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Alex

Aliona m'embrasse comme si sa vie en dépendait, je la laisse faire et l'accompagne dans sa détresse. Je lui fais du bien et c'est ce que je souhaite au plus profond de moi. Elle est si parfaite, si belle, si... elle, tout simplement. Je suis accro à cette nana comme jamais je ne l'ai été pour une autre, même elle ne me faisait pas cet effet-là. Je ne suis pas guéri et je ne le serais sans doute jamais complètement, mais Ali me fait me sentir moins coupable de ce qui est arrivé. Elle me redonne l'espoir d'un avenir et putain, rien que pour elle, je suis prêt à avancer, à reprendre le droit chemin.

Bordel, que je l'aime, je suis dingue d'elle !

Lorsqu'elle rompt notre échange, ses larmes ont cessé de couler. Je refuse qu'elle parle pour l'instant, alors je cale sa tête contre mon épaule. Je ne suis pas certain de garder mon calme face à ce que ce connard a pu lui faire. La violence ne fait pas partie de mon caractère, mais je pense que cela pourrait changer s'il la touche encore une fois. Mes doigts se crispent à cette pensée, une tension inconnue parcourt mes veines, Aliona doit le sentir, car elle bouge et son regard perdu plonge dans le mien. Ses beaux yeux saphir sont éteints, et ça me fait mal.

— Il va revenir, suffoque-t-elle.

— Je vais rester avec toi, la rassuré-je.

— Il a...

Elle se lève d'un bond et se dirige vers la salle de bain. J'ôte mon blouson et la rejoins, elle vomit sans pouvoir s'arrêter. Je m'accroupis à ses côtés, alors que son estomac continue de se vider. Je me sens impuissant, mais je reste près d'elle. Je me relève pour attraper un gant que je passe sous l'eau, puis je le passe sur son visage.

— Viens, chuchoté-je en saisissant sa main.

Aliona se met debout avec difficulté, je la maintiens contre moi pour rejoindre sa chambre. Elle s'allonge aussitôt sur son lit en se mettant en position fœtale.

— J'ai essayé de le repousser, murmure-t-elle.

— Ali...

— Je te jure Alex, j'ai fermé la bouche, mais il m'a mordue. Sa main... je ne voulais pas, alors je l'ai mordu à mon tour et puis...

Au fur et à mesure de ses révélations, mon sang pulse dans mes veines, et j'ai vraiment envie de démolir son ex. Je ferme les paupières afin de canaliser cette colère qui me ronge et ne pas effrayer Ali plus qu'elle ne l'est déjà.

— Il m'a dit que je ramperai devant lui quand je connaîtrai la vérité sur toi.

Je fronce les sourcils, mon pouls s'accélère. Son ex ne peut pas être au courant, il ne peut pas savoir, cette histoire n'a pas fait la une des médias. Je reste muet, des sueurs froides font frémir mon épiderme, je dois lutter, tenir le coup. Aliona a besoin de moi, je refuse de la laisser seule. Pourtant, le manque s'incruste, mon corps réclame sa dose pour faire face à mon mal être soudain dû à sa révélation. Un jour ou l'autre, elle saura.

Plus tard sera le mieux.

— Relève-toi.

Aliona s'exécute sans un mot, je déboutonne son manteau et le pose au sol, puis elle se rallonge. Je retire ses chaussures que je laisse au pied du lit, je fais de même avec les miennes avant de m'installer derrière elle. Je passe mon bras autour d'Aliona et colle son dos contre mon torse. Elle se laisse aller, je la sens se détendre, je glisse ma main sous son pull et constate qu'elle est gelée. Je rabats la couette sur nous et dépose un baiser sur sa tête.

— Repose-toi, je ne bouge pas d'ici.

Si Aliona s'est endormie, ce n'est pas mon cas. Sa phrase tourne en boucle dans ma tête, et cela me perturbe tellement que je suis en train de lutter contre l'envie de me fumer un joint. Je n'ai rien sur moi comme souvent en journée, je n'avais pas prévu que celle-ci se déroule ainsi. Je dégage doucement mon bras pour ne pas la réveiller. Elle bouge légèrement, mais reste les paupières closent. J'ai peut-être le temps de retourner chez moi et revenir avant qu'elle ouvre les yeux. Sur la pointe des pieds, je sors de la chambre, quand sa voix résonne dans mon dos.

— Tu vas où ? demande-t-elle d'une voix endormie.

Je reviens sur mes pas et m'assois sur le matelas.

— Je vais passer chez moi prendre des affaires.

— D'accord, tes clés sont dans mon sac.

— Tu te sens mieux ?

— Oui, ça va.

— Je fais vite.

Je dépose mes lèvres sur son front avant de partir. En franchissant la porte de son appartement, je réalise que je n'ai plus rien. Mon patron m'a définitivement viré, je ne sais pas comment je vais subvenir à mes besoins maintenant que je n'ai plus d'emploi. Une merde de plus à ma vie rêvée...

Arrivé chez moi, je me dépêche d'enfouir quelques fringues dans un sac, puis je me dirige vers mon salon et ouvre le tiroir de la table basse. Je récupère la boite noire et un sachet en plastique. Je ne vais pas me faire un joint maintenant, je ne veux pas laisser Aliona seule trop longtemps. J'attrape également deux bouteilles dans le meuble de la cuisine, les mauvaises habitudes sont là. Noyer le mal être dans l'alcool et la drogue, un vice que je vais avoir du mal à mettre de côté, et encore plus maintenant.

Je sors une clope lorsque je suis dehors, je marche en direction de chez Aliona quand je le vois. Il se dirige vers moi, un sourire de connard accroché à sa gueule d'ange qu'il n'est pas. Mes doigts se crispent sur les lanières de mon sac que je tiens à la main. Je ne lui ferais rien, parce que ce n'est pas mon genre, pourtant j'en crève d'envie. Lorsqu'il arrive à ma hauteur, il s'arrête, et me dévisage avec insistance.

— Quand Aliona saura ce que tu as fait, elle ne te le pardonnera jamais. Je serais là pour la soutenir et elle me reviendra.

— Ne t'avise pas de l'approcher à nouveau, le menacé-je.

— Sinon, quoi ? Tu veux ajouter une ligne à ton CV ?

— Pourquoi tu ne lui as pas encore dit, alors ? le défis-je.

— J'attends qu'elle soit amoureuse, qu'elle est une confiance aveugle en toi, pour qu'ensuite elle tombe de haut et qu'elle se rende compte que ce que je lui ai fait n'est rien comparé à toi.

— Tu es un malade, craché-je.

— Moi, je n'ai tué personne.

— Comment... mes mots de meurent dans ma gorge.

— Le monde est petit, Alex.

Mes yeux s'écarquillent, puis avec un sourire satisfait, il me contourne et reprend son chemin. Je ne bouge pas, les personnes m'évitent, certaines râlent et j'en ai rien à foutre. L'envie de me défoncer est forte, me mettre minable comme l'autre soir chez Cole. Je pourrais le rejoindre, sauf que j'ai promis à Aliona de la retrouver. Tant pis, elle m'a déjà vu comme ça et ça lui fera du bien à elle aussi. Je ne résonne pas comme il faut, j'en ai conscience, mais pour l'instant, j'ai besoin de m'évader et vite.

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant