31. La Fête

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À la sortie des cours, je suis avec Sophie et Melilla. Elles ne cessent de parler de cette soirée chez Maxence. Je ne prête pas vraiment attention à cette conversation, mais comprends qu'y aller me divertirait un peu et me ferait rencontrer de nouvelles personnes. Loin de moi l'idée de changer de fréquentations, mais agrandir mon cercle d'amis me ferait du bien. Je n'en peux plus d'avoir constement sur le dos Sophie et Jacob, j'ai besoin de respirer.
<< Alors, tu as réfléchi à comment t'habiller, Hannah ? Me demanda Melilla en interrompant mes pensées.
- Pardon ?
- Tu sais, pour ce soir. Tu viens toujours ?
Comme si j'avais une fois dit que je venais...
- Je ne sais pas si s'est une bonne idée...
- Tu ne le sauras que si tu viens.
Sophie avait le don de toujours m'induire en erreur.
- Alors ?
- Promettez-moi qu'on sera rentrées assez tôt pour retourner en cours demain !
- Mais bien sûr !
- Quelle idée de faire une fête un lundi...
- Tu parles d'une fête, je suis sûre que ce sera la meilleure de l'année ! S'enthousiasma Sophie.
- Bref, mon père m'attend. À ce soir.
- Contente que tu viennes ! Me dit Melilla en me faisant un signe de la main.
Je ne voulais plus parler de ça et coupa donc la conversation. Je partis rapidement en direction de la voiture de mon père qui venait tout juste d'arriver. Malheureusement, je croisa Jacob en chemin. J'essayais de l'éviter du mieux que je pouvais mais il me rattrapa.
- Tu peux arrêter de m'éviter chaque fois que tu me vois ! Ce serait trop te demander ?
- Laisse-moi, Jacob. Je dois y aller.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne voulais plus le voir. Il fallait que ma vie reprenne son cours normal.
- Mais qu'est ce que tu as aujourd'hui ?
- Rien. Salut.
Je commençais à partir mais il me retient par la main.
- Hannah... Tu veux qu'on passe du temps ensemble ce soir ? Pas longtemps, juste pour qu'on s'explique.
- Non, pas ce soir.
- Pourquoi ?
- Ce soir je ne peux pas.
J'essayais de partir mais il continuait de me tenir.
- S'il te plaît, promis après je te laisserais tranquille.
- Je t'ai dit que je ne pouvais pas ! Je vais...
À deux mots près j'étais cramée. Si je lui dis que je vais à la soirée de Maxence, il ne me laissera jamais partir.
- ...chez Melilla. On a un devoir a rendre demain et on a complètement oublié de le faire ce week-end.
Il ne répondit rien et lâcha juste ma main.
- C'est bon ? Ça te convient comme réponse ?
Je partis, le laissant seul et immobile. J'entra immédiatement dans la voiture de mon père, qui avait bien entendu vu toute la conversation. Il ne dit rien au début, puis démarra la voiture.
- Alors cette journée ? Bien passée ?
- Pas pire que ce à quoi je m'attendais.
- Et tu t'attendais à quoi ?
Tout le monde ne pouvait s'empêcher de me poser des questions douteuses auxquelles je ne connaissais même pas les réponses. Je ne répondis donc pas et tourna les yeux vers la route.
- Ce n'est pas grave, laisse tomber. Tout va bien avec Jacob ? Je vous ai vus...
- Oui. Le coupais-je sèchement. Oui, ça va, oublie ce que tu as vu.
- Je n'aime pas comment il se comporte avec toi.
- Et moi je n'aime pas que tu me parles de lui. >>
On resta tous les deux silencieux jusqu'à ce qu'on arrive à la maison.

Il est déjà 19h30. On vient de finir de manger. Le repas était des plus gênants, on s'est a peine accordé la parole pour se passer le sel. J'ai très peu mangé, comme à mon habitude. Immédiatement après, j'ai filé dans ma chambre. Je suis acctuellement en train de chambouler mon placard à la recherche d'une tenue pour ce soir. Non, je n'ai toujours pas envie d'y aller, et non, je ne resterais pas chez moi. Je n'ai même pas encore prévenu mon père, et je ne compte pas le faire. Je ne suis jamais allée à ce genre de soirée auparavant et je ne sais pas du tout quoi me mettre. J'hésite entre une jupe noire en cuire et un haut rouge simple, ou alors une jupe en jean claire et un t-shirt blanc. Je ne compte pas me fouler, mais je n'ai pas envie d'arriver habillée comme une paysanne. Je chosis finalement la jupe en cuire et le t-shirt blanc, histoire de ne pas en faire trop. Je vais ensuite discrètement dans la salle de bain. Je met un peu de temps à m'habituer à mon reflet dans le miroir et reste immobile face à celui-ci. Je suis squelettique. Je ne me suis jamais vraiment trouvée belle, mais jamais non plus aussi horrible qu'aujourd'hui. Mes joues sont creuses, mes yeux flottent sur mes cernes, mon visage est fin, beaucoup trop fin. Je fixe mon reflet, et malgré tous mes efforts, ne lui trouve aucun charme. Je n'en reviens pas de ce changement brusque, aussi bien phisique que psychologique, de ces derniers jours.

La Fille Qui Courrait Après Les LoupsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant