Sombre Dérive

Prologue

            L'odeur du joint et de l'alcool se mélange dans le salon. Je ne sens plus rien, ni la douleur qui vrille mon cœur, ni celle qui irradie mon crâne. Je suis bourré, shooté et je me suis exilé vers un monde qui ne m'appartient plus. Je m'efforce de ne plus penser à rien, je me contente de fixer le plafond craquelé de l'appartement de mon pote.

Alors que je pourris chez lui depuis bientôt trois semaines, j'enchaîne les verres d'alcools forts et les pétards. Un mélange qui me retourne le cerveau, mais qui est nécessaire pour oublier. Cependant, quand la noirceur de mon passé se montre un peu trop insistante, je passe à un cocktail plus dur, plus hard et c'est ce que je viens de faire.

Malheureusement, ça n'a plus l'effet escompté depuis plusieurs soirs, au contraire je revis chaque instant, chaque moment, chaque minute passée avec elle. Je ferme les yeux et les images défilent une à une. Ses cheveux châtains, ses yeux bleus, son sourire, celui que je lui ai fait perdre lorsqu'elle est entrée dans mon monde. Celui de la débauche, des soirées arrosées et des drogues dures. Je regrette, elle ne méritait pas un tel traitement, je l'ai rendue accroc à tous ces produits illégaux. Elle a tenté plus d'une fois de me dissuader de continuer, mais je ne l'ai pas écoutée, bien trop dépendant de cette merde qui me bousille jour après jour.

Elle ne comprenait pas que je n'avais aucune envie de m'en sortir, pas même pour elle, surtout pas pour elle. Mes démons bouffaient mes chairs de l'intérieur depuis si longtemps que je ne luttai plus contre et ça, elle ne le savait pas. Non, elle ne connaissait rien de moi juste ce que j'avais bien voulu lui montrer. Elle désirait me sauver, me guérir de mes maux, mais personne ne le pouvait. J'étais bien trop abîmé pour ça et surtout je ne méritai pas une telle attention.

Pourtant, j'ai aimé ces moments auprès d'elle. Entendre son rire était une bouffée d'oxygène. Alors que ses gémissements au creux de mon oreille quand elle était au bord de l'orgasme me faisaient me sentir vivant. Tous ses souvenirs me font mal, une douleur que je ne pensais même pas possible.

Elle était la première à croire et voir en moi quelque chose de bon. Et aujourd'hui, elle n'est plus là pour me remettre sur le droit chemin, non je suis seul sur ce canapé à me défoncer jusqu'au coma. Je pourrais y mettre fin, mais je dois souffrir pour réparer tout le mal que j'ai fait autour de moi, autour d'elle.

Elle est partie et elle ne reviendra pas, je l'ai perdue à jamais.