18. La Fugue

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<< Viens, je connais un endroit pour que tu te laves.
Est-ce qu'il insinuait que je sentais mauvais, ou que j'avais les cheveux gras ?
- Ah oui ? Et où ça ?
Il eu un petit sourire en coin.
- Tu connais mal la forêt.
- Pourquoi ? Y aurait-il une piscine secrète cachée dans ta forêt ?
Ma réflexion stupide le fit rire.
- Non, mais il y a une rivière, et je te rappelle que je fais plus de 50°. Fais le rapprochement.
- Ok, je te suis.
Je sortis du lit et tomba ridiculement. L'épisode d'hier soir m'a encore affaiblie.
- Oula, ne bouge pas.
Il se pencha et me releva. Il me saisit ensuite les hanches et me fit basculer pour que je tienne à peu près allongée dans ses bras. Je passa mes bras autour de son cou et le regarda avec insistance.
- Merci. >>
Me laisser plonger mes yeux dans les siens était la plus belle chose qu'il pouvait m'offrir, après son amour.

Il m'amena jusqu'à un petit endroit au fond de la forêt. Il y avait un gros rocher en forme de demi-cercle et au centre, une sorte de grosse flaque d'eau. C'était en fait un petit trou assez profond où l'on pouvait à peine rentrer à deux. L'endroit était magnifique, il y avait des fleurs tout autour et sur le rocher, des buissons, et surtout, l'endroit était retiré du reste du monde, c'était le plus important.
<< C'est ça pour toi une rivière ?
- Non. Pouffa-t-il. Là c'est une partie un peu spéciale. Si tu te penche un peu, tu peux voir que le trou est assez profond, le reste de la rivière se situe sous terre. Nous sommes un peu plus en altitude ici.
Il me reposa au sol tout en me tenant pour que j'évite de tomber.
- Et c'est ici que je suis sensée me laver ?
- Disons que oui. À moins que tu comptes rentrer chez toi ?
- Non, sûrement pas !
- Mais tu vas bien rentrer ce soir ?
Je ne lui avait pas encore dit pourquoi j'étais là...
- Euh... Je t'expliquerais tout à l'heure, ok ?
- Hum...
Je sais qu'il n'aime pas que je lui cache des choses...
- Tu avais déjà autre chose à m'expliquer...
- Ah bon ? Quoi ?
- On en parlera après.
...et il sait que je n'aime pas non plus qu'il me cache des choses. Il retira son t-shirt et son short et entra dans le "bain'' en caleçon. Je vis l'eau faire immédiatement des bulles dès qu'il la toucha. J'avais hâte d'y aller à mon tour, mais je doute qu'il y ait de la place pour nous deux.
- Je n'ose pas imaginer toutes les dizaines d'animaux qui ont du pisser dedans.
- Mais non... Des centaines, pas des dizaines !
- Ce n'est pas drôle. Dis-je en riant.
C'était contradictoire et assez ironique.
- Bon, tu viens ?
- Il y a assez de place pour moi ?
- Mais bien sûr que oui, puis au pire je te laisse ma place.
- Non, c'est bon, j'arrive.
J'enlevais mon pull, mes chaussures et mon jean et le rejoins. Je n'avais aucune honte à être en sous-vêtements face à lui, au contraire. À peine je touchai l'eau que un frisson traversa mon corps de mon pied jusqu'à ma tête.
- Waouh, c'est brûlant !
Il prit ma main et m'aida à descendre. Le bain était bien plus grand que je ne le pensais, il y avait des rochers sur les bords et je m'assis sur un.
- Je ne pense pas vraiment que ce soit adapté pour se laver ici.
- Non, pas vraiment, j'ai juste envie d'être avec toi pour rattraper le temps perdu.
Il se rapprocha de moi et passa ses bras derrière mon dos.
- Attends, mais...ton bras !
- Je sais, c'est l'un des avantages à être un loup.
La plaie était presque totalement cicatrisée, il pouvait à peu près bouger sans trop avoir mal.
- C'est super ! Je pourrais arrêter de culpabiliser.
- Mais non, ce n'est pas de ta faute.
- Si.
- Oublie-ça, c'est bon.
Je passa mes bras derrière son cou.
- Ok.
On était bien ici. Il se rapprocha encore de moi, ma poitrine était totalement collée à son torse. Un peu gênée je rigola.
- Qu'y a-t-il de si drôle ?
- Rien.
Et puis je l'embrassa. Cette fois, la gêne n'était pas présente. Sa langue effectuait des va-et-vient dans ma bouche sensuellement. Le vrai contact avec sa salive était surprenant. J'avais toujours imaginé ça dégueulasse, mais ça ne l'était pas, il savait s'y prendre bien. Ses mains se baladaient dans mon dos et tournaient autour des crochets de mon soutien-gorge. Pas maintenant ! Je n'étais pas encore prête à me mettre à nue. Tout ça m'était bien trop étranger. Je coupa délicatement notre baiser en penchant le tête en arrière. Il en profita pour passer ses lèvres sur mon cou. Je me laissais faire, je perdais le contrôle. Être avec lui me faisait perdre mes moyens, surtout dans ce genre de situations. Il l'embrassait de gauche à droite, alternant avec des mouvements de langue. Puis il s'arrêtera et je releva la tête face à lui. Un grand sourire était dessiné sur ma bouche.
- Je t'aime, chuchota-t-il.
J'avais toujours autant de mal à lui dire que moi aussi je l'aimais. J'avais réussi pourtant lorsqu'il m'avait quittée, car à ce moment là ça aurait pu vraiment servir à quelque chose. Il sait bien que je l'aime.
- Jacob...
- Non, c'est bon, je ne vais pas te demander de me le dire, je connais ta réponse.
Quoi que...
- Je t'aime.
Il m'embrassa de nouveau. Il faisait tellement chaud. J'avais besoin de plus, des baisers ne me suffisaient plus. Mais je sais bien que c'est impossible. Dans mon dos, ses mains passaient sous l'élastique de mon soutient gorge et revenaient jusqu'à sous ma poitrine. Il effleurait maintenant mes seins. J'avais un blocage. Je cessa de l'embrasser et cala ma tête contre son épaule. Je sais qu'il n'aime pas quand je coupe l'action comme ça, mais il fait toujours semblant de s'en foutre.
- Hannah...
Je ne répondis pas.
- Hannah ?
- Hum ?
- Pourquoi tu fais tout le temps ça ?
- De quoi ?
- Nous couper, là, comme ça. Pourquoi ?
- Je sais que si je ne le fais pas c'est toi qui le fera. Tu n'iras jamais plus loin. C'est dangereux, c'est ça ?
- Je n'en sait rien, mieux vaut ne pas prendre le risque, n'est-ce pas ?
- Hum.
Bien sûr que non ! J'avais besoin de plus !
- Ça me tue de devoir me restreindre avec toi.
- Mais pourtant tu vois bien que tu réussis à te contrôler parfaitement maintenant !
- Oui, c'est vrai, mais jamais je ne risquerais de te tuer.
- Hum...
Ses réponses n'étaient pas satisfaisantes.
- Ça ne me plaît pas non plus, mais te perdre serait insoutenable. Je m'en veux de ne pas pouvoir faire tout ce que je veux avec toi, pouvoir te toucher, te sentir...
- Mais tu peux !
- Tu sais bien...
- Transforme-moi !
- Arrête de dire ça !
- Mais je veux bien tenter, tant pis si je meurs !
- Tu ne sais pas ce que tu dis !
- Mais on peut essayer ! Je te dis que je m'en fout !
- Tu serais prête à m'infliger le remord de t'avoir tuée ?
- ...Non... >>
Il passa sa main dans mes cheveux. Mais pourquoi fallait-il qu'il soit un loup ?

La Fille Qui Courrait Après Les LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant