Lorsque les lumières se sont éteintes, nous sommes restées là, soudées. Comme liées par l'obscurité. Nous avons appelé ma mère pour qu'elle vienne nous chercher dans cette grande rue, puis nous sommes rentrés chez moi. Ma mère a proposé à Liwia de rester avec nous cette nuit encore et après 15 minutes de marchandages j'ai fini par la convaincre d'accepter. Nous sommes dans ma chambre à présent, et nous discutons de tout et de rien. Je suis allongée sur le ventre, et je la contemple pendant qu'elle me parle avec de grands gestes. Je bois ses paroles, littéralement. J'ai l'impression que je pourrais trouver que tout est intéressant du moment que c'est Liwia qui m'en parle. Dans sa bouche, les mots prennent des allures nouvelles, elle est réellement passionnée par tout ce qui l'entoure. Je reconnais dans sa voix, la passion qui anime chacune des syllabes qu'elle prononce. Je pourrais l'écouter des heures et des heures entières, la musique de ses mots crée par l'enchaînement de ses phrases sonnent affreusement bien. Je peux déceler chaque émotion derrière les traits de son visage parfait. J'imagine alors la tête qu'elle fera quand je lui dirais... Quand je lui dirais que j'ai pris la décision de révéler à sa mère qui était réellement sa fille. Il est vrai que moi, je n'ai jamais eu à me poser ce genre de question. Mes parents sont très ouvert. Pour eux, il n'y a pas de distinction. Je peux aimer qui je veux, peut importe la couleur de sa peau, son sexe, sa religion. D'ailleurs je ne comprends pas vraiment pourquoi les gens font tant de manières pour une simple couleur, ou bien une façon de penser différente de la leur. De toute façon chaque personne est différente alors un peu plus ou un peu moins, qu'est-ce que ça change ? Je ne comprendrais jamais pourquoi la société veut à tout prix que l'on se conforme dans un moule. Je trouve qu'il faut chérir ses différences parce qu'elles font de nous quelqu'un d'unique. Les gens ordinaires n'ont rien d'exceptionnel, tout comme les différences ne sont pas des faiblesses mais des forces. Enfin, ce sont les valeurs avec lesquels j'ai été élevée. Peut-être que l'être humain a tout simplement besoin d'un repère ? De quelque chose qu'il trouve "normal"... Si on y réfléchit, on a tous des choses que l'on trouve "normal" et d'autre pas. Certains trouvent cela normal de ne pas laisser deux personnes s'aimer sous le prétexte qu'elles sont du même sexe, D'autre trouve cela normal de haïr tout un peuple sous le prétexte d'une religion. Et finalement, la notion de normalité est différente pour tous. Je pense que du moment qu'on reste ouvert et pas extrémiste dans nos opinions, on peut penser à peut près tout ce qu'on veut. Enfin, ça ne résout pas mon problème... Comment dire à Liwia que je lui ai ôté le choix de faire son coming out à sa mère comme elle le souhaitait ?
- Youhou, tu m'écoute ? La voix de Liwia résonne dans ma tête et je rend compte que non, je ne l'écoutais pas du tout.
- Euh... Désolée... J'étais perdue dans mes pensées. Dis-je en souriant (espérant me faire pardonner au passage).
Elle lève les yeux au ciel puis rétorque :
- Je suppose qu'il va falloir que je m'y habitue... Bon je te demandais où tu avais appris à chanter aussi bien ?
- Comment ça aussi bien ? Tu veux dire quand j'ai fredonné tout à l'heure ? C'était nul ! Dis-je en rigolant.
- Tu rigole ou quoi ? C'était super beau ! Moi, ça fait des années que je tente de jouer un peu de guitare et de piano, mais je suis vraiment mauvaise... Répliqua-t-elle simplement.
- Tu me jouerais un peu de guitare ? Répondis-je un sourire malicieux aux lèvres.
- Euh oui, mais je n'ai pas de guitare sous la main ! S'écria-t-elle comme pour se défendre.
- Jamais tu n'aurais dû dire ça Liwia... Répliquais-je le sourire aux lèvres.
Je bondis du lit pour finir devant un de mes placards en bois sur lequel j'ai peint des roses qui encadrent tout le meuble. Je l'ouvre délicatement, et en sort un guitare sur laquelle j'ai également peint trois roses sur la partie inférieur droite. Je retourne vers le lit où Liwia me regarde, bouche bée. Je lui tend l'instrument, et elle fait la moue. Elle se place en tailleur sur mon lit et pose doucement la guitare sur elle. Je prend une chaise derrière moi pour me placer en face d'elle et m'assoie à califourchon dessus. Elle souffle puis tente d'échapper à sa sentence :
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Lunatic Moment
Roman d'amourLiwia Miller est une gymnaste de haut niveau, elle s'apprête à entrer dans l'équipe nationale Américaine quand un événement qui va bouleverser sa vie se produit. Une jeune fille brune du nom de Lucy Manchester arrive dans son club. D'abord rivales...