6. Le Lycée

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Il fallait que ce jour arrive un jour où l'autre, et ce jour c'est aujourd'hui. Ma mère avait pris la ferme décision de m'inscrire au lycée, le même où j'étais avant de quitter la Floride. Mon envie d'y aller était inestimable tant elle était faible. Et elle le sait, mais je sais qu'elle pense que c'est la décision la plus sage pour mon avenir. Or, elle ne fait que l'affecter.

Il était 7h40, ma mère attendait déjà sur le pas de la porte que je finisse de déjeuner pour qu'on puisse partir. Évidement, je prennais tout mon temps. J'avais déjà du mal à manger, je stressais bien trop. J'essayais de le dissimuler au maximum à ma mère, elle risquait de me poser trop de questions. La seule petite chose qui faisait que je voulait quand même y aller était que j'allais revoir Syllie et Dora. Depuis le temps que je ne les avais pas vues, j'ai hâte de savoir ce qu'elle deviennent. Avec un peu de chance, je serais à nouveau dans leur classe. J'ai tout de même peur que tout le monde se mette à me poser des questions sur les raisons de mon départ et celles de mon retour.

Revoir le lycée ne me faisait pas grand effet. C'est vrai, je me sentais bien ici. Le problème est que celui Forks a développé en moi une véritable phobie scolaire. Je sais très bien qui sont les principales causes de cela, mais les citer ferait resurgir en moi les souvenirs que je peine à effacer. Passer l'entrée me faisait trembler, et je me mis immédiatement à courir aux toilettes les plus proches. Je n'étais pas prête. On me regardait comme une étrangère, on riait ou on avait peur. Je ne voulais pas regarder la façon dont on m'observait, je courrais. Une fois arrivée, j'entrai dans un toilette et fermai la porte à clef. Je n'allais pas pleurer, j'étais immunisée à cette faiblesse, mais quelque chose en moi voulait que cette journée se passe au plus mal. Je m'assis sur la cuvette et enfonça mon visage entre mes mains pour canaliser mes pensées. Elles fusaient, mais elle n'étaient pas roses. Je sais que d'autres filles faisaient la queue pour prendre ma place, je les entendais rire, mais je ne voulais pas sortir. La sonnerie allait bientôt retentir, je devais faire quelque chose. Le choix le plus judicieux serait d'aller en vie scolaire ou au secrétariat pour qu'on m'indique ma classe, mais je préférai attendre jusqu'au dernier moment. Lorsque j'entendis la sonnerie, je me levai. Mes jambes tramblaient, tout mon être en fait, mais j'allais réussir à marcher. J'ouvris la porte les larmes aux yeux. Les filles qui faisaient la queue me devisagèrent. Je me pressai de sortir d'ici. L'odeur désagréable risquait de s'imprégner en moi si je restais plus longtemps.

Les surveillants m'avaient posé des questions sur mon retour au lycée. J'avais réussi à les éviter en répondant bêtement que j'avais des problèmes familiaux. Ça passait crème, personne n'osait me demander plus de précisions. Les problèmes de famille ça fait peur. On m'annonça que j'allais réintégrer ma classe du début d'année. J'étais refaite, je ne pouvais pas souhaiter mieux. J'étais actuellement en train de m'y rendre, accompagnée d'un surveillant. Lorsque celui-ci toqua à la porte, je fus prise d'un élan de panique. J'allais revoir tant de visages oubliés, j'allais retourner en cours, travailler. Ma nouvelle vie commence ici.
<< Vas-y, c'est à toi.
Il ouvra la porte et recula pour me laisser entrer en gardant un œil sur moi. Il dût voir sur mon visage que je ne me sentais pas bien, mais il me mit en confiance d'un seul regard. Je pris mon courage à deux mains et avancai d'un pas. La professeur me regarda étrangement, comme si j'étais morte et étais revenue à la vie. Je m'avancai un peu plus et pris la parole pour casser le blanc gênant que j'avais instauré.
- Bonjour... On...on a dû vous informer que...
- Je sais, m'interrompit la prof. Tu peux aller t'asseoir.
Je crus que j'allais pleurer tant ce retour était difficile pour moi. Tous les regards me fixaient. La prof passa derrière moi pour fermer la porte et insista du regard pour que j'aille m'asseoir. J'étais comme paralysée sans même m'en être rendue compte. Je me déplaçai lentement et allai au fond de la classe. Avant même que j'eus le temps de poser mon sac, la prof me coupa dans mon élan.
- Reste devant, il y a de la place. >>
Je me retournai brusquement puis mis du temps à réagir. J'avais l'air ridicule. Je m'avançai lentement et m'installa au premier rang, devant le bureau de la prof. Elle repris son cours, visiblement agacée. J'avais beau leur tourner le dos, je sentais que tous les élèves me regardaient. J'entendais des murmures, et je savais que ce n'était pas du cours que l'on débattait.

La Fille Qui Courrait Après Les LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant