Chapitre 30 : Liwia

227 15 1
                                    

La mère de Lucy arrive sur le parking. July nous fait savoir que l'épreuve du sol sera reportée à demain matin, les enchaînement libres seront donc reportés au jour suivant, c'est-à-dire à jeudi. Ça me fais rater beaucoup de cours au lycée. Mais c'est le dernier de mes soucis. Je rentre dans la voiture de Lilith suivie de Lucy. Aucune de nous n'ose parler. Lilith sort de la voiture pour discuter avec July. Pendant leur conversation July verse quelques larmes, et la mère de Lucy se tient la bouche pour montrer son étonnement. Je pose mon regard sur Lucy, elle fait de même sur moi. Ses yeux se plongent dans les miens. Nous rompons en même temps le silence qui règne dans la voiture :

- Je ne veux pas rester seule cette nuit.

Nous avons un mouvement de recule, surprise d'avoir parlé en même temps, puis nous sourions en comprenant que notre besoin d'être ensemble est réciproque. 

- Tu peux venir dormir chez moi... Dit Lucy avec une toute petite voix. 

J'acquiesce et Lilith remonte dans la voiture. Elle nous regarde dans le rétro puis nous tends un bout de papier. Sur ce bout de papier est écrit un numéro, elle nous explique que c'est celui d'Abbie, la mère d'Addison qui nous tiendra au courant par message de son état. Je secoue la tête de bas en haut, lentement. Lucy demande à sa mère si je peux rester dormir chez elle et avec un sourire compatissant Lilith donne son accord. J'adore cette femme, elle si gentille, si compréhensive, si tolérante tout le contraire de ma mère. Lilith soupire longuement, secoue la tête en faisant danser ses cheveux bruns avant de dire :

- Ce sport fait décidément beaucoup trop de dégâts, qu'à votre âge vous ne devriez pas avoir à affronter. 

Son regard s'attarde longuement sur sa fille puis elle insère la clé de la voiture en mettant le contact et elle démarre. 

Nous arrivons plus tard chez Lucy. Je préviens ma mère par texto et nous entrons dans la maison. Lilith allume les lumières, elle semble exténuée.

- On va commander des pizzas les filles, ça vous dit ? Demanda t-elle avec un sourire qui semble étrangement faux. 

- Oui ça ira très bien. Répondis-je en essayant d'être polie. 

Nous montons ensuite dans la chambre de Lucy, et je me laisse tomber sur son lit dans un océan de coussin. Lucy me rejoint quelques secondes plus tard, en se blottissant contre moi. J'encercle sa taille de mes mains et je me rapproche d'elle, la sensation agréable de ses cheveux qui s'emmêlent au miens provoque un long et doux frisson qui parcourt tout mon corps en passant par ma nuque et en suivant la courbe de mon dos pour finir dans mon ventre. Je glisse mes jambes autour d'une des siennes et je les entremêle puis elle fait de même. Dans la chambre on n'entends que le bruit du frottement de nos vêtement et c'est une mélodie agréable et apaisante. Après quelques minutes, je tourne mon visage vers elle pour l'embrasser. Nos lèvres ne sont plus qu'à quelques horribles centimètres l'une de l'autre lorsque Lucy se recule brusquement en me demandant :

- Tu es vraiment sûre qu'il n'y a rien entre toi et Addi ? Elle a à présent un regard sombre. 

Je soupire, je trouve ça fou qu'elle se sente mise en danger par Addison. Je lui répond :

- Oui je suis sûre, je te l'ai déjà dit, il n'y a rien de plus entre elle et moi qu'une profonde amitié.

- Et entre nous il y a quoi ? Une "profonde amitié ?" Sa voix est sèche, mettant de la distance entre nous. 

- Quoi ? 

  - Je suis quoi pour toi au juste ? Elle détourne le regard et croise ses bras sur sa poitrine.  

Je n'en revient pas qu'elle me pose cette question, je reste bloquée et je n'arrive plus à parler. "Ce qu'elle est pour moi ?" La réponse est pourtant simple, elle est tout pour moi. Alors, pourquoi je n'arrive pas à lui dire ? 

- C'est bien ce que je pensais. Rétorqua-t-elle en ce détournant de moi.

Je ne peux pas la laisser partir. Je bondis du lit et attrape son poignet. Je la fais tourner, l'obligeant à me faire face. Puis je souffle un mot, presque inaudible :

- Tout. 

Elle me fixe de son regard vert perçant qui s'attendrit un peu lorsqu'elle entend ce que je viens de dire.  Je poursuis :

- Quand je suis avec toi, j'ai l'impression d'être folle, c'est comme si autour de moi, un univers magique était en train de se créer, c'est comme si je pouvais lire dans tes yeux. Quand tu me regardes j'ai l'impression que je suis belle, quand tu fond tes yeux dans le miens, j'ai l'impression de m'y perdre et je préfère mille fois être perdu dans tes yeux que faire n'importe quoi d'autre. Avec toi je passe des larmes au rire, tu es à la fois ma rivale et ma complice, tu me comprends mieux que personne dans ma vie ne m'a jamais comprise alors que tu n'y es entrée que très récemment et pourtant c'est comme si je te connaissais depuis toujours. Quand tu es là je me sens apaisée, et en même temps tellement surexcitée, j'ai envie de pleurer jusqu'à en rire et de rire jusqu'à en pleurer, tu rends mes moments lunatiques, tu me rends lunatiques. Et depuis le jour où je t'ai rencontré, j'ai commencé à vivre. Parce qu'avant, je regardais ma vie passer devant mes yeux sans jamais y prendre part. Tout à l'heure tu m'as dit de trouver quelqu'un qui me donne envie de me battre, mais je l'ai déjà trouver. Tu es tout pour moi et ça peut paraître un peu exagérée de le dire maintenant, mais je t'aime. Il y a peu de chose dans ma vie dont je suis absolument certaine mais celle-ci est la principale : je t'aime. Et ce n'est pas parce que t'es incroyablement chiante ni parce que tu passes ton temps à m'embêter et encore moins parce que tu essaie à tout prix de me faire succomber à ton charme, trop tard j'y ai déjà succomber. Mais bien parce qu'avec toi je me sens vivante. Alors je ne sais pas vraiment ce qu'il y a entre nous mais ce n'est pas qu'une profonde amitié. Jamais de toute ma vie je n'avais ressentie ça pour quelqu'un. Alors je t'en supplie ne me laisse pas, parce que moi je n'ai pas l'intention de le faire, jamais. 

Je suis à bout de souffle, j'ai parlé tellement vite que je suis même pas sûre qu'elle a compris ce que j'ai essayé de lui dire, elle me regarde bouche bée. Une larme vient perler aux coins de ses yeux puis elle se précipite sur moi et m'enlace doucement. Ma respiration se calme et je pose délicatement ma main sur son dos en la caressant lentement. 


Lunatic MomentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant