-4 Décembre 2061-
La neige reprend son perpétuel balais. Les flocons ondulent, volent, lévitent, au-dessus de nos têtes cachées par les arbres. Leurs feuilles jonchent le sol sur lequel nous marchons sans relâche depuis quatre bonnes heures, sans les vans. J'en viens à regretter que le Hangar se situe si loin de la ville. Mon asthme, absente pour le moment, me guette comme une ombre.
Nous avançons par petits groupe de vingt sur le sentier de feuilles. Elles crépitent sous nos chaussures. Un nuage de fumée sort de notre bouche à chaque bouffé de l'air glacée. La température chute de minutes en minutes.
A ma gauche, Viviane se frottent les mains, déjà couvertes de gans, dans l'espoir de produire de la chaleur. Je m'avance vers elle et passe un bras autour de ses hanches pour la rapprocher de moi. L'épaisseur de nos manteaux m'empêche de sentir sa tiédeur mais pas le pistolet qui me rentre dans le dos.
A quinze mètres, un morceau de grillage, découpé, pendouille dans le vide, les plus proches soulèvent les fils d'acier pour céder leurs places aux retardataires. Une jambe après l'autre nous émergeons de la forêt. Ce saut d'un monde à une autre fait partir mon cœur en tachycardie, je sais que je ne devrais pas mais je sens que quelque chose se prépare. Peut-être avançons nous vers la mort en personne ?
- Ça va ?, s'inquiète Vi.
- Oui, oui, dis-je la voix tremblante.
Je retire mon bras de peur qu'elle devine les spasmes nerveux qui secouent mes mains.
Dans cette histoire, la peur ne tiraille pas que ma petite personne, les traits tirés de ma copine dévoilent son appréhension.
Nous traversons les rues plus habitées que d'habitude jusqu'à la grande place.
Je me demande si je reverrai ma mère, bien que, je sais qu'elle ne quittera pas l'individu qui nous a servi de père avec Kevin. Ce dernier que je n'ai pas revenu depuis la dernière fois où il s'est jeté sur moi.
Telles les racines d'un vieux chênes, les habitants se rassemblent en demi-cercle devant le grand bâtiments en pierre brutes qui nous sert de mairie. Comme prévu par Connor, je tire un peu plus sur ma capuche pour cacher mon visage et me fraie un passage jusqu'au devant de la scène. Heureusement, la mobilisation est timide pour le moment.
Les murs s'effritent sous la colle qui affiche avec une fierté sans nom les panneaux de propagandes qui appellent à rejoindre le mouvement. Dans un coin, je trouve ma tête, neutre, emportée par le vent qui bat ma capuche. Je la maintiens en place. Ici, au secteur 7, les parois des maisons passent du crépis à de la pierre apparente.
- Où ils sont les autres ?, signalé-je à Vi.
Elle regarde autour de nous et constate, comme moi, que nous sommes les premiers.
Des paroles d'enfants, accompagnés par leurs parents, brisent le silence qui pèse sur nos épaules. En un quart d'heure, la place et les rues adjacentes se peuplent de gens de toutes nationalités confondues, des indiens, des français, des asiatiques, des africains, des américains, des écossais ... Ce mélange ethnique témoigne de l'histoire d'une population mixte et complémentaire.
Vi m'avertit avec un coup de coude de l'arrivée, très attendue, de Connor et des autres qui les suivent. Il hoche la tête dans notre direction et je l'imite pour l'avertir que tout va bien. A côté de lui, Ayden remonte ses lunettes et maintient l'épaule de Snow qui a tenu à venir.
Face au bâtiment public, les portes s'ouvrent sur un trou noir et frottent le parvis de pierres en calcaire.
- Allez détend toi, à force de froncer les sourcils tu vas avoir un plis, essaie-t-elle d'alléger l'atmosphère.
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Implosion [TERMINEE]
Science FictionLa guerre a éclaté et pas qu'en France. A l'aube de la troisième guerre mondiale, l'Implosion est belle et bien décidée à faire entendre ses idéaux. Pour Nick, enrôlé depuis son plus jeune âge, l'Expansion était un bien qui devait arriver coûte que...