Chapitre 25 : Liwia

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Nous sommes arrivées dans ma chambre il y a 20 minutes. Il est 18h46. Addison s'est effondrée dès qu'elle a franchi la porte et depuis elle ne cesse de sangloter lentement. Elle n'avait jamais révélé à personne la violence de son père. Sauf à moi. Addison a toujours été la plus forte d'entre nous toutes, c'était notre point solide et stable, et la voir si faible me martèle le cœur. Pendant que nous lui racontions nos peines de cœur, nos petits échecs insignifiants et toutes ces choses stupides, elle nous écoutait tendrement alors que chaque soir quand elle rentrait la vaisselle éclatait contre les murs. Quant'à Lucy, je ne comprends pas pourquoi elle était en colère. Mais je ne cesse d'y penser, en plus elle n'est pas dans sa chambre. Est-ce qu'elle m'évite ? Il y a trop de chose dans ma tête, j'ai mal au crâne. Je tiens Addi dans mes bras, ils sont enroulés autour d'elle et sa tête et sur mon épaule. C'est tellement différent de lorsque Lucy se love contre moi. Addison n'épouse pas les formes de mon corps, Lucy si. Mais j'aime tenir Addison dans mes bras même si je ne ressens aucune chaleur dans mon ventre. Je pose ma tête sur la sienne, nous nous endormons l'une contre l'autre et je sens que les larmes d'Addison cesse de rouler sur ma main. 

Je me réveille vers 23h. Addison ronronne sur moi et elle semble s'être apaisée dans son sommeil. Je me lève doucement en la détachant de moi et je m'approche de la fenêtre pour laisser rentrer un peu d'air frais. Je m'arrête brusquement en manquant de faire tomber ma chaise de bureau. Lucy est endormie devant sa fenêtre. Je souris. Je la contemple longtemps. La pale lueur de la lune se pose sur son visage qui semble vraiment calme. Ses paupières sont fermés délicatement et sa peau me paraît si douce, et je sais qu'elle l'est pour l'avoir toucher plusieurs fois. Mon regard d'attarde un peu sur ses lèvres pulpeuses, j'ai tellement envie de l'embrasser et de sentir dans ma bouche le goût enivrant de sa salive d'une douce acidité. Lorsque mes yeux se pose sur ses longs cheveux bruns qui retombe en cascades légères sur ses épaules je me remémore leurs parfum que j'ai gardé dans un coin de ma tête, c'est une odeur  lavandé et boisé qui me donne l'impression d'être dans un champs où l'air est emplie d'une odeur forte, puissante et camphrée. Sa peau, elle, possède une odeur hespéridée d'agrumes et d'oranges qui rappelle l'été. J'ai essayer de garder un maximum l'odeur de ses mains sur mes vêtements, mais elle a sûrement disparu. Je vais vers la veste que je portais hier soir lorsque nous nous embrassions sous le grand chêne, et je la hume lentement. Je pourrais jurer que je sens encore les éffluves fortes des agrumes. Je cesse de rêver lorsque je remarque que Lucy s'agite dans son sommeil. En quelques dixièmes de secondes, je suis de nouveau devant ma fenêtre. Elle se débat, on dirait même qu'elle hurle. Elle doit faire un cauchemar horrible. Mon cœur se fissure. Il est 2h46. J'attends que ce mauvais rêve s'arrête pendant 5 minutes, mais Lucy se débat toujours et tombe à terre sans se réveiller. Je ne peux pas la laisser comme ça ? 

Non, je ne peux pas. Je saute dans mes chaussures et j'ouvre doucement ma porte puis je me précipite chez Lucy en prenant soin de ne pas réveiller ma mère. J'arrive devant la porte de chez elle. Je pense à Lucy qui hurle plongé dans l'obscurité de sa chambre. Je prie de toute mes forces pour que la porte d'entré ne soit pas fermer à clés. Je ferme les yeux et tourne la poignet. Ce serait trop simple si elle était ouverte. Je soupire. Il faut que je trouve un autre moyen d'entrer. Je fais le tour vers le garage qui se tourne accolé à la maison et qui me donne une chance d'accéder à celle-ci. Bingo ! Une des fenêtres est ouverte, je prends de l'élan pour monter contre le mur et j'escalade le toit du garage. Finalement mes quelques cours de parcours m'auront servit. J'attrape la gouttière qui semble solide en sautant et je balance mon corps pour atteindre l'ouverture. Je rentre par la fenêtre doucement et j'atterris dans une salle de bain, je pense soudain à la folie de ce que je suis entrain de faire pour rejoindre ma belle inconnue qui hurle en déchirant la nuit (et mon cœur au passage). Soudain je me stop quand j'entends les fameux hurlements. Je me rapproche du bruit qui est à peine audible : je cherche donc un porte de chambre épaisse puisque le son ne peut pas passer au travers, ou du moins très peu. L'obscurité de la maison m'empêche d'y voir clair. Allez Liwia c'est pas le moment de foirer. J'avance encore un peu et j'atteins un porte sur laquelle est écrit en gros avec des lettres blanches "Lucy", trop facile. Je place mon oreille contre la porte et j'entends les cris affolés de Lucy. Il faut que j'ai le bon timing, si jamais j'ouvre et qu'elle crie tout le monde va se réveiller. J'attends qu'elle marque une pause et je me faufile à l'intérieur où je trouve Lucy étalée sur le sol, crispée comme si elle souffrait. Je me précipite sur elle et tente de la réveiller, en vain. Elle hurle des choses comme "Non !", "Pourquoi ?", "Laissez moi mourir !" et un prénom : "Mina". Elle pleure dans son sommeil. Je me place au dessus d'elle, un genou de chaque coté de son corps, il faut vraiment que je la réveille. Je la prends dans mes bras en chuchotant à son oreille :

- Ça va Lucy, je suis là.

Elle semble s'apaisée puis elle reprends lentement conscience. Elle me regarde de ses yeux verts pleins de terreur. Je lui lance un regard qui je l'espère est rassurant. Puis elle finis par dire :

- Liwia ? Mais qu'est ce que tu fais là ? Pourquoi tu es là ? Et comment tu es entrée ? Est-ce que ça va ? Je me sens si effrayée. 

Je la regarde et les larmes me montent aux joues. Je place mes mains derrière sa nuque et l'embrasse comme unique réponse, et j'espère que ça suffira. Elle me rend mon baiser alors je souris. Je l'aide à se redresser pour nous installer sur le lit. Puis je finis par parler :

- Est ce que toi ça va ? Je me suis réveillé dans la nuit et je t'ai vu te débattre et hurler, je n'ai pas réfléchit et je suis tout de suite venue. J'ai vu la fenêtre de ta salle de bain ouverte et j'ai escaladé le mur du garage puis je suis entrée. Ensuite j'ai trouvé ta chambre et... Voilà. Je suis désolée je ne savais pas quoi faire, et te voir comme ça, j'ai paniquée.

Dis comme ça elle va me prendre pour une tarée, ça paraissait beaucoup moins fou dans ma tête quand je le faisais. Elle sourit puis elle me réponds :

- C'est la chose la plus adorable, incroyable et folle que quelqu'un ai jamais fait pour moi.

Je marque un blanc. Je ne sais pas comment réagir. Je suis choquée et... tellement heureuse, je ressens comme une brûlure dans mon ventre mais ça me fait du bien. Avant que je puisse réfléchir d'avantage ses lèvres s'écrasent avec douceur sur les miennes et lentement le goût de sa salive m'enivre et son odeur m'attire vers elle, de plus en plus. Nous glissons sur le lit et elle enroule ses jambes nues autour des miennes. "Ses jambes nues" ? Elle ne porte qu'un tee-shirt et je n'avais même pas remarquer ! Je sens que tout mon corps me brûle tout à coup. Mes bras sont déjà autour d'elle avant même que je ne leur dise de le faire. Je ne contrôle plus mon corps. Cette fille me fait trop d'effet. Elle est sur moi, puis moi sur elle, notre baiser se fait plus rapide et je suis étonnée des mouvements que mon corps et le sien adopte lorsqu'ils sont enlacés l'un contre l'autre, tout parait simple à ses cotés. Je réagis naturellement à elle, et ses formes  épousent parfaitement les miennes. Puis nous ralentissons, lentement, longuement. Je ne sais pas trop à quel moment nous sommes passées du feu brûlant de désir à la flamme calme et douce de nos deux chaleurs mélangés, mais nous sommes désormais lovées l'une contre l'autre et je crois que chaque parcelle de son corps est en contact avec le mien, ou peut-être est-ce l'inverse ? Avant même que je ne répondes à ma propre question, je sens le sommeil m'attirer lentement dans ses profondeurs. Je n'arrive pas à croire que je suis passée de la paix de la regarder dormir à la panique de la voir hurler, à la tristesse de voir sa douleur puis au soulagement de la réveiller, à la satisfaction de la prendre dans mes bras, au désir ardent que j'avais pour elle et enfin à la sérénité de ses bras et tout ça en seulement quelques heures. Lucy représente tellement pour moi un peu comme si nous ressentions le feu et la glace, la tristesse et le bonheur, la complicité et la rivalité en même temps. Je crois que Lucy est la seule à rendre mes moments lunatiques.

Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant