Chapitre 11 : Liwia

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Je ne suis plus sûre de rien, excepté une chose : je veux ses lèvres posées sur les miennes. Rectifications, je suis sûre de plusieurs autres choses, je veux du contact, du physique, du rapprochement, oublier mes craintes stupides et découvrir ce que la mer agitée au fond de mon ventre veut me dire. Je veux sentir nos chaleurs et nos souffles se mélanger. Je sens des frissons qui parcourent le bas de mon dos et je me laisse envahir par l'excitation de l'instant présent. Au moment où je cède à la tentation de l'embrasser et où je me laisse aller vers elle, je ne touche rien. J'ouvre à nouveau les yeux et observe qu'elle a reculé d'un pas. Là, je me sens vraiment stupide et n'ai plus du tout envie de faire toutes ces choses auxquelles je venais de penser. Comment ai-je pu vouloir l'embrasser ? Tout me semble flou à présent, comme si l'espace d'un instant on avait tiré mon esprit dans une gigantesque tornade dont j 'étais aussitôt ressortie, ne gardant en ma mémoire qu'une image difforme du passé. Je me sens tellement bête. Je recule et me laisse glisser contre la porte. Déjà, je lui fais une scène pour rien et ensuite j'essaie de l'embrasser. Elle s'agenouille à côté de moi et je laisse échapper :

- Je suis désolée...

- Désolée de quoi ? C'est plutôt moi qui devrais m'excuser...

- Je t'ai fais une scène sans aucune raison, ensuite j'ai essayé de... Je ne sais même pas ce que j'essayais de faire mais visiblement ce n'était pas réciproque.

Je prends ma tête entre mes mains.

Elle éclate de rire, son visage est radieux. Ce n'est que maintenant que je me rends vraiment compte à quel point elle est belle. J'avais pu le constater avant mais je ne pouvais me résoudre à l'évidence, me résoudre à ce genre de faiblesse. Avouer à moi-même qu'elle m'attire de manière totalement incontrôlable. Elle ajoute :

- C'est la première fois que tu as ce genre d'attirance pour une autre fille, pas vrai ? Sa voix est tellement douce. J'acquiesce sans réfléchir. Elle continue :

- Je ne t'en veux pas. Ça me semble normal d'être déstabilisée quand ta place est remise en jeu. Pour l'autre truc, ce n'est pas seulement toi qui en avait envie, c'était même assez réciproque.

Elle semble un peu gênée. Elle se place à côté de moi et replie ses genoux contre son torse pour y poser sa tête.

Alors c'est vrai elle en avait aussi envie ? Cette idée me donne des frissons. Ils parcourent mon corps à une vitesse folle. Je ressens de nouveau une douce chaleur envahir mon ventre. Cependant, je ne comprends pas ce qui l'a fait fuir dans ma démarche. Pour quels raisons a-t-elle refusé de partager ce moment avec moi ? Pendant quelques secondes l'idée qu'elle puisse déjà être en couple traverse mon esprit. Je décide de prendre mon courage à deux mains :

- Alors pourquoi as-tu reculé ?

Elle tourne sa tête vers moi et me sourit gentiment. Plus je scrute son doux visage et plus elle me semble splendide. Je sais à présent en la regardant droit dans les yeux qu'un lien invisible et unique s'est tissé entre nous, un lien que je ne peux pas exprimer. Quelque chose de spécial et intime. Le genre de chose que je n'ai lu que dans les livres, celle dont on m'a toujours dit qu'elles n'existaient pas. Elle ajoute d'une petite voix :

- Parce que j'ai eu peur... Derrière mes grands airs, au fond de moi, j'ai peur.

Elle verse une larme lorsqu'elle dit ces mots. J'ignore pourquoi, et même si j'ai très envie de savoir, je ne lui demanderai pas. Je vois bien dans ses grands yeux verts humides que la raison de cette unique larme semble bien trop douloureuse pour elle. Je me sens prise d'une envie irrépressible de la consoler et d'une immense douleur de la voir dans une position de faiblesse. D'un autre coté, ce qu'elle vient de m'avouer me surprend étrangement. Il est rare que j'évalue mal une personne. Je la croyais du genre dure, à ne pas chercher à comprendre les choses ou à les communiquer. La fille qui se fout royalement de tout, qui vit pour sa propre personne sans se soucier de ce que peuvent ressentir les autres. J'avais tord. Je m'en veux de l'avoir mal jugé.

Je tapote sur mon épaule puis elle vient y poser sa tête. La forme de son crâne épouse parfaitement celle de mon épaule comme si les formes de son corps étaient faites pour se lover dans le mien. C'est tellement agréable de sentir sa peau tout contre la mienne. Encore une fois à cette instant, le monde s'est éteint et il ne reste plus que nous deux. Deux lumières qui s'éclairent et se réchauffent mutuellement. Jamais, de toute ma vie je ne m'étais sentie aussi vivante que lorsque je sens sa présence et sa chaleur qui se mélange à la mienne. Nous ne faisons plus qu'un.

Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant