Aujourd'hui, on est mercredi, et je sais ce que ça signifie : ne pas aller en cours et faire semblant d'être malade. Ce n'est pas vraiment compliqué pour moi, j'ai fait ça au moins une fois par semaine l'année dernière. Mon année de première était horrible, et encore, le mot est faible. Malheureusement, mon père s'en est rendu compte au bout d'un moment, j'ai peur que ducoup ça ne passe plus. J'hésite à envoyer un message à Jacob pour le prévenir que ça va être dur, mais je me rappelle que je n'ai pas son numéro de téléphone. Je me lève un peu plus tôt aujourd'hui pour avoir le temps de préparer mon coup, bien que je ne comprends toujours pas pourquoi je dois faire ça. Je vais à la salle de bain et essaie de traficoter mon visage pour paraître malade. Ma technique était de prendre du désinfectant et d'en mettre dans mes yeux. Oui, ça fait terriblement mal, et pendant quelques secondes je ne vois plus rien, mais ça me rend les yeux rouges, on pourrait croire que je n'ai pas dormi de la nuit. Avec un rouge à lèvres que j'estompe, je crée des sortes de rougeurs sur tout mon visage. Et dernière technique, je saisis un thermomètre et le pose un moment sur le radiateur histoire de faire augmenter la température, mon père croira que c'est la mienne. 42°C ! Oula, non, là c'est trop. Mon père va vouloir m'emmener chez le médecin. Je vais le laisser refroidir un peu. 40°C. Ouais, ça passe... En y réfléchissant, mon père va se réveiller vers 10h, j'ai encore environ 3h30. Je décide d'aller déjeuner. Maintenant, il y a à manger ici : céréales, barres de céréales, chocolat, tartines, brioches, lait... Je saisis un bol, verse du lait dedans, ajoute des céréales, puis je vais manger sur le canapé. J'allume la télé et regarde les dessins animés sur la dix-huit, Gulli. J'ai regardé ces dessins animés toute mon enfance, mais cela fait bien longtemps que je n'en regarde plus. À vrai dire, je trouve ça ridicule maintenant, et je change la chaîne. Plus rien ne m'intéresse sur cette télé. Je zap et regarde un peu les informations locales. ''Hier soir, dans les alentours de 22h, la police municipale a retrouvé un cadavre vieux d'au moins dix jours dans la forêt de Forks. La victime aurait probablement été tuée par un ours, on observe des morsures et des griffures sur tout le corps'' Mon père arrive derrière moi et coupe la télé.
<< Tu comprends pourquoi la forêt t'est interdite maintenant ? C'est toujours d'actualité, je t'assure.
Je me met à tousser bruyamment, mon père étant arrivé trop tôt, la moitié de mon plan est gâchée. Je tente le tout pour le tout.
- Tu es malade ? Tu as de la fièvre ? Attends, laisse-moi toucher ton front.
- Non, j'ai pris ma température. 40°C c'est beaucoup ?
- Oui, c'est pas mal quand même... Tu veux voir un médecin ?
- Non, je...je peux aller en cours quand même ?
- Je ne sais pas... Reste ici pour te reposer, non ?
- Oui, merci...
Finalement, c'était plus facile que je ne le pensais. J'ai presque envie de dire que mon père est stupide.
- Aujourd'hui, je vais sortir. Ça fait au moins trois semaines que je suis enfermé ici. Tu gardes la maison ?
- Où est-ce-que tu vas ?
- Sur le chantier, ça fait longtemps que je suis en congés, quand même... Il faut bien reprendre le travail.
- C'est bien de te reprendre en main. >>La matinée est passée vite. Mon père est au travail alors j'en profite pour passer ma journée à me faire belle : masques de beauté, maquillage, coiffure... Ce n'est pas spécialement pour Jacob, c'est juste que ça fait longtemps que je ne me suis pas consacrée à moi-même. Il est déjà 13h. Il me reste environ dix minutes pour me préparer et je file chez Jacob. J'ai hâte de savoir ce qu'il s'est passé, enfin, j'ai surtout peur. Je pars de chez moi en avance. Je ferme la porte et met la clef sous le paillasson. Je vais dans le garage récupérer mon vélo et pars. J'arrive chez lui en avance, il n'est toujours pas là, alors que les cours du mercredi finissent à 12h. Je pars en direction du lycée, au cas où je le croiserais sur la route. En effet, il est là bas. Il sort tout juste du bâtiment. Dès qu'il me voit, il baisse les yeux et marche plus lentement. Il à l'air de vouloir éviter l'affrontement, mais il me semble qu'il à déjà eu lieu. Son t-shirt est déchiré, ses cheveux sont en bataille... J'ai vraiment peur de l'approcher.
<< Salut Jacob... Tu...qu'est-ce que tu as ?
- Ne m'approche pas !
- Attend, qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Je te dis de me laisser, tu vas le regretter.
- Ok... Dis-moi juste...
- Viens, on rentre. Désolé d'être en retard.
- Pas grave. Ça va ?
- Moi oui, mais l'autre pas vraiment. Je n'ai pas su me contrôler.
- Qui ça ? Tu t'es battu ?
- Ça te dit qu'on en parle après. Je suis encore énervé, je risque de péter les plombs, et je t'assure que tu n'aimerais pas être dans les parages à ce moment là.
- Je n'ai pas peur de toi, tu sais.
- Pas encore. J'ai peur que...tu me renie après ça.
- Après quoi ?
- J'ai un secret, un secret que je ne peux pas révéler. C'est ce secret qui me fait agir ou parler bizarrement. Quand tu le découvrira, tu comprendra tout, promis. Pour l'instant, essaie de faire comme si tout était normal.
- Mais tu peux me donner des indices ? Par exemple, imaginons que tu t'énerves vraiment beaucoup, que se passerait-il ? Et si je le découvre ?
- Ne prend pas peur, mais... Si je m'énerve...je suis incontrôlable, et je pourrais...tuer...
- À ce point !?
- Pour l'instant, ça peut te paraître irréaliste, mais c'est vrai. J'attends tes hypothèses.
- Pour moi tu n'es pas humain. Ta chaleur, ta façon d'être... Tout te trahit.
- Et si c'était vrai ? Comment tu réagirais ?
- Je...je ferais avec.
- Je ne pense pas.
La conversation continua jusqu'à qu'on rentre sur le même ton : moi hésitante, perturbée et lui énervé, sûr de lui. En arrivant, son père n'est pas là, il doit certainement travailler lui aussi. On s'installe dans sa chambre, moi sur son lit et lui sur sa chaise de bureau.
- C'est bon ? On peut parler maintenant ?
- Ok, mais ne m'interrompt pas. Je te raconte tout et tu ne parles pas jusqu'à que j'ai fini.
- Ok, vas-y.
- Tu te rappelle de la séance de sport de lundi ? Pas lundi dernier, celui-là. En soit il ne s'est rien passé, mais dans vos vestiaires à vous les filles, il y a une fenêtre tout en haut pour aérer. Eh bien...il se trouve que Josh...
- C'est avec lui que tu t'es battu ?
- Laisse-moi finir ! Je disais...avec certains de ses potes, certainement Cédric et Nikola, ou alors Maxime... Bref. Ils ont escaladé le mur et ont pris des photos...tu vois de quelles sortes de photos je parle ?
Je vois très bien de quoi il parle, mais je fais semblant de ne pas comprendre, de ne pas le croire.
- Tu sais des photos où...vous n'êtes pas très couvertes. Sur ses photos, il y a Melilla, Cassandre, Lila, Chloé et...toi. Bon, on voit pas trop, mais par principe ça ne se fait pas. Je le sais car il me les a montrés.
Je l'imagine en train de regarder une photo de moi en sous-vêtements, c'est horrible ! Il a dû voir mon ventre tout plat, mes côtés qui ressortent, mes seins inexistants... Quelle image doit-il avoir de moi maintenant ?
- Mardi soir je suis sorti pour prendre l'air en ville. Je l'ai croisé avec sa bande de potes. Vu qu'ils savent que l'on est...assez proches, il me les a montrés. Bien sûr, pas par intérêt pour moi, juste pour se moquer. Il m'a menacé de les publier sur internet. J'étais à deux doigts de lui en foutre une, mais je me suis retenu. J'ai préféré attendre aujourd'hui, je l'ai pris à part, sans ses potes, à la sortie, et...disons que je...l'ai...amoché, pour ne pas entrer dans les détails. Ça peut paraître stupide mais...un peu plus et mon secret était révélé, et je ne voulais pas que tu le vois, pas maintenant.
- Je ne vois pas en quoi ton secret...
- C'est particulier, en cas de grande émotion, comme un énervement, une grande tristesse, je me...non je... Tu as compris, je ne me contrôle pas.
- Non, je ne comprends pas...
- Alors ne cherche pas à comprendre. Donc voilà, je suis sorti plus tard car, évidemment, un élève a vu la scène et est allé prévenir le principal. Bilan final : Josh est à l'hôpital, je suis viré de cours deux jours, et lui un.
- Je...je t'avoue que ça me surprend... Les photos sont effacées ? Tu es sûr qu'il n'y a pas un de ses potes qui les a en double ?
- Je n'en sais rien, mais si c'est le cas, je ne me dérangerais pas pour les redresser aussi.
- Je...ne t'en pensais pas capable...
- ...je ne veut pas qu'il t'arrive la même chose, que je m'emporte contre toi...
- Mais pourquoi tu t'énerverais contre moi ?
- Je t'ai dit que ce n'est pas qu'à cause de l'énervement... Je sais que tu doit te demander quel putain de secret m'empêche de vivre normalement, mais...j'ai peur de te le dire... Tu n'es pas prête.
- Je crois que j'ai peur de le découvrir...
Il se rapprocha de moi, saisi ma main et me fixa dans les yeux.
- Je pense que tu es plus spéciale que tu ne le crois. Tu as quelque chose de plus que toutes ces filles.
Cette fois, il ne se mit pas à trembler, il su se contrôler. Je mit ma tête contre son épaule. On resta comme ça un bon moment jusqu'à qu'on entende la porte d'entrée s'ouvrir. C'était sûrement son père. Il me repoussa d'un coup et couru fermer celle de sa chambre à clef.
- Mon père n'aimerait pas nous voir comme ça. Tu sais que nos pères ne s'aiment pas ?
- Oui, mon père ne veut pas que je sois trop souvent avec toi.
- Mon père non plus.
- Qu'est-ce que tu vas lui dire ?
- Je dirais qu'on faisait nos devoirs, un devoir de maths sur...les fonctions.
- D'accord.
On se mit à rire tous les deux, à croire que ce qu'il venait de me dire n'avait aucun impact sur moi. C'est faux, intérieurement je suis en panique. Mais extérieurement je suis avec lui, alors ça va mieux. Rien n'était drôle dans cette situation, mais on rigolait. Puis, on se tut d'un coup en se rappelant que son père était là. Il frappa à la porte.
- Jacob ? Avec qui es-tu ?
- Avec Hannah, on fait des devoirs de maths.
On se remit à rire silencieusement.
- Tu pourrais me prévenir quand tu ramène quelqu'un. Ouvre cette porte !
Je me dépêcha de sortir des feuille et des cahier pour paraître plus crédible. Jacob alla ouvrir la porte.
- Bonjour, monsieur Black.
- Bonjour, Hannah. Vous travaillez, donc ?
- On a un devoir de maths sur les fonctions.
- Mais vous n'êtes pas obligés de le faire à deux, si ?
- On a voulu s'entraider, Jacob a du mal avec les maths.
Il part en laissant la porte ouverte, comme pour nous surveiller à distance. Jacob partit dans un fou rire incompréhensible, mais emportée par son rire, je le suis.
- Je crois qu'on va sortir, on ne pourra rien faire ici. Dit-il en se calmant d'un coup.
- Oui, ton père n'a pas l'air ravi de ma présence.
- Il va falloir t'y habituer. >>
Je lâche un petit rire nerveux. Ce n'est pas parce que nos père ne s'entendent pas qu'on doit faire de même.
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La Fille Qui Courrait Après Les Loups
Werewolf- Tu es prête, Hannah ? C'est sûr ? Je n'ai jamais été aussi prête. - Oui, je t'assure. - Tu me promets de ne pas fuir ? - Ne t'inquiète pas, Jacob. Il pose ses mains sur mes joues, s'approche de moi et m'embrasse. Je n'avais jamais embrassé quelqu...