vingt-cinq

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Samedi 15 juin 2018,
8h26.

Je suis avec ma maman, nous sommes dans sa petite voiture et faisons une sortie toutes les deux comme à notre habitude. Aujourd'hui nous allons au musée pour voir une exposition d'un artiste qu'elle apprécie particulièrement. Elle m'a proposé d'y aller, j'ai accepté sans réfléchir. Donc nous voilà en route.

Elle a mit son téléphone sur le tableau de bord, dans un virage il glisse et tombe. Elle tente de le rattraper et n'est plus concentrée sur la route. Ce mini manque d'attention nous fait chavirer sur le bas côté. Je ne comprends pas trop. Nous avons fait des tonneaux. Ma tête est collée contre la vitre. J'ai peur. Je respire fort, je pleure mais aucun son ne sort de ma gorge, j'y suis privée à cause de ma ceinture qui me serre. J'essaye de tourner ma tête mais quelque chose me bloque. J'y arrive tant bien que mal et vois maman couverte de sang. J'essaye de l'appeler, de crier de toutes mes forces mais c'est pareil : aucun son ne sort de ma gorge. Je pleure encore plus, je crois que maman est morte. Je ne la vois pas respirer, elle n'a plus de souffle, son ventre ne bouge pas au rythme d'une respiration. Maman est morte devant moi, devant mes yeux et je ne peux rien faire. Mes larmes me brûlent les yeux, je vois flou, c'est horrible.

« Luna, eeeeh Luna, LUNA ! » Je me réveille en sursaut. J'ai cru entendre quelqu'un m'appeler. Je suis dans les vapes, qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Je tourne la tête et vois Lucas. Ses yeux sont remplis de peine, il est inquiet, il ne comprend pas. Il a une main posée en bas de mon dos et le caresse. Je me rappelle le rêve que je viens de faire. J'enfouie mon visage dans mes mains et me mets à pleurer.
Lucas me rapproche de lui et enroule ses grands bras autour de mon petit corps. Il ne dit rien et me laisse pleurer. Et je l'adore pour ça. J'ai besoin que mes larmes sortent et que mon chagrin s'évapore.

Je m'enlève de lui. J'ai besoin d'air. Lucas ne comprend toujours pas.

« Qu'est-ce que tu as Lulu ?
- J'ai fait un cauchemar. Je dois aller dehors. Il commence à se lever. Toute seule, s'te plaît.
- D'accord. Il se rassoit sur le lit et me regarde sortir par la fenêtre.

Il y a un léger vent, il doit être tôt, mais ça me fait du bien. Je crois avoir beaucoup transpiré, en tout cas je suis toute moite, mes cheveux sont tout collés. Je m'assois sur les marches de l'escalier de secours et essaye de calmer mon cœur qui bat très vite depuis que je me suis réveillée.

- Je peux pas te laisser toute seule alors que tu viens de t'arracher les cordes vocales à crier et à pleurer autant.

Je tourne la tête, Lucas se tient derrière la fenêtre. Je lui souris et lui fais un signe de tête pour l'autoriser à me rejoindre. Ses grandes jambes enjambent ma fenêtre et il vient s'asseoir à côté de moi. Il prend mes jambes et les posent sur les siennes. Il met un bras autour de ma taille. Je colle ma tête contre son torse. C'est vrai que j'ai dû beaucoup crier parce que ma gorge me fait mal.

- Qu'est-ce que j'ai fait ?
- De quoi ?
- Dans mon sommeil, je faisais quoi ?
- Tu as commencé à gigoter dans tous les sens, ce qui m'a réveillé. Tu commençais à lâcher des murmures et des petits cris, t'arrêtais pas de bouger la tête de chaque côté. Ensuite t'as commencé à pleurer, tu sanglotais comme un petit bébé. Puis à un moment t'as vraiment crié super fort et tu pleurais pour de vrai. Je ne pouvais pas te laisser comme ça alors je t'ai réveillé. Je pense que c'était mieux que si je te laissais dans ton cauchemar.
- Oui, je pense aussi. Je suis désolée. Il est tôt en plus, non ?
- Environ 8h30 je crois.
- Mouais. Je suis vraiment désolée.
- T'excuses pas jolie fleur, c'est pas toi qui décide de faire des cauchemars ou pas.

Le surnom qu'il vient de me donner est trop mignon. « Jolie fleur », ça me fait penser à un de ses sons : Temps Électriques avec « Jolie fleur t'es fanée ».

jolie fleur🥀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant