Chapitre 47 : Liwia

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Tic. Tac. Tic. Tac. 

C'est le son que fait le temps qui s'écoule. Lentement. Un éternel bruit qui paraît insignifiant, au point de l'oublier. Moi, je ne l'oublie jamais. Parfois j'ai l'impression qu'il y a toujours une petite montre derrière moi qui me nargue en me montrant perpétuellement le temps qui passe. J'ai toujours détesté les horloges, les montres et tous ces horribles esclaves au service de cette figure cruelle qui ne cesse jamais de nous rappeler que notre temps est compté, mesuré précisément. Aussi précis que peut être l'être humain. Quel masochiste l'humain. Notre plus grande peur à tous n'est-elle pas le vide ? L'absence de tout. Le rien. En réalité, on ne peut même pas le concevoir, c'est simple notre petit cerveau ne peut comprendre cette chose qu'on ne peut pas représenter. Lorsqu'on meurt, on ne sait pas ce qui se passe. Personne n'est revenue pour nous le dire. Personnellement, je pense qu'il ne se passe rien. On disparaît. C'est la fin. Point à la ligne. On existe plus, on incarne le vide. Alors pour se défaire de cette peur les humains ont créés des légendes. Le paradis, l'enfer, la réincarnation, etc... Pour se persuader qu'il y a quelque chose après la mort. Pourrait-on les blâmer ? Non. On a tellement envie d'y croire. Et après tout personne ne saura jamais si c'est la vérité. Malheureusement pour moi. Je n'y crois absolument pas. C'est peut-être pour ça que je semble être la seule de mon entourage à avoir une peur panique de mourir, de la fin. Je n'ai rien à croire pour remplacer cette idée infâme. Là où l'humain devient stupide (oh, il y a bien de nombreuses raisons, mais celle-ci semble être l'une d'entre-elles), c'est qu'il a créée, absolument partout dans le monde des centaines de milliers de rappels constant que le temps passe et qu'il emporte avec lui absolument tout sur son passage. Ces monstres qui hantaient mes cauchemars d'enfants, que tout le monde veut absolument avoir à son poignet : Les horloges. Les montres. Bref, tout ce qui compte l'heure. Enfin, je suis bien consciente que nous serions perdus sans notre petite heure à notre poignet, mais tel est l'humain. Il est effrayé par quelque chose, il crée une alternative pour palier à sa peur et il crée des objets qui la lui rappelle sans cesse mais sans quoi il serait totalement perdu. 

Tic. Tac. Tic. Tac. 

Les aiguilles de l'horloge tourne tellement lentement. Il reste 7 minutes avant la fin du cours. 

C'est notre dernier jour au lycée. Je ne suis pas nostalgique. J'aurais voulu ne pas venir, mais je ne voulais pas manquer la dernière fois où je serais élève ici. Encore un paradoxe. J'ai peur de la fin, mais je veux quand même y assister. Bref, la prof ne voulait pas nous faire travailler pour notre dernier jour, donc on ne fait rien. Les filles discutent, moi je fixe l'horloge. Je me demande ce que fait ma très chère Addison. Je ne l'ai pas revue depuis l'accident et elle ne semble pas être prête à nous voir mais moi je ne cesse jamais de culpabiliser. J'ai une grande part de responsabilité. Alors j'attends. J'attends qu'elle veuille bien me voir. 

Avec Lucy, c'est compliqué. Je ne pensais pas qu'un jour je deviendrais ce genre de fille qui dit qu'avec sa copine c'est """"compliqué"""". Mais aujourd'hui je les comprends. Je suis toujours en colère contre elle, mais c'est une colère infondée, et ça m'énerve encore plus. J'ai essayer de comprendre ce que je ressentais mais c'est peine perdue. On se dispute beaucoup. En fait, on se dispute tout le temps. Pour un oui, ou pour un non. Parfois je l'engueule juste parce qu'elle ne m'a pas regardé. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Alors elle se tait, elle me regarde. Je vois ses yeux qui pétillent quand il regarde les miens. Ses beaux yeux verts. Le plus beau vert du monde. Je l'aime cette fille. Je l'aime tellement et pourtant ça ne fait qu'un mois qu'on sort ensemble. Alors je n'arrive pas à comprendre pourquoi je lui en veux tellement. Peut-être que c'est parce qu'elle me manque affreusement. Elle me manque tout le temps, même quand je suis avec elle, ce n'est jamais assez. Le seul moment où elle ne me manque pas trop, c'est quand elle est dans mes bras, nos jambes entrelacées, quand je la sert tellement fort contre ma poitrine que pendant un bref instant, juste quelque seconde, j'ai l'impression que nous sommes la même personne. Alors je préfère mille fois lui crier dessus plutôt que d'être loin d'elle. Je passe mon temps à crier, je suis tout le temps en colère. Je crie pour couvrir cette chose que je ne comprends pas. Et je pense ne jamais avoir compris l'amour. 

Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant