Chapitre 7 : Lucy

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Je monte sur le perron de ma nouvelle maison. J'inspire. L'odeur n'est pas la même que celle de là d'où je viens. Tout est nouveau ici et c'est merveilleux. Il n'y a aucune lumière allumée et la rue est déserte. Un lampadaire trône seul en face de chez moi et il éteint. Seule la lumière d'une chambre de la maison d'à côté est allumée. Je retourne vers la voiture que mon père a garé dans l'allée et j'en sors un gros carton sur lequel est écrit "Kit de survie". Je le prends dans mes bras et franchis la porte d'entrée. Toutes les pièces sont remplies de cartons déjà là depuis ce matin. Je traverse la pièce à vivre et monte l'escalier qui me fait face.

J'arrive devant la porte de ma supposée nouvelle chambre et pose ma main sur la poignée froide que je tourne vers la droite. La porte s'ouvre avec un petit grincement qui, je le sais, va me devenir familier. Dans le coin de la pièce il y a un lit avec deux places. J'ai spécifiquement demandé à mon père de ne pas avoir le même lit qu'avant, il a donc fait installer celui-ci dans la journée. Je pose sur le parquet mon "kit de survie" et me laisse tomber sur le lit : il est plutôt confortable. Je souris. La pièce, je veux dire MA chambre est saturée de piles de cartons dans lesquels sont rangées mes affaires. Je me relève et inspecte les murs d'un vert pâle, presque identique à la couleur que mes yeux. La chambre est plutôt grande en tous cas plus que ne l'était mon ancienne. Je fais rapidement le tour. Il y a une autre porte, je l'ouvre et me glisse dans l'autre petite pièce. J'ai ma propre salle de bain ! Elle est plutôt petite mais il y a tout de même la place pour une baignoire, des toilettes et un lavabo !

Je ressors et referme la porte derrière moi. Ce n'est que maintenant que je remarque que ma fenêtre est pile en face de celle que j'ai vu allumée en bas tout à l'heure. Je m'approche un peu, dans la maison voisine j'aperçois une jeune fille aux cheveux châtains presque roux penchée sur son bureau. Je l'observe de loin pendant quelques minutes. Je ne sais pas ce que je trouve le plus fascinant, de pouvoir la regarder ainsi en dehors de sa vie tout en m'y étant immiscée intimement -après tout, elle se trouve dans sa chambre, c'est de loin son espace le plus intime- ou seulement elle. Même d'ici je peux sentir que cette fille dégage quelque chose. Elle a l'air très concentrée, elle rabat sans cesse des mèches de ses cheveux derrière ses oreilles et a un stylo dans la bouche. Elle est assez grande mais elle doit avoir mon âge. Elle se laisse tomber en arrière sur sa chaise laissant ses cheveux tomber également derrière elle, puis elle se lève et met un peu d'ordre sur son bureau et se laisse tomber sur son lit dont les draps sont d'un rose pâle. C'est à ce moment que je remarque que derrière elle, il y a des dizaines de trophées et de médailles. J'ignore quel sport elle fait mais elle doit être super forte. Je laisse mon regard se balader lorsqu'il tombe sur un cadre, je m'arrête net. C'est une représentation d'une gymnaste ! Serait-il possible que ma voisine soit également une sportive de haut niveau ? Ça serait une sacrée coïncidence. Je jette à nouveau mon regard sur elle, il est vrai qu'elle est plutôt musclée et que son corps n'est pas très développé malgré ses formes avantageuses. Je décide de l'observer encore un peu. Elle se lève puis descend en grand écart : pas de doute c'est une gymnaste. Mais c'est grand ici, elle ne doit sûrement pas être dans mon club. Elle se tourne pour passer en facial puis de nouveau en latéral avec l'autre jambe. Après une ou deux minutes elle se relève et fais quelques équilibres, elle marche sur les mains en faisant le tour de sa chambre. Je laisse échapper un rire. Je la trouve vraiment fascinante. Lorsqu'elle se remet debout je ne ris plus : elle commence à se déshabiller. Que suis-je censée faire ? Continuer de la regarder serait impoli mais d'un autre côté j'en meurs d'envie. Au moment où elle enlève son tee-shirt une voix m'appelle dans le salon :

- Lucy ! Viens m'aider pour les cartons de la cuisine !

- J'arrive Maman !

Je fais la moue, déçue. Ce sera pour une prochaine fois. Je me dirige vers la porte, l'ouvre et la referme derrière moi. 

Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant