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Alex

L'heure tourne et je n'ai toujours aucune nouvelle d'Aliona. Elle devrait déjà être là depuis plusieurs minutes. Elle ne répond ni à mes appels ni aux différents messages que je lui ai envoyés. L'inquiétude me gagne. Habituellement, elle me prévient si elle doit rester un peu plus que prévu à la fac, mais celle-ci est fermée depuis longtemps déjà. J'écrase mon joint avant d'attraper mon paquet de clopes. Mon blouson sur le dos, je quitte mon appartement pour rejoindre le sien.

Une idée malsaine du métis venant la faire chier s'incruste dans mon cerveau et je jure que si j'apprends à nouveau qu'il l'a importunée, je lui pète les dents. Je presse le pas dans les rues de la ville, le froid me fouette le visage et j'ai vraiment hâte que le printemps arrive, c'est l'une de mes saisons préférées. Mon côté lubrique est ravi de savoir que ces affreux collants ne couvriront plus les jambes d'Aliona, pour mon plus grand bonheur. Je pourrais la faire mienne où je le souhaite, comme sur le capot de sa voiture par exemple. Je souris bêtement en y pensant, cette fille a ce don de me rendre heureux et insouciant. Elle est exceptionnelle.

Arrivé devant son immeuble, je suis étonné de voir la lumière de son salon allumée. Cela signifie qu'elle est bien chez elle. Je me précipite dans le hall, puis grimpe les marches quatre à quatre. Je n'attends pas une seconde de plus et frappe à sa porte avec impatience. J'entends des pas, puis plus rien et enfin la poignée se tourne. Lorsqu'elle ouvre le battant, mon sourire s'efface aussitôt. Ses yeux rougis et gonflés m'indiquent qu'elle a pleuré. Elle détourne son regard, sa bouche s'entrouvre, mais aucun son n'en sort.

— Que se passe-t-il, Ali ? murmuré-je.

Elle se mord la lèvre avec force, et retient ses larmes. Bon sang, mais qu'est-ce qu'elle a ? J'avance d'un pas vers elle, mais elle me stoppe en levant la main vers moi. Elle prend soin de ne pas me toucher et je ne comprends pas ce qu'il se passe. Mon cœur s'affole dans ma poitrine, et j'ai comme un mauvais pressentiment.

— Il... m'a tout raconté, articule-t-elle avec difficulté.

— Qui t'a raconté quoi ?

— Noah.

Lorsqu'elle prononce son prénom, c'est comme si je recevais un coup de poignard dans le ventre. Tout s'embrouille dans ma tête, je ne sais pas ce qu'il a pu lui raconter comme connerie, mais je n'aime pas l'idée qu'il est pu s'entretenir avec elle.

— Laisse-moi entrer, je vais tout t'expliquer.

— Non !

Son ton est sans appel, pourtant je refuse de l'écouter, elle doit savoir. Il est temps que je lui révèle toute l'histoire.

— Erika était fragile psychologiquement, j'ignorais jusqu'à quel point... commencé-je.

— Tais-toi ! Je ne veux rien entendre.

— Ali...

— Tu as laissé cette fille s'enfoncer sans rien faire, tu... elle portait... ton enfant et tu as fait en sorte de... le tuer...

Sa voix se brise et un sanglot sort de sa gorge en prononçant ces derniers mots, alors que je reste sur le cul face à cette version déformée de Noah. Je ne devrais même pas être surpris de sa démarche.

— Non ! Bien sûr que non ! J'en serais incapable, Aliona...

J'amorce un pas vers elle, mais elle recule. Je me sens impuissant, ce connard vient de tout foutre en l'air avec ses mensonges.

— Écoute ma version, insisté-je.

— J'ai besoin de temps.

— Combien ?

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant