Chapitre 18 : Lucy

260 18 0
                                    

J'ai mal. J'ai vraiment mal. Du sang, il y a beaucoup de sang. Partout. Tout va trop vite et trop lentement à la fois. Les secondes semblent s'imbriquer les unes dans les autres. Le vide. Il y a un bourdonnement sourd dans mes oreilles. Comme après une explosion. C'est moi qui ai explosé. Je regarde ma main. Du sang, beaucoup de sang. Je regarde devant moi. Du verre, beaucoup de verre : brisé. Partout. Le miroir qui était là, est brisé en milles morceaux. J'ai mal, trop mal. Pourquoi j'ai fait ça ? Des cris, j'entends des cris. Je tourne la tête. Des cheveux roux. Liwia. Elle se précipite sur moi et s'affole dans tout les sens. Je reste immobile. Paralysée.

- Mais qu'est-ce qu'il t'a prit enfin ? Tout le monde peut rater son saut et scratcher ! Mon dieu tout ce sang ! Vite il faut que j'appelle July ! Vite ! Regarde tes bras ! Et tes poignets ! Oh mon dieu !

Elle hurle. Trop fort. Je regarde mes bras et mes poignets comme elle me l'a ordonné. De profondes entailles rouges. Partout. Les débris de verre ont volé et m'ont tailladé la peau. Elle s'agite et je reste immobile puis elle prend du sopalin et y enroule délicatement ma main. Le papier vire rapidement au rouge tout comme le carrelage immaculé des toilettes. Elle me force à sortir de ma paralysie pour la suivre. Je me concentre sur elle qui me parle pour ne pas penser à la douleur, c'est trop. J'entends d'autres cris : nous sommes sortie des toilettes. July arrive en criant :

- Oh mon dieu mais qu'est-ce-qu'il s'est passé ?! Vite dans mon bureau !

Nous avançons vers le bureau de July et nous entrons. Liwia crie quelque chose :

- Laisse nous July, j'ai mon brevet des premiers secours et les entailles ne sont pas très graves, le problème est surtout morale. Va rassurer les autres !

Liwia est tellement autoritaire. July ne pouvait rien faire de plus. Elle part en fermant la porte et lui signale qu'elle est là en cas de besoin. Liwia sait où est rangé tout le matériel, elle s'active autour de moi et je la laisse faire sans rien dire. Sa jolie bouche forme des mots que j'entends, mais ne comprend pas. Elle désinfecte, soigne et bande mes bras, mes poignets et ma main. Lorsqu'elle a finit elle s'agenouille face à moi et me parle calmement les yeux pleins de larmes. 

- Mais pourquoi as-tu fait ça ? Je savais que quelque chose n'allait pas mais à ce point. Parle moi je ne supporte pas de te voir dans cet état. En parlant, elle attrape doucement mon autre main qu'elle porte à sa joue.

C'est chaud. C'est humide. Mes joues sont humides. Des larmes, coulent lentement et descendent le long de mes pommettes. Liwia tend la main vers mon visage et essuie mes pleures. Je finis par réussir à dire :

- C'est trop tôt.

- D'accord. Mais promet moi de m'en parler lorsque le moment se présentera. Elle souris calmement.

Je ne m'attendait pas à ça. Liwia, toujours si têtu qui s'était résolue à attendre patiemment. J'en suis à un point où je m'en fou totalement de pleurer et honnêtement j'en ai besoin. Alors je fonds en larme et je sanglote lorsque ses longs bras se rapprochent de moi et m'attirent contre elle. Elle chuchote :

- Ça va aller, je suis là. 

- S'il te plaît, ne me lâche jamais. 

Sur l'instant, dit comme ça. Pour elle cela voulait dire de ne jamais mettre fin à notre étreinte. Mais pour moi, ces mots avaient un tout autre sens. Nous restons ainsi pendant ce qui me semble être un éternité qui je l'espère ne cessera jamais. Je me perds dans l'infini de ses bras qui m'entourent, puis je me relève et pose délicatement mes lèvres sur les siennes. Leur goût si sucré et enivrant ouvre mon esprit et soudain je n'ai plus mal. Une vague de douce chaleur monte en moi et m'envahit entièrement. Cette sensation est exquise. Notre baiser prend fin lorsque July toque à la porte. Liwia lui dit d'entrée et laisse ses bras autour de moi. Ce qui ne choque absolument pas July. Elle me demande si je vais bien mais encore sous le choc, Liwia acquiesce pour moi. July propose de nous laisser seules et félicite au passage, Liwia pour son travail de pro. Lorsqu'elle referme la porte je regarde Liwia dans les yeux et finis par lui dire :

- Merci.

- Tu n'as pas à me remercier, mais tu m'as fait tellement peur ! Elle prend mes mains dans les siennes. Ne refait plus jamais ça !

J'acquiesce puis elle reprend :

- Pourquoi faut-il toujours que tu pleures pour que l'on s'embrasse ? Elle rit et c'est un des plus beaux sons que je n'ai jamais entendu.

- Peut-être que je devrais pleurer plus souvent alors... 

Elle rougis. Et approche de nouveau son souffle du mien. Et je romps les quelques centimètres qui nous sépare encore. Dès cet instant, je sus que plus jamais je ne quitterais Liwia car un lien trop fort pour être brisé s'était construit entre nous. Personne n'avait encore séché mes larmes comme elle l'avait fait. Personne ne m'avait jamais embrassé comme elle. Et je n'avais encore jamais aimé personne comme elle. Enfin à une exception près. Des cheveux blonds envahissent de nouveau mon esprit, mais le contact de ma langue contre celle de Liwia met fin à toutes mes peurs et les cheveux blonds disparaissent.


Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant