jolie fleur🥀

trente-sept (partie trois)

Après avoir passé trente minutes à discuter avec Joanna, on se sépare et je retrouve mon frère en train de se servir un verre, j'en profite pour m'en servir un aussi.

« Wesh mec. Il se retourne vivement à l'entente de ma voix, ses lèvres forment un grand sourire quand il s'apercoit que c'est moi.
- Putain meuf ! Merci bordel. Je fronce les sourcils.
- C'est quoi le délire ?
- J'ai vu Lorenzo ! J'ai pu lui parler ! Tu te rends compte ?
- Oh Lorenzo est là ?
- Mais oui ! Quoi, tu l'as pas encore vu ? Je secoue la tête.
- Je l'ai jamais vu encore.
- Naaaan ? Jure ?
- Hm, hm. Tu sais avec Lucas ça fait seulement quelques mois qu'on est ensemble et j'ai jamais eu l'occasion de le rencontrer.
- Donc ça veut dire que je l'ai rencontré avant toi ?! Putain j'ai vu Lorenzo avant toi !
- Tu veux que je te dise le nombre d'artistes que j'ai vu avant toi ? Alors Nekfeu, Lomepal, Caballero et...
- Chut, chut ! Ta gueule ! J'en peux plus que tu me nargues avec ça. Je souris fièrement.
- Bon et alors avec monsieur Lorenzo ?
- Bah il est pas du tout pareil que dans ses sons, ou ses interviews.
- Bah oui, abruti ! Lorenzo c'est un personnage qu'il joue.
- Ouais, je sais. Mais même sa voix est grave différente, ça fait bizarre, c'est tout.
- En vrai, c'est un sucre ce mec, il est adorable.
- Et comment t'es censée le savoir alors que tu l'as jamais rencontré ?
- Peut-être parce que mon mec et lui sont amis depuis dix ans ?
- Ok, ok, j'me tais. »

La soirée se passe réellement bien. Je m'entends bien avec des personnes différentes et j'en ai même rencontré des nouvelles, j'adore. Au final, j'ai aussi parlé avec Lorenzo, Lucas m'a présenté à lui. Et comme il m'avait dit : ce mec est une douceur incroyable, il est vraiment adorable. Mais ce qui m'enchante le plus c'est que Lucas semble vraiment heureux. Je ne suis pas restée avec lui ce soir, on a tous les deux fait nos choses de notre côté et ce n'était pas déplaisant. Je le regardais quand même de temps en temps et il était en train de sourire à chaque fois, ce qui me remplie de joie. Il est entouré de pratiquement tous ses amis et ça se voit qu'il kiffe sa petite party. C'est marrant de comparer cette soirée à la première qu'on a passé ensemble. La première fois que je suis venue le voir à Rennes, la première fois que je suis allée chez lui, la première que j'ai rencontré ses potes. Et surtout c'était la seule fois qu'il m'avait jarté de chez lui. Et ce jour-là a été le moment où il m'a fait le plus de mal. Je me suis sentie tellement abandonnée.

Il est 1h25 du matin et me voilà au même endroit où j'ai commencé la soirée : sur le balcon. Accompagnée de mon acolyte depuis ma naissance : mon frère. Pour de vrai, ça me fait plaisir qu'il soit là et surtout qu'il s'entende bien avec mon copain. Le voir ici me rappelle le nombre incalculable de soirée qu'on a passé ensemble. C'est en seconde que j'ai commencé à sortir, à faire des soirées et c'était cette même année que j'ai goûté pour la première fois à l'alcool. Depuis la primaire j'avais le même groupe de potes, qui était surtout des amis de mon frère. Alors depuis que je suis petite, et surtout grâce a mon frère, je traîne beaucoup plus souvent avec des personnes plus « vieilles » que moi et surtout avec des mecs. C'est pour ça qu'à chaque soirée où j'allais, Maël y était aussi. C'est avec lui que j'ai bu mon premier verre d'alcool, fumé ma première clope, prit ma première cuite. Ça pourrait paraître bizarre de partager autant de choses avec son propre frère mais moi ça ne m'a jamais dérangé. C'était plus ou moins rassurant de le savoir avec moi. Au moins, j'étais sûre de ne jamais m'ennuyer avec lui, et je savais que je pouvais compter sur lui à n'importe quel moment. J'ai clairement passé mes meilleures soirées avec lui, et mes copains. Mes meilleurs souvenirs d'adolescence.

Avant que maman ne parte, Maël et moi vivions une semaine chez elle puis une semaine chez notre père. Et maman connaissait nos amis depuis l'enfance, elle les a vu grandir, changer, mûrir. C'était l'équivalent d'une tante pour eux. Et dès qu'on était chez elle, les gars débarquaient à la maison et on faisait des soirées à l'improviste. Maman était la seule parent du groupe à accepter ça. Des fois on tapait même des repas de « famille » tous ensemble. Chacun faisait son petit plat et on bouffait comme des porcs. Le nombre de fois qu'on a fait ça sans que ça soit prévu... Ou alors les soirées film à être six dans un lit deux places à regarder Very Bad Trip ou des films d'horreur en gueulant tous comme des merdes quand on avait peur. On faisait clairement colonies de vacances quand tout le monde décidait de rester dormir et qu'on installait des matelas un peu partout dans la chambre. C'était vraiment super, c'était clairement des souvenirs incroyaux ;) Ça me faisait oublier ce que je subissais au lycée, les multiples remarques qu'on me faisait sur mon physique ou les attouchements sexuels que j'avais. Je savais qu'en rentrant chez moi, j'allais sans doute retrouver un ou deux copains devant chez moi, ou en train de discuter avec maman. Et qu'est-ce qui a fait arrêter tout ça ? Le fait que tous mes amis étaient en terminale alors que moi je n'étais qu'une petite seconde. Du coup, à la fin de l'année, moi je suis passée en première mais eux ont commencé leurs études supérieures. Alors ils sont partis comme Maël à Rennes, à Vannes, à Nantes ou bien à Angers. Alors on s'est tous perdus de vue, séparés en quelques groupes.

La mort de maman a aussi joué dans notre séparation. Vu qu'ils étaient tous très proches d'elle, ils ont été beaucoup affecté par sa mort. Malheureusement, ça nous a éloigné alors que l'inverse aurait été mieux. J'ai quand même eu du soutien de leur part, heureusement d'ailleurs. Ils ont été, malgré eux, là pour nous. Mais il y a quelque chose qui s'est brisée entre nous tous. Et puis je suis passée en première et j'ai rencontré Ella, pour moi c'était clairement la meilleure amie de ma vie, la meilleure copine que j'aurais pu avoir. Enfin, c'est ce que je pensais. Tout a changé en seulement deux ans, je trouve ça ouf.