La Fille Qui Courrait Après Les Loups

3. Le Voisin

Finalement, j'avais réussi à m'endormir. Des bruits de voix venant d'en bas m'avaient réveillés. Il était 10h35, de toutes façons, il était temps. Je me lève et ouvre les volets. La lumière du jour pénétra ma chambre toute entière. Le beau soleil de Floride m'éblouissait. Aujourd'hui est un nouveau jour, je dois tout oublier. Je passe la tête par la fenêtre et admire la vue. Le bruit des vagues est une réelle thérapie. Pas besoin de grand chose de plus pour se sentir bien. L'air frais me fait revivre, je n'étouffe plus. Je sors de ma chambre et descend les escaliers remplie d'ondes positives. Rien de mal ne peut m'arriver, mon sourire est une véritable armure. Je compris bien vite que ma mère n'était pas seule dans le salon ce matin. Je m'aventure avec prudence. Je passe la tête derrière le mur et la vois assise sur la canapé, accompagnée. Malheureusement, je croise son regard. Elle coupe la conversation avec ses invités et s'empresse de venir vers moi.
<< Ah, tu es levée ! On n'attendait plus que toi.
Elle pris mon bras et me tira avec elle.
- Maman, je suis en pyjama ! Lui chuchotais-je
J'avais honte. J'étais vêtue d'un simple t-shirt et d'un short un peu trop court. Mes cheveux n'étaient pas coiffés et je ne devais pas ressembler à grand chose. J'avais la gueule du matin. Elle ne prit pas en compte ma réflexion.
- Je vous présente Hannah, ma fille.
Sur le second canapé étaient assis une femme assez âgée et un jeune homme.
- Hannah, ce sont la famille Jones, nos voisins.
Je ne mis que peu de temps à comprendre que le garçon en face de moi était le même que celui que j'avais observé hier soir par la fenêtre. Le malaise s'installa immédiatement.
- Depuis le temps que Lucie nous parle de toi ! Je suis Mireille, enchantée, s'enthousiasma-t-elle en se levant et en me tendant la main.
Elle me paraissait fausse, le genre de personne qui veut se donner bonne réputation. Pas un seul cheveu ne dépassait de sa longue coupe lisse. Elle voulait paraître plus jeune que son âge, mais ses rides gâchaient son joli décoté. Son fils ne paraissait pas à l'aise. Il devait probablement être gêné par sa mère, et par moi. Je m'assis sur le canapé à côté de ma mère.
- C'est donc toi la fille qui m'observait hier ? Me demanda l'adolescent, passif jusqu'à présent.
Son visage ne laissait pas paraître de plaisanteries, il était sérieux. Nos deux mères le regardèrent intriguées puis se mirent à rire. On fit comme si de rien était. Il ne cessait de me fixer bizarrement tout du long de la conversation, jusqu'à ce que Mme Jones se leva pour repartir.
- Il se tarde, Yolande à du sûrement préparer le déjeuner. Au plaisir de te revoir, Hannah !
Elle nous fit un signe puis sorti de la maison, suivie de son fils. Je ne connaissais même pas son prénom. Il ne me paraissait pas très agréable, je n'ai pas spécialement envie de le connaître. Ma mère, sans même me dire un mot, partit dans la cuisine. J'attendis un peu puis la rejoins.
- C'étaient qui eux ?
Ma mère rangeait des tasses à café.
- Je te l'ai dit, chérie, ce sont les Jones. Ils habitent la villa voisine. Mireille est une bonne amie à moi, et je suis sûre que tu vas bien t'entendre avec son petit garçon.
- Il ne me paraît pas très amical. Cette femme non plus.
Elle se retourna vers moi et cessa son rangement.
- Tu juges sans les connaître, Hannah. Ce sont vraiment des gens biens.
- Ce sont des gens pétés de thune, ça se voit.
- Cela te pose un problème ?
- Aucun. Je ne me sens pas à l'aise avec le principe, c'est tout. Forks était une ville bien plus modeste que Miami. >>
Je retournai dans ma chambre, ma mère ne me retient pas.

Je n'haïs pas les gens riches, mais ils m'insupportent. Le fait que ma mère ne nous ait jamais partagé sa fortune à moi et mon père m'irrite. Nous n'avons pas vécu dans la misère, mais nous vivions modestement. Vivre à Forks n'est clairement pas un signe de richesse. Bien sûr, on a nos riches à nous dans la ville, mais ce sont aussi les personnes les plus détestées. Par principe, les riches sont désagréables. La haine prenait le dessus, je devais me calmer. J'ouvris m'a fenêtre et m'aéra, juste après m'être habillée. Il y avait peut-être le voisin dans sa chambre, il allait croire que je l'observais. Je préférai refermer la fenêtre. Je m'assis sur mon lit, pensive. Ma mère débarqua dans ma chambre le sourire aux lèvres. Elle allait me demander quelque chose, sa posture me le prouvait.
<< Tu as prévu quelque chose aujourd'hui, Hannah ?
Quelle question !
- J'ai prévu de me reposer. Je suis ici depuis seulement quelques heures...
Son regard en disait long. Elle avait prévu quelque chose.
- L'idée me traversa l'esprit : et si on faisait une sortie ensemble, entre mère et fille ? On peut aller au cinéma, à la piscine, manger une glace, visiter Miami... Tout ce que tu veux !
On n'avait pas la même définition du mot repos.
- Mais si tu veux te reposer, alors...
Je n'avais clairement rien de mieux à faire que de sortir avec elle. Mais en avais-je réellement envie ?
- Très bien, mais tu peux choisir l'activité du jour. Je ne suis pas inspirée.
Je savais que j'allais regretter ce choix d'une manière ou une autre.
- Dans ce cas là, allons en ville. On se laissera tenter par les boutiques là bas. >>
Ce n'est peut-être pas une si mauvaise idée : je n'ai pris que peu de vêtements avec moi.