53

2.8K 279 49
                                    

Alex

J'ai eu l'impression d'être un adolescent irresponsable face aux recommandations du personnel du centre.

Interdiction de fumer, de boire, de me droguer.

Je ne suis pas abruti non plus, je ne vais pas mettre les premiers jours de souffrances passées ici à la poubelle et recommencer de zéro. Mon but est tout de même d'en partir au plus vite, pas d'y passer ma vie. Assis dans la voiture, mon père me conduit jusqu'à la salle d'exposition. Le stress est à son apogée, ce qui ne me ressemble pas du tout habituellement. Mais revoir cette fille qui remplit mes rêves chaque nuit me rend nerveux. Par précaution, le psy m'a refilé un calmant afin que je ne perde pas le contrôle si toutefois une crise de manque se pointait. Malgré tout, je pense être en mesure de la gérer.

Après plusieurs minutes de route, nous pénétrons enfin sur le parking de la galerie. Mon père se tourne vers moi, un sourire rassurant sur le visage.

— Elle doit vraiment compter dans ta vie, cette jeune femme ?

— Oui, mais tu m'excuseras, je n'en suis pas encore à te confier mes sentiments et tout ce qui concerne ma vie privée.

J'ai conscience de ne pas être sympa, mais il ne va pas croire que je vais fermer les yeux comme ça du jour au lendemain. Je sors de la voiture sans plus attendre et réajuste ma chemise nerveusement. Oui, j'ai fait un relooking, un jean neuf et une belle chemise blanche, en revanche ma tignasse reste indomptée et j'ai également ma barbe de trois jours, mise au propre pour l'occasion. Je veux qu'Aliona se rende compte des efforts que je suis en mesure de faire.

Mon père me rejoint, puis nous pénétrons dans une grande salle, remplie de tableaux de toutes les couleurs, mais aussi de sculptures étranges et cela me rappelle la première fois que j'ai vu les œuvres d'Ali. Nous avançons dans une allée, lorsque je la vois. Elle est de dos, seule son amie qui lui donne un coup de coude m'a vu, et quand Aliona se tourne, que nos regards s'accrochent, j'oublie ma résolution de ne pas lui parler.

Elle est magnifique dans cette robe longue à la couleur de ses yeux. L'envie de courir pour la prendre dans mes bras et l'embrasser me brûle les tripes. Je ne me m'arrête pas dans ma lancée, et continue ma marche jusqu'à elle. Positionné devant cette femme sublime, je garde tout de même une certaine distance, pourtant l'attraction est bien présente et ses pupilles brillantes ne mentent pas, elle ressent la même chose.

— Salut, Ali.

Des larmes s'échappent de ses yeux et coulent sur ses joues. La faire pleurer ne faisait pas partie du plan, aussitôt son amie l'enveloppe de ses bras, mais Aliona la repousse gentiment avant de reporter son attention sur moi. Mon cœur bat vite dans ma poitrine, mes mains sont moites et j'ai une trouille qu'elle m'envoie chier devant tout le monde, bien que je doute qu'elle soit capable d'une telle chose.

Aliona avance d'un pas, ses sourcils se froncent et son regard est maintenant empli de colère et de tristesse, un mélange qui me fait mal aux tripes, car je suis la cause de ces tourments.

— Que fais-tu ici ? demande-t-elle perturbée.

— Je voulais juste te voir et...

— Je ne crois pas que ce soit l'endroit ni le moment pour se parler, dit-elle gênée.

— Je sais, mais il y a eu des changements et...

— Alex, je n'ai pas le temps-là, lance-t-elle en regardant autour d'elle.

Hors de question que je la laisse m'échapper. C'est ce soir ou jamais, je n'aurai pas d'autre autorisation de sortie avant de pouvoir m'expliquer.

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant