Chapitre 41 : Liwia

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Ça fait maintenant quelques secondes que les bruits répétitifs du poing de ma mère sur la porte ont retentis. Je n'ai rien dit, je suis comme pétrifiée. Elle réitère. Ma mère ne se donne presque jamais la peine de venir jusqu'à ma chambre. Alors que vient-elle me dire ? 

- Liwia, je peux entrer ? Sa voix est sèche, beaucoup trop sèche. 

Je ne veux pas lui répondre. Je ne peux pas lui répondre. C'était trop facile, rentrer, voir qu'elle se fiche éperdument de moi et tout reprendre comme si de rien n'était. Je me lève et dirige la main vers la poignée. Je la tourne et j'ouvre la porte. Je découvre ma mère et son expression sévère, toujours sérieuse et parfaitement propre sur elle.

- Oui, qu'est-ce qu'il y a ? Ma voix tremble, je ne peux pas me contenir. 

- J'ai réfléchit et, je voudrais que tu arrête de voir cette fille... Euh... Lily. L'expression du visage de ma mère ne change pas. 

Mon sang se glace. Quoi ? Je n'ai pas bien entendu. C'est sûr. 

- C'est Lucy, et ça n'a pas changé depuis les 5 dernières minutes où je t'ai déjà dit qu'elle s'appelait comme ça. Pourquoi je devrais arrêter de la voir ? Je crois que c'est la première fois que je parle aussi sèchement à ma mère. 

Elle paraît choquée par ma réponse puis rétorque :

- Parce que je trouve qu'elle a une mauvaise influence. Tu rentre tard le soir, ou tu ne rentre pas du tout... 

- Comme si ça te faisait quelque chose que je rentre ou pas... 

Mince. J'ai pensé à voix haute. Son visage s'habille d'un air outré et sa bouche se déforme en un O presque parfait qui fait craquer son parfait petit rouge à lèvre. 

- Ce n'est pas la question ! De plus elle t'a quand même battu à deux agrès et est arrivée 1 ère avec toi ! Tu dois te ressaisir ! C'est bien beau les amies mais elles ne t'aideront pas à gagner car avant d'être des amies elles sont tes adversaires ! Et la seule chose que veut cette Lucy c'est sûrement ta première place. Alors tu ne discute pas mes ordres, et tu arrêteras de la voir.  Elle crie et moi j'ai l'impression qu'on m'enfonce dans le sol et que je ne peux plus bouger. 

- Non. Un seul mot, que j'aurais dû dire il y a tellement longtemps. 

- Pardon ? Elle hurle cette fois. 

- J'ai dit, non. Je tente de rester calme. 

Ma mère explose :

- Comment ça non ! Je suis ta mère il n'y a pas de non ! 

Elle me donne mal à la tête. 

- La preuve que si ! Je te dis que non, je n'arrêterais pas de voir Lucy sous prétexte que tu pense que c'est meilleur pour ma carrière ! J'en ai plus que marre que tu contrôle chacun des détails de ma vie ! C'est terminé. 

Je ne suis même pas en colère, son comportement ne me surprend plus. J'ai arrêté d'espérer que tout s'arrange. J'ai arrêté d'espérer qu'elle s'arrange. J'essaie seulement de ne pas pleurer. Je pense que lorsqu'on arrête d'espérer c'est là qu'on touche le fond, ou alors qu'on réalise la réalité. Peut-être que je suis trop jeune pour arrêter d'espérer ? Je suis embrouillée. Je soupire. J'attrape quelques affaires, je saisis mon sac et je quitte ma chambre sous les yeux de ma mère qui exprime un mélange affreux entre le scandale, le choc et la colère profonde. Je descends les escaliers quatre à quatre et j'arrive dans la cuisine, j'embrasse Ricky sur le front. Je sors de la maison le plus rapidement possible, je ne veux pas que ma mère me rattrape. Je cours vers la porte de chez Lucy. Au même moment elle sort. Je m'arrête devant elle. 

- Est-ce que ça va ? (Elle observe mon visage) Tu pleures ? 

J'essuie mes yeux, je n'avais pas remarqué, mais mes joues sont humides. Je ne peux plus me retenir. Je fond en larme, Lucy me prend dans ses bras. Sa chaleur me réconforte. C'est comme si j'avais besoin d'exploser, c'est comme si elle était la seule à pouvoir contenir mes explosions, la seule dont j'ai réellement besoin. Je me sens déjà apaisée. Elle prend ma main dans la sienne et nous avançons vers sa petite voiture rouge. Nous nous installons sur la banquette arrière, je pose ma tête sur son épaule. Un silence s'installe mais je me sens mieux. Je regarde dans le vide. Je vais devoir passer la deuxième partie des qualification dans cet état. Au moins Lucy est avec moi. Elle m'aide vraiment à ne pas craquer. Maintenant que je suis contre elle notre petite bulle nous protège.

Je repense aux paroles de ma mère. Arrêter de voir Lucy ? Au fond, je ne la connais que depuis quelques jours, quelques semaines, j'ai perdu la notion du temps avec elle. C'est comme si elle avait toujours été là. Je ne peux pas croire que j'ai vécu 15 ans sans elle. 15 années où j'aurais pu être avec elle. Vivre sans Lucy me paraît impossible à présent. Elle est arrivée dans ma vie de manière si imprévu. Je refuse de détruire ce lien que nous avons développé. Personne ne  décidera pour moi. Je suis la seule qui devrais pouvoir choisir qui je veux aimer et je ne devrais avoir à craindre aucun jugement. 

De son pouce Lucy caresse le dos de ma main et joue avec mes doigts. J'arrive un peu à oublier ma mère. 

Lilith arrive et prend place dans la voiture, je vois qu'elle nous observe dans le rétroviseur. Elle démarre le moteur, je tente de me concentrer sur la route. 

15 minutes plus tard, nous sommes devant le club. Je descends de la voiture et je commence à monter les grandes marches blanches. Mon téléphone vibre dans ma poche. Je l'attrape.

Sur l'écran est écrit "Addison". 

Mon sang se glace. Ma vision se trouble. 

Bam, retour à la réalité. 





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