Il est déjà 17h30 quand je me réveille. Je réussis péniblement à tenir debout et à me lever. Ma mère n'a pas l'air de s'être inquiétée de mon état, ce qui ne me choque même pas. C'est même mieux comme ça. Mon premier réflexe est d'aller me pencher à ma fenêtre afin d'essayer d'apercevoir Marin. Il n'est pas là. Ce n'est finalement pas plus mal non plus. J'ai tellement honte de m'être exposée à lui comme ça. Jacob, lui, avait l'habitude, mais Marin, je le connais depuis quelques heures seulement. J'ai honte.
Je descends très lentement les marches de l'escalier. Non pas que je sois à bout de force, car c'est maintenant constamment le cas, mais pour ne pas être surprise une fois en bas s'il y a quelqu'un. Je n'entend rien, la maison me paraît vide. Je me rend alors dans la salon, et à ma grande surprise, je vois ma mère et Marin discuter tranquillement. Ils s'étaient fait discrets malgré leurs rires. Leur conversation paraissait se dérouler au mieux. Je croisai le regard étonné de Marin, ainsi que celui de ma mère.
<< Je derrange peut-être ?
Cela m'énervait de voir Marin discuter tranquillement avec ma mère. J'ose espérer qu'il ne lui a rien dit sur ma crise de tout à l'heure. Ce qui m'agace réellement, c'est surtout leur si bonne entente.
- Ah, Hannah ! Marin m'a dit que tu t'étais rendormie. Tout va bien ?
Son regard me prouvait qu'elle ne savait rien. En revanche, celui de notre invité essayait de me faire passer un message.
- Ça pourrait aller mieux. Je peux te parler deux minutes ? Questionnais-je Marin.
Il parrut perplexe, mais se leva tout de même et s'excusa au près de ma mère. Je le tirai par le bras jusqu'à l'extérieur de la maison afin que ma mère n'entende rien de notre conversation.
- Qu'est-ce qu'il y a ? M'interroga-t-il en fronçant les sourcils.
- De quoi vous parliez ?
J'avais sûrement l'air en colère, ce qui n'était pas le cas, car ça paraissait se retransmettre sur son visage.
- De toi, mais pas de ce que tu penses. Je ne suis pas assez con pour lui en avoir parlé.
Je m'en doutais, je peux lui faire confiance. Par contre, il paraissait agacé que je doute de lui.
- Je sais, merci.
- Alors pourquoi est-ce-que tu me convoques ?
En réalité, je ne savais même pas. Je n'avais rien à lui dire ou à lui reprocher. Peut-être que je voulais juste parler avec lui.
- Euh... Pour rien, j'imagine.
- Dans ce cas là, je peux rentrer.
Il n'attendit pas mon approbation pour rouvrir la porte. Je lui rattrapai le bras pour l'en empêcher.
- Attends !
Il ne paraissait pas le même garçon que tout à l'heure. Les deux facettes de sa personnalité me déstabilisaient. Je ne savais pas à qui je m'adressais.
Il m'interroga du regard.
- Mon téléphone.
Il lâcha un petit rire ironique.
- Tu n'en as pas besoin.
De qui parle-t-il ? De Jacob ou du téléphone ? Je suis sûre que des arrières pensées fusent dans sa tête.
Il ferma lentement la porte.
- Je sais que tu vas recraquer.
- Arrête de penser que tu sais tout de moi. Tu ne me connais même pas. Maintenant rends-le moi !
Il sourit de plus belle.
- Pourquoi est-ce-que tu le veux ?
Je n'en ai aucune idée. C'est limite si cet objet ne m'effraie pas à présent. Je veux sûrement prouver à Marin qu'il n'a pas d'emprise sur moi et que je suis encore suffisamment forte pour supporter cette épreuve. Qui est-ce-que j'essaie de persuader ?
- Tu n'as pas à le savoir. Il est à moi.
Il se retourna et ouvrit la porte à nouveau comme s'il n'entendait pas ce que je lui disais.
- Oh, tu te moques de moi ?!
- Il est sur ton bureau, chuchota-t-il sans même se retourner.
Je n'avais plus honte d'avoir honte. Je ne prend jamais le temps de réfléchir avant de m'en prendre aux gens. Je suis stupide.
- Merci. >>
Il retournai dans le salon et je remontai les escaliers en direction de ma chambre. L'objet était bel et bien sur mon bureau, mais le voir me donnait le vertige. Je le rangeai rapidement dans un tiroir. Non, il a raison, je n'en ai pas besoin. Qui a besoin d'un Jacob dans sa vie ? Pas moi. Plus moi.Il y a des jours où l'on s'ignore, et d'autre ou l'on est amis tout simplement. Marin est un personnage complexe, je dois l'avouer. Il m'intrigue. Quelque chose chez lui me donne envie d'en savoir plus. Il est intéressant, c'est sûr, mais je ne pense pas qu'il le sache. Je suis sûre qu'on a plus en commun que ce que l'on pense. De toutes facons, je ne connais personne de mon âge ici à part lui. Peut-être que c'est pour ça que je me sens proche de lui, car il n'y a que de lui que je peux me sentir proche. Aujourd'hui, j'avais décidé de lui rendre visite, en quelque sorte. Je ne savais pas quoi faire de ma journée et voulais passer un peu de temps avec lui. Je me rendis devant sa maison et attendis un peu avant de me lancer et d'aller frapper à la porte. Personne n'ouvrit, étonnant. Contrairement à moi, lui devait être encore en cours. Je ne compte pas y retourner de si tôt, je ne me sens pas prête. Cela fait déjà six jours que je retarde la date d'inscription, bientôt ma mère va péter un câble et m'inscrire de force. Lorsque je me tournai pour rentrer chez moi, je vis Marin assis sur une pierre en face de la maison. Je ne l'avais pas vu lorsque j'ai passé le portail. Il souriait et je me rendais tout juste compte du ridicule de la situation. Je m'approchai de lui mais gardai tout de même un peu de distance, il était en train de fumer.
<< Tu n'es pas au lycée ? Le questionnais-je.
Dans un premier temps, il ne me répondit pas, il sourit juste, comme il en a l'habitude. Et pourtant, on ne l'imagine pas aussi souriant lorsqu'on le rencontre pour la première fois.
- Et toi ?
Sûrement... Je ne répondis pas non plus et m'assis à côté de lui. Il me tendit sa cigarette et je refusai poliment en hochant la tête. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse trouver une seule raison valable pour commencer à fumer.
- Tu es déjà allée t'inscrire ?
- Non, j'ai le temps.
- Pas tant que ça, tu sais.
Je n'étais pas venue ici pour recevoir des leçons de morale sur mon assiduité à l'école.
- Pourquoi tu es ici ?
- J'ai fini plus tôt aujourd'hui.
J'étais persuadée que c'était faux et qu'il était en train de sécher les cours, mais je ne lui dis rien. Il ne voulait sûrement pas en parler non plus.
- Parle-moi plutôt de ta venue ici.
J'essquivais son regard. Que dire ? Je ne sais pas vraiment.
- Je ne sais pas, je voulais passer un peu de temps avec toi. Je m'ennuiyais.
Il ne prit pas non plus le temps de me regarder. C'est exactement à ce moment là que je compris que Marin et moi étions des amis, et seulement des amis. Je ne voulais rien de plus, et j'ose imaginer que lui non plus. Cela me paraissait tellement évident. J'avais besoin d'un ami à qui parler et à qui me confier, quelqu'un qui n'écoute pas forcément ce que j'ai à lui dire, mais qui me conseille. Quelqu'un. Plus qu'à savoir ce que lui pensait de moi.
- Je t'embête ?
Il hocha les épaules. Je l'embête.
- Je peux partir si tu veux.
- Fais comme tu veux.
Il témoignait une telle indifférence à mon égard que s'en était insultant. Il jeta sa clope par terre et se leva.
- Tu sais, je préfère que tu me le dises si tu me trouves dérangeante.
Il posa enfin les yeux sur moi. Son regard n'était pas vide, mais je n'arrivais pas à le décrypter. Ce garçon ressent des émotions propres à lui, personne ne le comprend.
- Tu ne me déranges pas.
Alors parle-moi !
- Je ne comprends pas. Toi tu me comprends, c'est comme si tu me connaissais depuis longtemps, mais toi je n'arrive pas à te cerner.
- Habitue-toi, je suis comme ça.
Il me tourna le dos et entra dans sa maison. Il m'avait laissée plantée là, devant chez lui. Il ne veut pas être approché, il ne veut pas d'amis. Je pense qu'il pense être une bombe à retardement : s'il explose, il emporte tout avec lui. Mais ce n'est peut-être pas le cas, il doit me laisser l'approcher.
- Salut >> chuchotais-je avant de rentrer chez moi à mon tour.
VOUS LISEZ
La Fille Qui Courrait Après Les Loups
Werewolf- Tu es prête, Hannah ? C'est sûr ? Je n'ai jamais été aussi prête. - Oui, je t'assure. - Tu me promets de ne pas fuir ? - Ne t'inquiète pas, Jacob. Il pose ses mains sur mes joues, s'approche de moi et m'embrasse. Je n'avais jamais embrassé quelqu...