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Aliona

Un silence de mort règne dans l'habitacle, Cathy conduit sans me parler ni même me jeter un regard. Elle est en colère contre moi et je le conçois tout à fait. J'ai dépassé les bornes, mais cela fait quatre jours qu'elle me surveille et elle ne m'a toujours pas engueulée, nos discussions sont courtes et sans intérêt. C'est elle qui est venue me chercher à l'hôpital le lendemain de mon malaise, et nous n'avons pas non plus évoqué celui-ci. Elle met son clignotant, puis nous pénétrons dans l'allée fleurie qui mène à une petite maison que mon amie a louée pour le week-end. Je ne voulais pas venir, mais elle m'a fait comprendre, juste en un regard, que je n'avais pas le choix.

Je souffle alors qu'elle coupe le moteur, puis elle se tourne vers moi. Ses sourcils froncés vont finir par se toucher à force.

— Ne crois pas que je vais te laisser tranquille durant ces deux jours. J'ai établi un programme digne de l'armée pour te faire oublier tout ce qu'il s'est passé. Tu vas revêtir tes affaires de sport et nous allons faire un footing de suite.

J'éclate de rire et cela fait longtemps que ça ne m'est pas arrivé. Cathy déteste le sport et le fait qu'elle me propose d'en faire à ses côtés me fait gentiment marrer.

— Cathy, sois raisonnable, me moqué-je.

— Je te déteste ! hurle-t-elle dans la voiture.

Ce changement de comportement me surprend, je vois les larmes envahir ses pupilles. Ses lèvres tremblent légèrement. Elle secoue la tête de gauche à droite avant de plonger son regard dans le mien. Elle est triste et fâchée en même temps.

— Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu ne m'as pas informé que Liam te donnait ce truc ? Pourquoi tu ne m'expliques pas ce qu'il se passe dans ta tête ? Pourquoi tu ne me parles plus quand ça ne va pas ? s'emporte-t-elle.

— Je suis désolée, murmuré-je.

— Je suis ton amie, et je suis là pour toi. Imagine, si tu y étais restée ? J'ai eu la trouille quand j'ai vu débarquer Liam. J'ai eu peur ! Tu comprends ? Merde, Aliona ! Tu n'as pas le droit de te détruire de la sorte pour je ne sais quelle raison ! Tu comptes pour moi, finit-elle en laissant échapper un sanglot.

Elle reprend son souffle, et balaie ses larmes d'un geste de la main, avant de sortir de la voiture. Je reste immobile dans le véhicule, abasourdie par tout ce qu'elle vient de me dire.

— Tu as deux jours pour tout m'expliquer, pas un de plus, m'annonce-t-elle en ouvrant ma portière.

— C'est... Alex...

— Faut pas être sorti de Saint-Cyr pour le deviner. Ce que je veux, c'est connaître les moindres détails de votre dispute qui, d'après tes dires, n'avait rien de grave. Tu t'y serais prise comment si cela l'avait été ? En t'ouvrant les veines ?

La virulence de ses propos me met mal à l'aise, et quelque part, elle n'a pas tort. J'ai pris conscience en sortant de ma nuit d'hospitalisation suivie d'un sermon du médecin, que ce je faisais était vraiment n'importe quoi. Je n'ai d'ailleurs pas repris contact avec Liam et j'ai ignoré tous ses messages et appels. Contrairement à ce que j'ai pu penser, il est nuisible et ne m'a rien apporté, hormis un début de dépendance aux produits qu'il me donnait.

Je ne dis pas que mon corps ne réclame pas sa dose, mais j'arrive à gérer, car cela ne faisait pas longtemps que je prenais ces trucs. Une chose est sûre, je ne recommencerai pas, même si durant ce laps temps où j'ai traîné avec Liam, j'ai pu oublier, et apaiser la douleur, cela ne l'a pas fait disparaître malgré tout. Elle est toujours là, incrustée au fond de mon cœur, prête à surgir à tout moment pour me rappeler combien j'aime cet homme écorché par la vie. Je ne lui ai laissé aucune chance de s'expliquer, de toute façon cela ne modifiera pas ma décision.

Sombre DériveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant