12-Oasis

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-13 Septembre 2061-

Kevin m'observe, les yeux et les joues rouges, plein de rage. Son imprévisibilité me fait peur, je crains de finir comme cette chaise. Ma frayeur est telle que je me presse de rejoindre la sortie sans un regard pour mon frère.

Sa brusque réaction me retourne l'estomac. Il me donne envie de vomir. Comment quelqu'un peut-il réagir de la sorte ? Un frère en plus. Je me sens sali, humilié, exilé une fois de plus.

Sous le regard de Kevin, je ferme la porte grinçante et entre dans les bois. Pendant deux heures de marche, sous un soleil rayonnant qui sèche les quelques gouttes de rosée de la veille, je ressasse les paroles de mon sosie. "Tu es une erreur", tel sont les mots qui s'en cesse me font douter.

Je n'ai plus confiance en moi, je ne suis plus sûr de rien. Ma seul est dernière maison vient de me rejeter me laissant à la rue. Je n'ai nul part ou aller et personne qui pour m'aider. Mes seuls amis, depuis que je suis un Exilé, se cantonnent à l'Implosion, qui à présent me rejette.

Il y a mes anciens camarades mais ils ne sont pas assez fiables car ils ont été endoctrinés et enrôlés dans la cause du président. Et retourner dans l'Enceinte serait encore plus dangereux que de m'immiscer dans une foule de Rejetés.

La journée passe sans que le soleil ne parvienne à réchauffer l'atmosphère, je me sens frigorifié dans mon haut rouge, mon pantalon noir et mes Converses blanches, tâchées par la terre.

Je suis inconsciemment le minuscule chemin tracé par un appauvrissement de l'herbe. J'enchaine les montées et les descentes tantôt entouré de buissons aux baies d'un rouge profond tantôt étouffé par un amas de chênes. Mes jambes s'arrêtent un l'instant à l'écoute des grondements incessant de mon ventre. Je m'agenouille devant ses baies et en ramasse quelques unes. A l'abri de l'ombre, j'observe la baie un instant pour m'assurer qu'elle est comestible. Mais si mes connaissances sont bonnes, celle là appartient aux airelles rouges. Je l'avale sans réel appétit, bien que, mon ventre affirme le contraire. Son goût doux et sucré passe à la trappe.

Cette nuit, je ne m'arrête plus et continue ma route. Mes pieds me font mal et la plante de ces derniers me brûle mais je préfère ça à dormir, dans les bois, au pied d'un arbre. On ne sait pas ce qui vit dans ces bois. Renards, loups, serpents ... Toutes possibilités est bonne à prendre en compte.

Au petit matin, après une journée de marche, la fatigue s'accumule et mes pas tâtonnent avec plus ou moins de stabilité. Il est temps que je trouve un abris. Je place ma main devant ma bouche pour camoufler l'un de mes bâillements.

Je repousse une dernière branche et découvre la trace d'un liserai rouge sur le sol. Je poursuis sa route sur trois kilomètres et découvre mon oasis. Il m'a fallut plus d'une journée pour arriver aux premières battisses du secteur 7, le Hangar étant mis à une distance convenable de tous regards indiscrets.

La première qui vient fera l'affaire. C'est une maison en pierre, fracturée à de multiples endroits, et teintée de gris à cause de la pollution. Sa construction doit dater d'il y a bien vingt ans. Je suis obligé de donner un bon coup d'épaule pour ouvrir la porte rustique.

L'intérieur, minimaliste, n'est pourvu que d'un canapé en tissu troué et d'une veille table en bois qui tient à peine debout. La cuisine, plus fournie, s'étend sur trois meubles de rangement du même matériaux que la table.

Je me couche sur le canapé et sombre dans un sommeil profond ...

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Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant