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[Partie à lire avec l'anasheed "Zawjati" de Ahmed Bukhatir]


Durant deux jours, j'ai passé mon temps à l'hôpital, sans lui adresser une parole, j'écoutais les bruits que faisait la machine près de lui et j'écrivais. Durant ces deux jours, je me suis rendu compte que j'étais prisonnière de cette amour qui ne mène strictement à rien. Lorsque j'étais près de lui, au lieu de me confier à lui, je passais mon temps à gratter sur un papier, à écrire ; j'écrivais mon mal – être et mon envie de quitter cette ville pour me reconstruire avec mon frère ailleurs, loin de lui... je regardais ce cadavre sans vie, et je plaçais un mot sur ma feuille. À chaque fois qu'une page était fini, j'en écrivais une autre ; j'ai dû écrire une quinzaine de lettre. Tout ce que j'ai pu dire sur ces bout de papier, c'est ce que ma tête voulais et non mon cœur ; je voulais tout simplement lui laisser ces lettres pour qu'a son réveille il les voit, et sûrement je serais déjà parti. Dans aucune lettre, je n'est mentionné mon amour pour lui explicitement, tout ça était écrit sous forme d'énigme indéchiffrable même pour moi ; mais comme il sait lire dans mes yeux, il réussira à lire entre ses lignes n'est – ce pas ?

C'est maintenant le troisième jours ; je vais le revoir en compagnie de Phénix, qui ne ferme pas les yeux de la nuit, ça se voit à son visage assez cerné mais il essaye de faire abstraction de tout, de rester fort pour ne pas que je finisse par déprimer. On arrive enfin à l'hôpital ; on va en direction de sa chambre, mais une infirmière nous arrête, en nous expliquant qu'il s'était enfin réveillée et qu'il l'avait envoyé dans une chambre la nuit dernière. Elle nous indique où se trouve cette chambre, arrivée devant elle je ne bouge plus, je tremble... Phénix remarque ma peur, et prends mon visage entre ces deux mains comme pour me rassurer, mais rien y fait, mon cœur bat la chamade, je sais qu'il ne veut pas me voir et je ne veux pas courir le risque de me faire rejeter par l'homme que j'aime.

Moi : «  Je ne peux pas rentrer, vas – y seule et ne lui dis pas que j'étais venue. »

«  Arrêtes de faire la faible Kaïli, c'est ça qui cause ton malheur wallah, réveille toi ! Je te l'est dis une fois, ta faiblesse lui rappelle Lamia et si tu continue comme ça ; Lamia Allah Y Rahma sortira jamais de sa tête ! »

Moi : «  Je ne veux pas qu'il la sorte de sa tête pour une simple inconnu comme moi, je veux juste qu'il soit heureux, et que moi aussi. »

«  Les tombes de mes parents tu va rentré avant moi. Si il se passe un truc, tu sors et tu fais ce que tu veux après. »

J'ai hésité énormément, il a réussi à me convaincre. J'ouvre la porte, et je le vois assis sur le bord du lit, les mains sur la tête. Je vais décrocher un mot mais je n'y arrive pas, j'ai tellement peur de sa réaction de ce qu'il peut me vociférer comme parole. Je sens son regard vers moi, le regard posé au sol je n'arrive pas à le relever.

«  Tu fou quoi ici ? »

Moi : «  As Sa... »

«  Tu fou quoi ici ? »

Moi : «  Je, je... »

«  Tu fou quoi ici ? »

Sa voix complètement cassé me fait peur, on entends bien qu'il n'a pas parlé depuis un bon bout de temps. Son visage rempli de lésions me transperce le cœur, je suis condamné à aimer un homme de cette manière ? Souffrir pour lui alors qu'il ne ressent absolument rien pour moi ?
Je le vois se lever, retirer tout les files sur son torse, ainsi que son bras ; je sais qu'il n'aime pas les hôpitaux, et je sais qu'il est déterminer à quitter cet endroit coûte que coûte. Je n'arrive plus à rester dans cette pièce étouffante, je décide donc de partir. Je suis essoufflée, j'aperçois Phénix assis sur une chaise, il me regarde et comprends que tout ne s'est pas bien passé. Je prends mon sac, et je sors toute les lettres que j'ai pu écrire pour Khalis et les lui tends.

Mon esprit vagabondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant