Burning Desire {Zayn Malik}

26. C'est ce que je ne peux fuir

Zayn

L'impuissance. Son goût est amer, dur, difficile à digérer. Savez-vous ce que c'est d'être impuissant ? D'être un homme impuissant ? Un grand frère impuissant ?

Je n'ai jamais pris la vie pour acquise, vous savez, je n'ai jamais cru que je pouvais avoir un contrôle sur elle et pourtant, je me pensais tout de même à l'abri.

Assis sur un des sièges miteux de l'hôpital, j'essaie de comprendre l'incompréhensible, de trouver une raison divine à tout cela. Assailli par des souvenirs entremêlés et rapides, je tente de démêler le réel de ce que je vis comme un cauchemar. Désespérément, je tente de retracer les événements qui se sont déroulés ces 24 dernières heures.

Tout s'est passé si vite.

En tant qu'aîné d'une fratrie, vous avez toujours ce sentiment de devoir protéger vos frères et sœurs. Cette sensation se multiplie quand vous êtes un garçon et que ce qui suit après vous sont des filles. Vous les surprotégez de tout. C'est vous le second homme après le père. Vous protégez la tribu, la famille. Inconsciemment, vous adoptez ce comportement et vous voulez les protéger. Dès le moment où cette petite sœur ou ce petit frère voit le jour, vous enfilez votre cap pour la ou le défendre de tout ce qui est extérieur et menaçant. C'est votre rôle, votre code. Et plus les années passent plus vous grandissez plus vous le prenez au sérieux, plus vous défendez, plus vous voulez être partout, les protéger de ce qui vous a fait du mal à vous, les chutes, les égratignures, les relations. Vous voulez être partout pour eux, vous voulez être en première ligne.

Et savez-vous seulement ce que ça fait quand la vie vient vous montrer que vous ne pouvez pas ? C'est percutant, violant, brutal. Entendre le cri de sa génitrice, voir l'incompréhension dans les yeux de ses sœurs de 10 et 3 ans ? Savez-vous ce que ça fait d'avoir le cœur arraché de sa poitrine par la cruelle réalité ?

Le visage dans les mains, j'essaie de comprendre. Encore et encore, j'essaie de trouver un sens à tout cela. Waliyha nous a dit avoir été chez une amie et dormir chez elle alors je ne comprends pas. Elle nous a quitté bien apprêté et heureuse alors comment se fait-il que nous sommes là maintenant ?

Je suis ravagée par la douleur et la colère alors que les souvenirs chargent à nouveau mais ne permettent pas davantage de comprendre le dénouement de cette histoire.

Je me rappelle le coup de fil dans la nuit car je ne dormais pas, je me remémore ma mère ouvrant la porte et allumant la lumière de ma chambre; je me remémore son visage. Elle n'avait pas ouvert la bouche que j'avais compris : je n'avais jamais lu dans ses yeux une tel douleur et ce genre d'émotions on ne pouvait le retrouver que dans le regard d'une mère dévastée par la chute de sa progéniture.

J'avais conduit en mode mécanique, comme un robot, me refusant de m'effondrer avant de voir, comprendre. Nous avions déposé des Doniya et Safaa à moitié endormies et ne comprenant pas les raisons de ce réveil au milieu de la nuit chez une amie puis nous nous étions dirigés vers l'hôpital dans un silence lourd d'appréhension.

J'ai échoué.

J'ai échoué.

Je ne pouvais pas être partout en même temps cependant ce n'est pas ce que me disait la voix à l'intérieur. Elle ne cessait de me persécuter « tu aurais dû être là pour la protéger » « ou étais-tu ? » « Tu aurais dû ».

Je me souviens avoir bondi hors de la voiture sans prendre la peine de la verrouiller, avoir couru, demander des informations à la femme à l'accueil ignorante mais surtout, je me souviens de ce que j'ai découvert en arrivant dans la salle d'attente.