Le lendemain matin je me réveille à cause des rayons du soleil qui traversent la fenêtre. Le lit est vide, il n'y a plus que moi. J'en profite pour m'étirer et prendre toute la place. Hier c'était fabuleux. Même si je suis jeune j'ai déjà couché avec pas mal de personnes mais Lucas est vraiment le meilleur, parce que ce n'était pas juste de la baise, il y avait beaucoup d'amour et ça se ressentait, c'était doux mais en même temps intense. Et je pense l'aimer réellement. Sans doute que je suis déjà amoureuse, je n'en sais rien. En tout cas c'est la première fois que je ressens autant de chose à la fois. C'est la première fois que je ressens ce sentiment. Je ne pense pas avoir déjà été amoureuse, alors Lucas est sans doute le premier. Mon premier amour.
Je me lève quelques minutes après mais me rends compte que je suis nue. Effectivement ça serait con de sortir comme ça alors qu'il vit en collocation. J'attrape une culotte puis mets le t-shirt de Lucas qui trainait. Je pense que le combo culotte/t-shirt c'est clairement la meilleure tenue et la plus confortable.
Je sors de la chambre et entends juste un peu de bruit dans la cuisine. Je me dirige donc vers celle-ci. Chaps est là en train de faire couler du café.
« Coucou. Dis-je.
- Oh salut Luna ! Bien dormi ? J'imagine que oui.
- Haha oui super. Et toi ?
- De même. J'ai fait du café, tu en veux ?
- Oh oui volontiers. Il verse le liquide noir dans une petite tasse et me la tend. Merci. Je souffle un peu dessus pour le refroidir. Dis, tu sais où est Lucas ?
- Pas vraiment, je sais juste qu'il est parti dehors.
- Oh. D'accord. Merci. »Je sors de la cuisine, mon café à la main, vais dans la chambre prendre mes clopes et mon téléphone puis vais sur le balcon. Je me pose sur la petite table et envoie un message à Lucas pour savoir où il est. Il me répond genre deux secondes plus tard : « À l'épicerie, j'achète des fruits, tu veux quoi ? ». Je lui réponds : « des framboises ou des pêches ! s'il te plaît <3 ».
Quelques minutes après, la porte de la baie vitrée s'ouvre laissant apparaître la petite tête de Lucas pour savoir si je me trouve ici. Je lui fais un petit signe de la main en lui souriant. Il referme la porte puis vient vers moi. D'ailleurs je me demande ce qu'il va faire. Est-ce qu'il va s'assoir direct ? Venir me faire un bisou ? Juste sur la joue ou sur le front ? Ou peut-être qu'il va m'embrasser !? Il fait donc le tour de la table et il... m'embrasse hihi. Il m'a embrassé ! Ça signifie quoi du coup ? Il re fait le tour de la table puis s'assoit en face de moi.
« Pourquoi tu souris comme une conne là ?
- Tu m'as fait un bisou. Dis-je toujours avec ce même sourire.
- Putain on dirait un bébé ! Oui je t'ai embrassé, j'aurais pas dû ?
- Si ! Mais qu'est-ce que ça signifie alors ?
- Je sais pas... Qu'est-ce que tu veux toi ?
- Bah... Moi... Je...
- Ah oui, j'avais oublié le mal que t'avais pour t'exprimer.
- Oui bah désolée ! C'est toujours comme ça quand c'est quelque chose qui me tient vraiment à cœur.
- Essaye alors !
- Bah moi... Pause. Ça me plairait, hum, d'être avec toi.
- Bah moi aussi.
- Alors on est ensemble ?
- Alors on est ensemble. Il affirme.
Le même sourire que j'avais réapparaît sur mon visage.
- Putain Luna t'as l'air débile comme ça, vraiment !
- Mais... Je fais semblant de bouder en croisant mes bras.
- Vraiment un bébé celle-là ! Tiens mange ça. Il me tend une barquette de framboise. Je viens de les acheter.
- Oh oui !!! Merci !
Lui il a une barquette de fraise. Nous mangeons dans le calme, tranquillement. Les fruits c'est vraiment un pur délice. C'est grave notre péché mignon.
- Hum... Dit Lucas en brisant le silence, je le regarde. Tu sais quand je suis venu chez toi là pour parler avec ton père... Tu as parlé d'une maladie que tu as eu, et euh j'ai pas osé renchérir dessus mais maintenant je peux, enfin je pense ? Enfin, c'était quoi cette maladie ? Et est-ce que tu es toujours malade ? C'était grave ? Enfin si tu veux pas en parler je...
- Lucas ! Le coupais-je. Calme toi, t'as l'air affolé. Je peux t'en parler si tu veux.
- Tu pourrais ? Vu que t'as du mal à parler ?
- Oui mais là c'est du passé, j'ai réussi à m'en sortir.
- D'accord, alors je t'écoute.
- C'est long hein. Mais bon... Alors... J'ai été diagnostiqué... dépressive l'année dernière. Mais tout a commencé quand j'étais au collège. Tu veux vraiment savoir ? Il hoche la tête. Même si c'est long ? Il hoche encore la tête. Tu vois mes cheveux ? Ils sont super roux et j'ai pas mal de tache de rousseurs sur tout le visage. Tu vois la mentalité au collège ? Bah tu rassembles les deux et ça crée le harcèlement. Pendant quatre putain d'années je me suis faite harcelée parce que j'étais rousse et que j'avais des taches de rousseur ! Tu te rends compte un peu comment quelques personnes peut te faire te détester ? Bah c'était mon cas. De plus, au collège j'étais plate, genre zéro forme, rien du tout. Ça pourrait t'étonner hein, on pourrait ne pas me croire en me voyant aujourd'hui. Et pourtant... On me harcelait déjà à cause de mes cheveux mais en plus de ça j'avais un autre surnom : « la planche à pain ». C'est débile comme nom hein mais bon... Les gens qui se moquaient de moi ne m'appelaient même pas par mon prénom mais pas ce surnom débile. J'avais perdu toute confiance en moi, je me détestais, je voulais juste changer tout sur moi. La plupart du temps je cachais mes cheveux, je mettais tout type de couvre chef, bonnet, casquette, béret, chapeau... J'en avais marre qu'on me réduise qu'à mes cheveux. Je me rappelle que j'en avais parlé à mes parents, ils avaient voulu m'aider, ils avaient appeler le collège pour que ce harcèlement s'arrête. Bah devines quoi ? Le collège n'en avait rien à faire, mais vraiment, pour eux c'était rien. Tu te rends compte à quel point le harcèlement était totalement sous-estimé ? Bref. C'est pas fini. Le collège se termine, je me dis que tout va s'arrêter. Je vais pouvoir rentrer au lycée, les mentalités vont changer. Eh bien je me suis peut-être un peu trompée... L'été de la troisième à la seconde mon corps a totalement changé. Comme je t'ai dit avant j'étais vraiment plate. Je n'avais ni seins, ni hanches, ni fesses, rien. Mais cet été-là m'a métamorphosé. C'est-à-dire qu'en deux mois j'ai prit des fesses, des seins et mes hanches se sont développées ! En seulement un été ! La nature est mal faite des fois... Mais pour moi ça me dérangeait pas plus que ça, en fait je n'y faisais pas vraiment attention, à mes yeux je n'avais pas changé plus que ça quoi. Mais alors aux yeux des autres c'était pas pareil. En particulier pour les mecs. Je ne généralise pas hein mais quand je sortais dans la rue ou dans des lieux publics ces mecs me regardaient de haut en bas en me matant, ils me prenaient clairement pour un bout de viande. J'avais 15 ans ! 15 ans putain... J'étais déboussolée moi, je ne comprenais pas grand chose. Arrivée en seconde, ça a encore empiré. Vu que j'avais des formes les garçons s'intéressaient enfin à moi ! Au début j'étais contente, parce que je n'étais plus si transparente aux yeux de tous. Mais il y a certains garçons qui ont abusé de ça. Et j'ai subi des... des attouchements sexuels. Je n'étais pas consentante, on me forçait. Quand j'avais sport il y avait un petit groupe de mec qui me bloquait dans les vestiaires et me touchait alors que je ne le voulais pas. Je voulais qu'ils arrêtent, je leur disais. J'essayais de les pousser, qu'ils me laissent tranquille mais ils étaient plus fort que moi et plus nombreux alors j'avais beaucoup de mal à réussir. Pendant des mois ça a continué. À vrai dire, pendant toute mon année de seconde. C'était horrible. Je n'avais jamais envie d'aller au lycée et encore moins le jour où on faisait sport. D'ailleurs je faisais beaucoup semblant d'être malade ces jours-là. Ils ont fini par arrêter parce que je les avais menacé mais vraiment beaucoup. Et si j'avais su que ça allait marcher je l'aurais fait beaucoup plus tôt... Enfin bref, nous voilà à mon année de première. La confiance en moi était à zéro mais vraiment. Je haïssais mon corps, je ne l'aimais pas du tout. Je le trouvais trop gros, trop volumineux, j'avais trop de seins ou de fesses alors qu'avant c'était tout l'inverse et je me détestais déjà pour ça. Tu te rends compte quand même... c'est seulement à cause des autres personnes que je me sentais mal avec moi-même, peu importe le corps que j'avais ils trouvaient tous quelque chose à critiquer. L'année de première était plus calme au début, je n'avais plus aucun harcèlement. J'étais juste très mal avec moi-même et tout le harcèlement que j'avais subi, que ce soit au collège ou au lycée m'avaient vraiment marqué et j'étais totalement atteinte psychologiquement. Mais il y a quelque chose de pire qui est arrivé, je ne pensais pas que quelque chose de pire que le harcèlement pouvait exister. En février 2017 j'ai perdu ma maman. Elle est morte dans un accident de voiture. Quelques larmes coulent, je ne peux pas m'en empêcher. Ça a été la fin du monde pour moi. C'était la fin de mon monde. Ma mère était vraiment tout pour moi. Après cette nouvelle, j'ai déraillé, complètement. Je suis passée dans le côté obscure. J'ai commencé à fumer, des clopes au début, c'était juste du tabac. Ensuite j'ai essayé les joints, et ça me faisait tellement de bien, ça me faisait oublier mes problèmes. Et vu que j'appréciais je me suis dit pourquoi pas aller plus loin ? Grave erreur. J'ai essayé quelques drogues dures aussi... Vraiment je faisais n'importe quoi, que des conneries. Je buvais comme une alcoolique. Je sortais tout le temps, tous les week-end et même en semaine. Je séchais les cours pour aller avec mes anciens potes et on fumait tout le temps. J'avais de mauvaises fréquentations. Et j'ai commencé à coucher avec les garçons. À coucher tout le temps et avec n'importe qui. Mais pour moi je m'en fichais, j'étais détruite mentalement alors j'essayais de remplacer ce vide par autre chose. Quand j'étais chez moi je ne faisais rien, je restais dans mon lit, dans le noir, toute seule, à me morfondre. Au bout d'un moment mon père l'a remarqué et a vu à tel point j'étais détruite. Il a prit les choses en main et m'a fait voir multiples psy. Je peux te dire que j'en ai vu... Mais aucun psy ne me plaisait, je ne voulais parler à personne. Jusqu'à ce que je trouve LA bonne personne. La psychologue qui m'a vraiment aidé. C'était une femme vraiment bien, que je vois encore de temps en temps. C'est elle qui m'a aidé. Et c'est elle qui a découvert que j'étais malade. Que j'étais dépressive. Elle m'a donc envoyé vers d'autres médecins qui m'ont prescrit un traitement. Ce traitement m'aidait, vraiment. J'ai pu rattraper tous les cours que j'avais loupé et les deux derniers mois de la première je faisais que bosser pour pouvoir avoir mon bac de français et de sciences. Et bah devines quoi ! J'ai eu de bons résultats malgré tout ce que j'avais vécu. Je marque une légère pause puis reprends après avoir essuyé correctement mon visage. Ensuite il y a eu l'été, eh bien j'ai rechuté. Je sortais tous les soirs, je faisais le mur tout le temps, je faisais la fête à boire et à fumer et à coucher encore avec n'importe qui. Je me suis épuisée à faire ça. Mais mon père ne le savait pas. Seule la psy le savait. Alors elle a décidé que je devais continuer le traitement jusqu'à ce que je me sente mieux. À la rentrée de terminale je me suis calmée. J'ai arrêté les joints, et surtout les drogues dures, j'ai arrêté de coucher avec n'importe qui et je le faisais seulement de temps en temps en soirée mais c'était que dalle comparé à avant. Je ne séchais plus les cours, je bossais mieux à l'école. Je ne sortais plus en semaine mais seulement pendant les week-end. J'ai juste continué les clopes, ça je n'arrive pas à arrêter. Maintenant je vais mieux. Et j'ai grave confiance en moi à présent. Ça fait du bien d'être en paix avec soi-même. J'ai accepté mon corps maintenant, j'ai compris que je n'avais pas le choix, et je l'aime bien. J'ai arrêté mon traitement depuis peu, depuis mars je crois et nous voilà en juin. Ça fait seulement 2/3 mois que j'ai arrêté. Mais je suis là, toujours vivante. Et j'ai enfin trouvé quelque chose qui me rendait heureuse, j'ai enfin trouvé la personne qui me rendait heureuse. Et c'est toi Lucas, tu es cette personne qui me redonne espoir. Je t'en remercie énormément.
Il passe de l'autre côté de la table et s'assoit à côté de moi. Il essuie les quelques larmes qui avaient re coulé le long de mes joues et me caresse le bras.
- C'est un honneur d'être cette personne. Et toi aussi tu me rends heureux Luna. Je suis vraiment heureux que tu sois entrée dans ma vie. »Il me fait un gros câlin et retourne s'assoir en face de moi. Un peu de silence s'installe. Ça fait du bien des fois. Surtout que j'ai parlé pendant je ne sais combien de temps. Ça soulage de s'exprimer de temps en temps.
« Je peux mettre de la musique ? Je demande en brisant le silence.
- Bien sûr. Il se lève. Je vais chercher une enceinte.
- D'accord, merci.
Il revient quelques secondes après. Je l'allume et connecte mon téléphone à celle-ci.
- T'aimes bien Lomepal ?
- Ouais ça passe. Mais vas-y mets !
- Ok. Je lance donc ma playlist de Lomepal où il y a une trentaine de ses sons. Moi j'adore, je suis une vraie fan.
- Tu sais que cet été je joue dans un festival où il y est aussi ?
- Arrête !? Vraiment ?
- Oui. Tu viendras avec moi.
- Putain mais oui ! Tu réalises un de mes rêves là !
- Ah ! Ton sourire débile réapparaît !
- Mais arrêteeeee !
Il rigole. Son rire est tout doux mais vraiment. J'adore.
- Tu sais que c'est bientôt mon anniversaire ? Dis-je en changeant totalement de sujet.
- Ah oui ? Quand ?
- Samedi prochain !
- Ok, bah je t'offrirai la lune et les étoiles. Dit-il en me faisant un clin d'œil.
- Pas besoin pour la lune.
- Bah pourquoi ?
- Bah je m'appelle Luna donc je l'ai déjà !
- Ok alors je t'offrirai les étoiles. Et hop encore un clin d'œil.
- Pas de problème.
Je finis ma barquette de framboise puis je me rallume une clope.
- Dis, Luna, ça fait depuis quand que tu fumes ?
- Bah je te l'ai dit... Ça doit être depuis la mort de maman...
- Ah oui pardon.
- T'inquiètes. Toi tu fumes pas ? Enfin je t'ai jamais vu une clope au bec.
- Non. Je ne fume plus. Avant oui, maintenant non.
- Ah ouais ? Qu'est-ce qui t'as fait arrêter ?
- La surconsommation. Je fumais beaucoup trop pour mon âge. Je fumais de tout et n'importe quoi. Je ne fumais pas que du tabac, sauf que j'achetais ça n'importe où et à n'importe qui. Un jour ça m'a tellement rendu malade que j'ai du aller à l'hôpital, j'ai vraiment cru que j'allais crever. Depuis je n'ai plus rien touché. Il me dit ça alors que je prenais une taffe de ma cigarette. Je m'étouffe un peu. Tu vois il y a rien de bon là-dedans.
- Tu as raison. J'écrase ma clope qui n'était qu'à la moitié et la remet dans le paquet, non je ne vais pas la jeter faut pas déconner ! Je vais essayer de diminuer, déjà je fume moins qu'avant c'est sûr mais c'est tellement dur d'arrêter.
- Oui je comprends. Je n'aurais pas vécu ça je serai sans doute encore en train de fumer. Faut peut-être frôler la mort pour se rendre compte de la dangerosité de la chose.
- Hum, j'ai pas vraiment envie de frôler la mort tu vois. Donc je vais essayer de faire attention, pour toi en tout cas.
C'est à mon tour de lui faire un clin d'œil.
- Ça serait génial Luna. »•
chapitre assez long... dites moi ce que vous en pensez (:
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jolie fleur🥀
FanfictionLuna encore lycéenne dans une petite ville, vit une vie tout à fait banale. Elle a sa famille, ses amiEs, ses amours. Elle s'amuse et profite de sa jeunesse. Un jour elle rencontre Lujipeka, rappeur du groupe Columbine. Rencontre très inattendue mai...