Mégots

717 56 10
                                    

- Mais sinon...

Sam soupira. S'il y avait bien une chose que sa demi sœur savait faire c'était ne pas se taire et encore moins taire cette satanée curiosité. Si seulement il n'était pas obligé d'aller la chercher tout les jours après ses cours. Mais au moins son père s'était retrouvé obligé de payer l'essence. Il l'avait un peu attrapé sur le cou, l'homme n'avait pas osé refuser devant Lisa. Dés qu'elle avait eu le dos tournée, il avait fallu qu'il lui frappe dessus pour son insolence mais c'était pas cher payer pour l'état déjà catastrophique de son portefeuille.

- y a pas un garçon du lycée qui te plaît ? Tu sais, il est pas obligé de tout savoir.

- combien de fois je vais devoir te le dire, je suis pas gay

- alors je peux te présenter mon amie, tu sais elle est jolie et gentille. En plus depuis que tu viens me déposer et chercher, elle n'arrête pas de dire combien tu es trop beau... Rusa-t-elle

- non merci

- bah si elle ne te convient pas, je peux te présenter une autre fille, voir plusieurs, tu sais elles te dévorent toutes du regard parce que tu es à l'unif et que tu as une voiture. En plus avec ton look légèrement bad boy...

- les études sont plus importantes

Mélodie tenta d'autres approches mais se fit remballer à chaque fois puis focalisa son attention sur les plus jeunes une fois ceux-ci dans la voiture.

Sam était sorti fumer, comme d'habitude depuis trois ans, il alla se poser en tailleur sur cette table pic-nic. Personne venait dans ce parc. En même temps c'était pas forcément le plus beau des quartiers. Il n'inspirait pas confiance mais c'était là qu'il avait grandi.

Il regarda la fumée qu'il venait de craché s'évaporer devant lui. Il entendit des bruits de pas dans les graviers derrière lui, assez calme. Ils se stoppèrent à quelques mètres de lui.

- tu devrais pas fumé... fit une voix sortie de derrière lui

Le garçon au cheveux de jais ne se retourna pas. Il faisait déjà sombre en cette fin d'après-midi, c'était l'époque de l'année qui le voulait. Il prit une nouvelle bouffée de nicotine avant de recracher une fumée blanche.

- tu ne devrais pas être là... répondit Sam calmement

- en plus de te détruire la santé, tu vas attraper la crève à être dehors

- tu peux parler...

- moi au moins je ferme ma veste

Sam jeta un œil à sa parka ouverte sur son sweat-shirt. Il n'aimait pas fermer sa veste.

- rien à foutre, si ça me tuer, au moins cette vie de merde se terminera, il répondit d'un ton lasse

- me fait pas croire que tu le penses vraiment

- je suis juste une petite merde...

- dis pas ça

- c'est ce que tout le monde pense non ? L'école, les amis, la famille, les inconnus, ... tous... parce que je viens d'un quartier et d'une famille pourrie...

- c'est pas cette saloperie qui résoudra tes problèmes, si t'aurait vraiment voulu te tuer tu l'aurais déjà fait depuis longtemps non ?

Sam se figea, ne s'attendant pas à pareil réponse ni question. Il regarda le mégot de cigarette terminé de se consumer entre ses doigts. C'était probablement la seule chose sur laquelle il avait emprise dans sa vie et encore il se demandait si c'était pas ses parents qui lui avaient refilé cette saleté aussi. Il avait grandit entouré de deux fumeurs, il en avait même déjà servit à éteindre des mégots en punitions pour il soit sage. Il se souvenait parfaitement de la douleur ressentie et des traces qu'il cachait, honteux de s'être mal comporté et fait punir entre bleu, blessure et brûlure.

- joue pas au psy

La réponse tarda à venir, mais elle fut étonnamment calme :

- je t'ai écrit...

- moi aussi

- tout les mois...

- une fois... tu sais comment ça à fini...

- j'ai rien reçu

- normal, la lettre a brûlé devant mes yeux

Sam ferma les yeux, cet instant était encore gravé dans sa mémoire. Il était incapable de bouger. Il ne savait pas si la douleur extérieure des coups qu'il avait reçu était aussi pire que celle de voir la dernière lueur d'espoir être consumée devant ses yeux. Ce jour-là avait été la fin de ses espoirs, ce n'était plus que ténèbres autour de lui. Il était devenu esclave de son père.

- je n'ai reçu aucune de tes lettres... c'est pas étonnant...

Un léger ton ironique passa avec sourit léger qui disparut aussitôt arrivé.

Une suite de numéro fut alors épeler et agrémenter d'un :

- pas besoin d'écrire, je sais que ta cervelle à retenu... c'est un nouveau, mais je t'apprends rien

Sam décroisa les jambes et sauta sur ses deux pieds. Il jeta dans la poubelle en fer a côté de son lieu fétiche son mégot. Il enfonça ses mains dans ses poches.

- je peux très bien décider de l'oublier...

- fait comme tu veux mais tu en sera pas capable je le sais

Sam entendit la personne faire demi tour et retourner sur ses pas. Il regarda la lumière du lampadaire qui frappait son visage. Il ne devait pas se retourner, surtout pas. Sinon il était fichu de partout et tout recommencerai.

Renier Où les histoires vivent. Découvrez maintenant