu'il affichait, mais plutôt un visage en colère. J'avais plus peur que jamais. J'essayai de lui prendre la main pour l'apaiser, mais me dis que c'était une très mauvaise idée et renonçai.
- Hier, j'ai...
- Tu étais à la soirée ?
- Non...
Je ne l'avais jamais vu comme ça. Je ne comprenais rien à ce qu'il se passait et étais juste spectatrice de l'horrible spectacle que me jouait Jacob.
- Hier soir, tu...tu m'as appelé complètement bourrée, et en regardant ta localisation, j'ai compris que tu m'avais menti et que tu étais chez Maxence. Je n'ai pas immédiatement compris pourquoi, mais j'étais déboussolé de savoir que notre couple allait si mal, que tu ne cessais de me mentir.
Moi-même je ne savais pas pourquoi je faisais ça, plus rien n'allait chez moi.
- Je suis donc venu te chercher. Lorsque je suis entré dans la maison, tout le monde était dans un sale état, et la seule personne que je reconnus était Sophie. Je t'ai cherché dans toute la maison et...
Je ne savais même pas à quoi m'attendre, j'avais peur et Jacob n'arrangeait rien. Il n'arrivait plus à parler et tourna la tête vers l'extérieur de la cabane.
- S'il te plaît Jacob, dis-moi...
- Je t'y verrais bien, toi !
Je ne pouvais plus retenir les larmes couler le long de mes joues. Je ne savais pas ce qui était le plus douloureux entre la façon dont était Jacob où l'histoire qu'il était en train de me raconter.
- Quand je t'ai trouvée tu étais à l'étage, dans une chambre...
Il perdait sa voix petit à petit, je n'arrivais pas à me concentrer sur ses paroles.
- Tu ne peux pas arrêter ta phrase à ce moment là, s'il te plaît...
Je l'énervais encore plus, mais la peur de savoir ce qu'il s'était passé justifiait mes moyens.
- Tu étais avec un mec, voilà tout ! Vous vous embrassiez, toi a moitié endormie et pas du tout consentante, et lui en train de te déshabiller et prêt à coucher avec toi ! Voilà ce qu'il s'est passé quand tu as décidé d'aller à cette putain de soirée en me mentant, Hannah !
Ça fit comme une décharge dans mon corps. Tout s'arrêta de fonctionner, je ne m'entendais plus respirer. Ses mots raisonnaient dans ma tête et tournaient en rond dans mes pensées. Je n'avais pas tout à fait compris ce qu'il avait dit, mais ça avait suffit pour me faire savoir que j'avais merdé.
- Je... Je t'ai trompé ?
Il soupira et lâcha un petit rire nerveux déplacé.
- Non, Hannah, non... Je ne crois pas que ce soit de ta faute...
J'avais du mal à avaler ses paroles, mais cette fois j'avais compris. Je n'avais pas trompé Jacob, je suis tombée dans les bras d'un type qui s'est servi de moi pendant que j'étais bourrée.
- Je ne sais pas comment tu t'es retrouvée dans cet état, mais je n'ose même pas imaginer ce qu'il serait arrivé si je n'étais pas arrivé à temps...
Moi non plus, je ne veux pas essayer d'imaginer. Je savais qu'aller à cette fête était une très mauvaise idée, mais de là à ce qu'il m'arrive cela...
- Si j'avais pu, j'aurais tué ce mec sur le champ. Mais il m'a fait comprendre quelque chose ce soir... Même si ce n'est peut-être pas entièrement la cas, tout est de ma faute. Je savais bien que tu me mentais, et je n'étais même pas au courant de cette fête, pourtant j'aurais dû t'empêcher d'y aller. Lorsqu'on s'est parlé, j'aurais dû te retenir et t'empêcher de partir, mais je n'avais plus la force de te suivre...
- Mais Jacob, c'est ma faute ! Je suis la pire copine que tu puisse rêver d'avoir, tu n'as plus rien à faire avec moi. Je ne t'apporte que du malheur, tu mérites tellement mieux...
Il prit ma main et la serra fort dans la sienne. Je ne sais pas ce qui le motive à rester avec moi, j'ai l'impression que je le tue à petit feu...
- Même si tu étais la pire, tout chez toi me pousserait à t'aimer. Et malgré ça, sache que je t'aime.
Il passa sa main sur mes joue et essuya mes larmes. Je ne le mérite pas. J'aimerais lui répondre que moi aussi je l'aime, mais j'ai peur de ne pas en être sûre. Et ça me fait peur, d'être aimée si fort.
- Merci...
- Tu n'as pas à me remercier d'être là pour toi, je le serais toujours. Et je sais que tu ne pourras jamais m'aimer autant que je t'aime. Alors si tu ne comprends pas, c'est normal.
Il passa sa main dans mes cheveux. Il n'attendait aucune réponse de ma part, il lisait tout dans mes yeux. Il sait tout de moi, je ne peux rien lui cacher.
- Alors cette nuit, j'ai bien réfléchi. Je veux que tu reconsidères cette idée qu'on avait de partir tous les deux.
J'avais complètement oublié ça. Je ne sais pas du tout si j'en ai envie, mais je sais que j'en ai besoin.
- Et pour aller où ?
- J'ai déjà tout prévu. On irait, rien que toi et moi, en Alaska. Cet état est réputée pour y contenir de nombreux loups sans meutes qui se foutent royalement des règles du Conseil. On partirait en avion, ce soir.
- Ce soir ?!
C'est beaucoup trop tôt pour que je trouve le temps d'annoncer ça a mon père et que je fasse mes valises.
- Oui, plus tôt on partira, plus vite on guérira. Forks nous empoisonne ! Nouveau départ dit toujours nouvelle vie. On pourrait tout oublier, tout recommencer.
Il avait l'air si enthousiaste, et si amoureux... Je voudrais vraiment partir, mais je ne sais pas si c'est avec lui que je le souhaiterais.
- Qu'est ce que tu en penses ? Ça pourrait être incroyable, tu ne trouves pas ?
De toutes façon, je ne me laisserais pas mourir ici, je dois aller de l'avant. J'aime Jacob, et pour lui, je le ferais.
- C'est d'accord. Mais mon père...?
Loin de moi l'idée de vouloir l'emmener, c'est plutôt que je me vois mal l'abandonner une deuxième fois.
- Tu ne dois pas lui laisser le choix !
Il se leva de son siège d'un bon et me tira le bras pour que je me lève aussi. Je ne marchais pas droit, mais je tenais debout, c'était le principal.
- On va faire tes valises, maintenant ! Je vais venir avec toi, on va lui faire comprendre que tu es bientôt majeure et que tu peux vivre sans lui.
- Il ne me laissera pas partir...
- On n'a pas besoin de sa bénédiction, Hannah. Je l'ai toujours défendu, car c'est un bon homme, mais aujourd'hui, je veux me concentrer sur nous, et c'est tout. >>
Bêtement, il me faisait sourire. Sa motivation était contagieuse, et à présent, il était tout ce dont j'avais envie. Je voulais partir sur le champ, loin de tout et des problèmes. Rien qu'avec lui, lui et moi, seuls en Alaska.
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La Fille Qui Courrait Après Les Loups
Werewolf- Tu es prête, Hannah ? C'est sûr ? Je n'ai jamais été aussi prête. - Oui, je t'assure. - Tu me promets de ne pas fuir ? - Ne t'inquiète pas, Jacob. Il pose ses mains sur mes joues, s'approche de moi et m'embrasse. Je n'avais jamais embrassé quelqu...