J'avais passé le reste de ma journée à penser à la même chose : le baiser de Marin. Pourquoi ? Il n'y avait aucune ambiguïté amoureuse entre nous, et Marin ne me paraissait pas être un garçon romantique. Pourquoi m'a-t-il laissée en plan juste après alors ? Je ne sais pas plus. Je commençais sincèrement à croire qu'il cherchait à me faire souffrir parce que lui souffrait. Il cherchait quelqu'un à manipuler et il avait trouvé sa cible parfaite. J'étais trop naïve. C'était pourtant la dernière chose qu'il aurait été capable de faire. J'essayais tant bien que mal de me rappeller toutes les conversations que nous avions eu dans le but de trouver ne serait-ce qu'un seul vice, une seule raison qui l'aurait poussé à me faire ça. Il savait pourtant très bien ce que ça allait déclencher en moi, tous ces souvenirs allaient revenir me hanter. Et c'est le cas. Je revois constamment les mêmes images tourner en boucle dans mon crâne. Jacob qui m'embrasse, qui me caresse, qui me dit ''je t'aime''. Jacob. J'avais beau essayer, il était toujours dans ma tête. Il était là et pour toujours. Ce serait horrible de me servir de Marin comme d'un pansement sentimental parce que je suis trop faible pour oublier Jacob, la seule raison que j'avais de vivre. Et lui, est-il en vie ? Je ne peux m'empêcher de penser au fait qu'il est probablement mort. Je l'ai tué, j'ai tué Jacob pour sauver ma peau. Stop ! Je devais arrêter de penser à lui et admettre que sa mort m'est réconfortante.
Je dormais à moitié, sur mon lit, la tête dans le vide. J'aimerais aussi que ma tête soit vide, que j'oublie tout. Je ne peux pas, c'est comme ça. Il commençait à faire nuit dehors et je me levai péniblement pour fermer le store de ma fenêtre. J'aperçus alors que la chambre de Marin était allumée, il devait y être. Je m'en foutais, je le détestais à présent, si ce n'était pas déjà le cas. Je posai ma main sur l'interrupteur qui contrôlait mon volet et au même moment je vis Marin. Il tournait en rond dans sa chambre, il avait l'air d'avoir l'esprit aussi tourmenté que le mien. À quoi pouvait-il bien penser ? Je m'en foutais, enfin je l'espérais. Ce n'était pas le cas, évidement, ça aurait été trop simple. Lorsque mon regard croisa le sien, je paniquai et ferma immédiatement le store. Je ne voulais pas qu'il pense que je l'espionnais, c'était ridicule. Pourtant, ça portait vraiment à confusion. Il allait croire qu'il m'intéressait, que je l'aimais bien et que je me souciais de ce qu'il pensait. Je ne sais même pas si c'est le cas. Tout ce que je fis c'est me reposer à nouveau sur mon lit, et plus tard je m'endormis.
Pour une fois, je n'étais pas en retard, même si mon envie d'aller en cours était encore moins présente qu'hier. Après avoir déjeuné et m'être préparée, je descendis dans le salon et attendis que ma mère arrive pour m'emmener au lycée en voiture. À ma grande surprise, elle était assise sur le canapé en peignoir, tenant dans sa main une tasse de thé.
<< Maman, tu dois m'emmener au lycée !
- Oh, j'ai oubliée de te dire : à partir d'aujourd'hui se sera Mireille qui vous emmènera toi et Marin au lycée, et moi je viendrais vous chercher le soir. C'est plus pratique et ça fera des économies !
- Tu ne m'as même pas demandé mon avis ! Je n'ai aucune envie de partager mes trajets avec Marin !
- Tu n'as pas le choix, et puis je lui en ai parlé et il a trouvé que c'était une bonne idée. Allez, file, ils doivent déjà t'attendre dehors ! >>
Je restai un instant bouche bée, immobile. C'était bien la dernière chose dont j'avais envie actuellement. Et puis comment Marin avait-il pu acquiescer ? Elle a sûrement dû lui en parler avant l'histoire du baiser. Je sortis de la maison en colère, mais de toutes façons c'était ça ou devoir y aller à pied, alors le choix était vite fait. Ce n'était rien, Marin allait s'assoir devant à côté de sa mère et moi derrière. On n'échangerait pas un seul mot. En effet, la voiture était déjà en route en plein milieu du rond point devant chez nous. Je m'approchai hésitante et je remarquai que Marin n'était pas à l'intérieur. Avec un peu de chance, c'est lui qui aura refuser de partager son trajet avec moi. Et dire qu'hier nous marchions côte à côte presque comme deux amis. J'ouvris timidement la porte arrière droite et Mireille, qui était assise face au volant, se retrouna avant même que j'eus le temps d'entrer dans la voiture.
- Bonjour, Hannah. Marin ne devrait pas tarder, je crois qu'il avait oublié quelque chose à l'intérieur. >>
Merde ! Je pensais avoir réussi à l'éviter. Au même moment, la porte de sa maison claqua brusquement et on le vit bientôt arriver. J'avais beau le détester, je ne pouvais pas nier qu'il avait du charme. Je n'avais jamais réellement pris le temps de l'observer, chose que je faisais contemment avec Jacob, ce qui me prouvait que je n'étais pas attachée à ce garçon. Et pourtant, je le trouvais beau. Pas comme on trouve beau un acteur ou bien un coucher de soleil. Marin est incomparable, il est différent. Il n'a rien d'original, mais personne ne lui ressemble vraiment. Ses cheveux long tenus en un chignon fait à la vas vite, ses yeux bleus, son visage insensible. Je ne l'ai jamais vu rire, je ne le verrais jamais pleurer. Je voudrais résoudre l'énigme qu'il est, comprendre pourquoi il est comme ça. Je n'aime pas Marin, je ne pense pas le détester non plus. Je crois que j'ai juste besoin de lui, sans chercher à comprendre ce que je ressens pour lui. Lorsqu'il s'approcha de la voiture, je compris qu'il avait prévu de s'asseoir à côté de moi, sur la banquette arrière. Il ouvrit la portière et s'installa. Cela ne paru pas déranger sa mère qui ne dit pas un mot et démarra. Je ne comprenais pas pourquoi il n'était pas allé devant, sur le siège passager. Comme s'il avait planifié tout ça pour se retrouver à côté de moi. J'aimerais savoir ce qu'il pense de moi, s'il m'apprécie, et s'il arrive à lire dans mes yeux ce que je ressent pour lui. De la haine, et peut-être de l'affection. Quelque chose entre les deux.Le trajet se passait tranquillement malgré la gêne palpable entre Marin et moi. Un gros blanc planait dans la voiture. La seule chose que l'on entendait était le moteur qui ronflait. C'est à peine si l'on croisait des voitures. Je n'osais pas sortir mes écouteurs de ma poche de peur de paraître malpolie, alors je restais simplement à admirer le paysage, le coude contre la portière, le visage collé à la vitre. Je n'avais pas de pensées particulières en tête, bien que, dès lors que Madame Jones voulu entamer une conversation avec moi, je parus en être tirée.
<< Hannah, parle-moi un peu de toi. Tu t'es bien adaptée au lycée, ça n'a pas été trop dur ?
Comme toute mère qui se respecte, Mireille a besoin de connaître les amis de son fils et de faire des conversation inutiles en voiture.
- Oui, ça peut aller. Ça n'a pas vraiment été compliqué puisque j'étais déjà dans ce lycée avant de retourner à Forks.
J'avais beau ne pas oser regarder Marin, je sentais son regard pesant m'observer. Bêtement, je regardais mes pieds.
- Oui, c'est vrai, suis-je bête. Tu dois déjà avoir plein d'amies qui avaient hâte que tu rentres.
Non, ce n'était pas le cas. Je n'avais pas une seule amie et personne n'avait hâte que je rentre, si ce n'est ma mère.
- Oui, c'est ça. >>
Je m'efforcais de sourire pour ne pas avoir à pleurer. Je pensais en être guérie, ne plus être faible, mais non. Je suis toujours là même Hannah qui tente tant bien que mal d'échapper à ses démons. Les larmes montaient petit à petit au coin de mes yeux et Marin le remarqua. Je regardais par la fenêtre comme pour m'échapper de cette voiture, comme si d'un seul coup je pouvais paraître loin de Marin. Mais non, il ne voulait pas me laisser me soigner moi-même. Il se décala pour venir s'asseoir à côté de moi, sur le siège du milieu. Il ne fit pas de bruit et sa mère ne le remarqua même pas. Il ne dit pas un mot, il ne me regarda même pas. Il posa sa main sur ma cuisse, et comme pour montrer que ça ne me dérangeait pas, je posai ma main sur la sienne. Nos doigts s'entre-lacèrent et mes larmes coulèrent. J'aurais voulu lui broyer la main si j'en avais eu la force, ou bien je l'aurais simplement repoussée. Mais ce n'est pas une question de force, j'ai besoin de Marin pour me soigner.
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La Fille Qui Courrait Après Les Loups
Werewolf- Tu es prête, Hannah ? C'est sûr ? Je n'ai jamais été aussi prête. - Oui, je t'assure. - Tu me promets de ne pas fuir ? - Ne t'inquiète pas, Jacob. Il pose ses mains sur mes joues, s'approche de moi et m'embrasse. Je n'avais jamais embrassé quelqu...