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Aliona

            Une main chaude parcourt mon corps nu, je frémis à ce contact des plus agréables. Alex éveille en moi, des émotions que je ne pensais pas connaître un jour. Il est à la fois doux et sauvage, et j'aime ces deux côtés de sa personnalité. J'ouvre les yeux difficilement et je constate que ses cheveux sont mouillés, mais également qu'il est habillé.

— Je pars bosser, prends ton temps, murmure Alex.

— Il est quelle heure ? bafouillé-je.

— Encore trop tôt pour toi, je t'ai laissé un truc contre les maux de tête.

— Comment sais-tu que j'ai mal au crâne ?

— Tu as vidé la bouteille hier soir, juste après cette pipe des plus merveilleuses.

            Je sens mes joues chauffées face à cette révélation et me cache le visage avec son oreiller. Je l'entends rire et une chose est sûre, j'aime ce son. Il m'arrache le coussin et dépose ses lèvres sur mon front.

— Laisse les clés dans la boîte aux lettres en partant.

— On pourrait déjeuner ensemble, comme ça je te les redonne en même temps.

— Ouais, ça me va. On se retrouve au snack près de mon garage ?

            J'acquiesce d'un hochement de tête, puis Alex m'embrasse avant de quitter sa chambre. Je remonte la couette jusqu'à mon cou, et ne tarde pas à retourner dans les bras de Morphée.

            Lorsque je rouvre les yeux, je constate que je me suis rendormie deux bonnes heures. J'ai toujours un peu mal à la tête, mais rien de dramatique. Je décide tout de même de prendre ce qu'Alex a prévu pour moi. Je m'habille lentement et c'est encore ensommeillé que j'avance jusqu'à la cuisine. Je souris en voyant qu'un petit déjeuner m'y attend. Je grimpe sur le tabouret près du bar après avoir réchauffé mon chocolat. J'avale la gélule avec la première gorgée de celui-ci, puis je croque dans un croissant qu'Alex a dû aller chercher à la boulangerie en bas de chez lui.

            Mon cœur se serre quand je repense à ses révélations, au fait que son père l'ait mis dehors sans prendre en compte ses dires. J'aurais voulu lui poser plus de questions, mais j'ai senti que j'avais atteint mon quota pour la soirée. Me révéler tout ça a déjà été bien difficile pour lui.

            Mon petit déjeuner terminé, je quitte l'appartement d'Alex. Je descends les marches en sautillant, un large sourire aux lèvres. Je me sens légère et de bonne humeur, je lève les yeux vers le ciel et je constate que celui-ci ne s'accorde pas à mon humeur. Il est gris et la pluie menace de tomber d'ici peu. Je ne m'attarde pas et presse le pas pour rentrer chez moi. J'arrive juste à temps dans le hall de mon immeuble avant que les premières gouttes n'apparaissent. Je monte les escaliers toujours de bonne humeur quand arrivée dans le couloir, je découvre la silhouette de celui qui m'a trompée. Mon sourire s'efface aussitôt, il n'a pas compris que je ne veux plus le voir, que je l'ai rayé de ma vie ?

— Qu'est-ce que tu fais ici ? craché-je rageusement.

— Tu me manques, Aliona.

—Laisse-moi tranquille.

            J'ouvre mon appartement, alors qu'il se décale pour me laisser faire. Je rentre avec l'idée de lui claquer le battant au nez, mais il anticipe en mettant son pied pour bloquer la porte. Il entre et avance vers moi la mine fermée, je recule et la peur qu'il m'inspire s'incruste dans mes veines.

— Va-t'en, Lenny, marmonné-je.

— Non, répond-il d'une voix sombre.

            Il se jette sur moi, et dépose sa bouche sur la mienne. Ses bras m'emprisonnent avec force et il m'est impossible de le repousser. Je garde les lèvres scellées, mais ses dents se plantent dans celles-ci et il profite que je les ouvre pour y glisser sa langue. J'ai envie de vomir, mon corps tremble, je ne comprends pas ce qui lui arrive. Jamais il n'a été violent envers moi, c'est comme si j'avais une autre personne en face de moi. Il libère une de ses mains et commence à la glisser sous mes couches de vêtements. Je décide de lui mordre la langue, il recule en grognant, mais me maintient toujours près de lui.

— Tu es une petite sauvage en fait.

— Lâche-moi ! crié-je.

— J'ai envie toi, Bébé.

            Je me fige quand il prononce ce surnom qu'il me donnait. Il n'a plus le même effet sur moi, il me répugne, me ramène à sa tromperie, à tout ce qu'il m'a balancé sans préambule ce jour-là. Il me force à reculer, mon dos cogne contre le mur, son bassin appuie contre mon bas ventre. Si bien que je sens son érection contre celui-ci. Je sens la nausée s'emparer de moi, je serre les dents, les larmes montent au coin de mes yeux. Je tente de me débattre lorsqu'il attrape mes poignets pour les mettre au-dessus de ma tête. Je veux que ça s'arrête. Je tortille mon bras et enfin j'arrive à le libérer. Ma main claque sur sa joue avec force, il a un mouvement de recul et finit par me libérer. Je m'éloigne de l'autre côté du canapé sans le quitter du regard. Il est furieux et je ne sais pas comment je vais me sortir de là. Ses yeux sombres se posent sur moi, un sourire sadique se dessine sur son visage, mais contre toute attente il regagne l'entrée.

— Tu me reviendras, Aliona. Tu verras que tu ramperas devant moi quand tu connaîtras la vérité sur ton nouveau mec.

            Il part et je me précipite pour fermer la porte à double tour. Ne tenant plus sur mes jambes, je me laisse glisser contre le mur. Je suis sous le choc, je ne comprends rien à ce qu'il a voulu me dire. Quelle vérité ? Il me fait peur et je sais au fond de moi qu'il reviendra, Lenny ne supporte pas l'échec. Les larmes coulent sur mes joues sans que je m'en rende compte. Je reste assise, les jambes collées contre ma poitrine, incapable de faire le moindre mouvement. Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi, c'est la sonnerie de mon téléphone qui me ramène à la réalité. Fébrile, je le sors de la poche de mon manteau que je n'ai toujours pas retiré.

— Ali ?

            La voix d'Alex résonne à l'autre bout du fil. Je n'arrive pas à parler tant je suis encore perturbée par ce qu'il vient de se passer. Mon prénom résonne, mais je suis incapable de prononcer le moindre de mot.

— Ali, qu'est-ce qui se passe ? s'inquiète-t-il.

— Il est venu et... j'éclate en sanglots sans terminer ma phrase.

— Qui ?

— Lenny, réussis-je à dire.

            Il raccroche, je laisse mon portable sur le sol et mes yeux se perdent à nouveau dans le vide. J'espère que tout ceci n'est pas réel, que c'est un cauchemar duquel je vais me réveiller.

            Je sursaute lorsque des coups sont donnés à la porte. Je fixe le battant sans aucune réaction, la peur qu'il soit revenu, qu'il se trouve juste derrière me coupe la respiration.

— Ali, c'est moi. Ouvre s'il te plaît.

            Dans un effort qui me semble surhumain, je me lève et m'exécute. Je me jette dans les bras d'Alex et aussitôt, je me sens rassurer. Mon corps est pris de spasmes incontrôlables. Je craque, alors que je sens mes pieds quitter le sol, j'enroule mes jambes autour de sa taille de peur qu'il me laisse.

— Je suis là, murmure-t-il en caressant mes cheveux.

            Il s'assoit sur le canapé, tout en me gardant contre lui. Je suis en sécurité, je ne crains plus rien, cet homme m'apaise. Il saisit mes épaules et me force à le regarder, mais j'en suis incapable et détourne les yeux. La honte s'incruste en moi, je me sens fautive de ce qu'il vient de se passer.

— Ali, regarde-moi, chuchote-t-il.

— C'est pas de ma faute. Je ne voulais pas qu'il m'embrasse, c'est lui. Je ne voulais pas Alex, je ne voulais pas... je te jure...

            Je sens Alex se raidir, sa mâchoire se crispe et la crainte qu'il parte m'effraie. Je ne veux pas qu'il me quitte, qu'il m'abandonne, je me sens si bien à ses côtés. Il dépose ses paumes de chaque côté de mes joues, essuies mes larmes et m'embrasse avec une telle douceur que mon cœur s'emballe dans ma poitrine. Je le suis dans ce baiser qui me fait un bien fou, il transmet tant de choses. Mon cœur s'emballe, il vibre pour lui, pour cet homme abîmé, complètement paumé. Je resserre mes doigts dans sa chevelure de peur qu'il s'évapore, de peur que tout ça ne soit pas réel.

Je l'aime, je suis amoureuse de cet homme torturé.

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant