Chapitre 27 : Lucy

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Je regarde Liwia qui entre dans la salle de bain où se trouve Addison avec des serviettes dans les bras. Elle est si jolie avec ses cheveux mouillés qui se baladent lentement autour d'elle lorsqu'elle marche vers la porte. Elle l'ouvre avec difficulté et ne la referme pas. 

Ça fait maintenant 15 minutes que Liwia a disparut dans la salle de bain et qu'elle n'est pas ressortit. Qu'est-ce qu'elles peuvent bien faire ? Pourquoi mettent-elles si longtemps à sortir ? Et si elles... Non Liwia m'a dit qu'il ne se passerait rien entre elles. Je secoue la tête et je tentes de rester calme. Et si j'allais chez elle pour voir ? Non, je peux pas faire ça. Pourtant, maintenant que l'idée m'est venue en tête je n'arrive pas à l'en sortir. Ressaisis toi Lucy. D'un autre coté, je ne rentrerais que quelques minutes et je ressortirais vite fait, prétextant de venir dire bonjour où juste demander à sa mère si nous pouvons amener Liwia au club demain aussi, ce ne sera pas long et puis c'est juste pour aller la voir, il n'y a rien de mal ? Non, je ne peux définitivement pas faire ça. D'autres idées me viennent. Peut-être qu'elles prennent leur douche ensemble ?! J'ai envie de vomir tout à coup. Mais non, Liwia a déjà pris sa douche c'est absurde. Je dis n'importe quoi. Il faut que je m'occupe l'esprit, foutu cerveau qui réfléchit trop vite ! Je pose mes mains au sol pour faire un équilibre et je compte à voix haute : 1,2,3,4... 25,26,27... 34,35... Et si Liwia lui a encore pris la main ? Soudain je déséquilibre et je tombe à la renverse. Un bruit sourd pas si sourd que ça résonne dans toute la maison et ma mère accourt devant ma porte en me demandant si je vais bien, ceux à quoi je répond :

- Euh oui... Je suis juste tombée..

Ma mère lève les yeux au ciel puis redescend à l'étage. Je me relève et me gratte le genou.

- Aie. 

C'est vraiment n'importe quoi. Je vais me préparer en attendant que Liwia sorte. J'enfile un justaucorps vert pâle et je m'attache les cheveux. Je regarde vers la chambre de Liwia : personne. Je range un peu ma chambre et prépare mon sac de sport. Je réalise soudain que les qualifications vont reprendre dans quelques heures. Une boule se forme dans mon ventre à cette idée. Du coin de l'œil, je vois du mouvement dans la chambre de Liwia. Je me tourne rapidement et je l'aperçois. C'est elle. Ses joues sont rouges, ses yeux sont luisants et infectés de sang. A-elle pleuré ? Lorsqu'Addison apparaît c'est la même chose. Voir Liwia les larmes au yeux me fend le cœur. Une douleur profonde m'envahit. Puis de la colère, une immense colère. Si c'est à cause d'Addison qu'elle pleure, elle va vraiment devoir me rendre des comptes. Mes poings se serrent tout seuls. Je sens mes ongles rentrer dans ma peau, creusant un peu plus les cicatrises en demis-lunes sur mes paumes. Une sensation de froid sur mon pied droit me réveille. Mon regard se baisse : du sang, une goutte de sang sur mon pied. Je regarde à présent mes mains et cours à la salle de bain. Le sang dilué à l'eau remplit tout le lavabo de sa couleur d'un rouge intense. Il y a trop de sang. Des souvenirs reviennent :

Du sang, beaucoup de sang partout qui coule de mes mains. Une douleur immense qui m'envahit. J'ai frappé dans un mur, encore. Ma main me brûle. Mais je m'en fou. Je veux juste ne plus ressentir cette douleur écrasante qui m'accable un peu plus jour après jour. Comme un fardeau trop lourd à porter pour mes épaules et qui pèsent et pèsent encore, m'entraînant toujours profondément dans les abysses de la tristesse, de la peur, de la solitude. Ma douleur est ma seule preuve de sa réalité, de notre réalité. L'humidité brûlante envahit mon visage. Tout m'envahit. Je ne suis plus qu'une coquille vide que l'obscurité s'empresse de remplir. J'en ai marre de souffrir. Mon autre poing percute un autre mur, ma vision est floutée par mes larmes. Je frappe encore, et encore. La douleur toujours plus insupportable me submerge. Je ne suis plus qu'une enveloppe qui ne ressens que la souffrance et les regrets. Elle me manque trop. Mon calvaire prouve qu'elle a existé. Et je trouve un peu de bonheur dans mon malheur. Si je souffre autant c'est parce que je l'aimais beaucoup. Chacune de mes souffrances est unes des raisons pour lesquels je l'aime, aimais. Je frappe encore, et encore. Je sens mon os se briser. Alors je frappe de l'autre main. Encore. 

L'eau devenue trop chaude me tire de mes pensées. Je sors de la salle de bain et bande mes plaies. Liwia me regarde et m'interroge de son fameux sourcil qui se lève et déforme sa courbe si parfaite. Je lui fais un signe de la main pour lui montrer que ce n'est rien et elle réplique d'un regard qui me signale que je subirais un interrogatoire de sa part dès que l'occasion se présentera. Je descends au rez-de-chaussée avec mon sac de sport et je sors de la maison en m'installant dans la voiture. 

Plus tard, les filles me rejoignent et Liwia se place à coté de moi. Avant même que je ne prononce un "Bonjour". Elle saisit ma main et l'inspecte avec attention. 

- Ce n'est rien. Je me suis juste égratignée. Lui dis-je en la regardant.

- Ce n'est pas rien s'il s'agit de toi. Dit-elle en me lançant un regard sévère. 

Lorsqu'Addison se tourne vers elle, elle sursaute. Liwia a du oublier qu'elle était dans la voiture avec nous. J'étouffe un rire puis ma mère prend place au volant et démarre. Je regarde le paysage qui défile devant mes yeux lorsqu'une main attrape doucement la mienne et entrelace mes doigts. Je jette un coup d'œil rapide à ma mère et remarque qu'elle nous épie dans son rétroviseur. Voyant notre main, un sourire satisfait étire son visage et je soupire longuement. Je ne me sens plus stressée et j'ai l'impression que mes épaules sont plus légères. 


Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant