Épilogue

4.2K 362 89
                                    

L'odeur fruitée de son parfum envahit le salon. Je me sens bien, vivant, heureux et mon cœur ne me fait plus mal. Je ne suis pas bourré ni shooté, pourtant j'ai l'impression de planer tant ce bonheur prend une place immense dans mon corps. Il s'imprègne dans chaque pore de ma peau et c'est agréable, mieux qu'un rail de coke ou d'une quelconque drogue. Allongé sur le canapé, la nuit m'enveloppe de sa douceur, seule la pleine lune diffuse sa lueur au travers des fenêtres.

Je revis depuis trois ans, c'est comme si mon existence d'avant n'avait jamais existé. Je ne dis pas que c'est facile tous les jours, parce que ça ne l'est pas. Mais j'arrive à surmonter mes démons les plus sombres, parfois ils viennent encore chercher la merde, mais je ne suis plus seul pour les affronter. Et surtout, je ne m'enferme plus, je parle, je dis quand je me sens mal, quand j'ai des doutes. La guérison sera longue, mais je sais que j'en suis capable.

Ma nouvelle drogue, celle dont je suis dépendant depuis le jour où mes lèvres ont rencontré les siennes, dort paisiblement à l'étage. Je lui offre un moment de répit, elle est épuisée de ses longues journées interminables. Ali est ma vie, mon ancre et une femme extraordinaire. Aujourd'hui, après avoir écumé les salles d'expo, elle enseigne son savoir-faire à l'université et elle est une prof reconnue et très douée.

Tandis que de mon côté, je bosse dans mon garage. Oui, le mien, celui que j'ai ouvert il y deux ans, je suis patron et contre toute attente, mon père a été mon premier client. Mais surtout, il m'a aidé et soutenu dans ce projet. Je lui ai pardonné et il s'est excusé, mais surtout il a divorcé de cette salope durant ma cure de désintox. Leur couple était déjà bancal après mon départ, puis il est revenu de son périple en la laissant sur place, elle ne faisait pas partie des bagages. Nos rapports avec mon père sont encore parfois un peu maladroits, mais nous progressons.

Mes bras se resserrent doucement autour de ce corps qui s'est endormi sur mon torse. Sa respiration est calme et régulière, je ne pensais pas qu'un si petit être pouvait prendre autant de place dans mon cœur. Ses yeux bleu saphir sont identiques à ceux de sa mère et j'espère qu'il les gardera. Il bouge légèrement, remontant ses genoux, on dirait une grenouille dans cette position, je souris alors qu'il bave sur mon t-shirt, mais je m'en moque. C'est bien le dernier de mes soucis.

Je l'aime de tout mon être, comme sa mère, cette femme qui m'a sauvé de l'enfer. Je la remercie chaque jour qui passe, de toute sorte de façon. Je lui rappelle combien je tiens à elle, Ali est mon ancre, ce rocher auquel je m'accroche pour ne plus sombrer comme par le passé, car oui, il s'agit bien du passé.

— Alex, m'appelle une voix endormie.

— Chut...

Son visage apparaît au-dessus de moi, puis Aliona s'assoit sur le bord du canapé en caressant la tête de notre petit bonhomme.

— Retourne te coucher, je m'en occupe.

— Tu veux que je prépare son biberon ?

— Il dort, je le ferai. Ne t'en fais pas.

Elle se penche vers moi et dépose ses lèvres sur les miennes. Aussitôt un frisson me parcourt et lorsqu'elle s'éloigne, je peux percevoir son envie pour moi au fond de ses pupilles.

— Tu me rejoins.

Ce n'est pas une question et notre attraction étant toujours aussi forte, elle sait que je vais déposer notre fils dans son lit avant de la retrouver et la faire jouir jusqu'à ce qu'elle me dise d'arrêter.

— J'arrive.

Elle ne partira pas, elle est bien là, et je ne l'ai pas perdue.

FIN

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant