-16 Septembre 2061-
Les images de moi, petit, me reviennent en tête. Je reviens douze ans en arrière, coincé entre deux armures figées.
Les quatre soldats ne parlent pas depuis presque deux heures.
Le mouchoir imbibé d'un produit inconnu me rend malléable. Je vois. Je sens. Je ressens. Mais paralysé. Même avec le meilleur volonté du monde, tenter quoi que ce soit serait suicidaire. Un coup de coude bien placé, un poing en pleine figure et geste pour dérouter le véhicule ...
L'intérieur du van est chaud. Il m'oppresse. Les gardes dégagent une telle chaleur que mes bronches garde cette fameuse gène. Elles sifflent, prisonnières de cette étau. Je tousse une fois puis deux à intervalle régulier.
Je me sens si frêle, si petit, collé à ses deux murs. Je ne me souvenais pas avoir été si impressionné la première fois.
Au bout de cinquante kilomètres, le chauffeur pile et nous propulse vers l'avant pour éviter la brusque arrivée d'une passante, les bras chargés d'un nourrisson. Ma ceinture me récupère avant que je ne finisse dans le parebrise comme ... Amanda. J'ai une pensée pour elle, j'espère qu'elle est toujours en vie et que les médicaments, récupérés avec Viviane, lui ont été bénéfiques. Elle mérite de vivre.
Malgré la nuit tombée, je perçois quelques détails qui m'indiquent où nous nous trouvons. Le van empreinte un autre chemin que je connais de vue. Je repère les maisons de mieux en mieux entretenues, la limite du secteur que nous venons de quitter et les trois derniers lampadaires en état de marcher qui tracent un nouveau chemin.
La bombe -si ce n'est les- a du ravager des quartiers entiers. Par moment, le van passe au dessus de débris de béton et de pierres laissés à l'abandon par les populations migrantes. Je passe d'une épaule de marbre à une autre.
Encadré par deux corps, je n'ai jamais autant réfléchi à mon sort qu'aujourd'hui. Les questions fusent et certaines retiennent plus mon intérêt que d'autres.
A force de nous écarter du sentier habituel, j'en viens même à me demander si ces quatre gardes viennent du gouvernement. Pourtant, Ackim m'a bien dit qu'il était un soldat à la bote de Leferts.
Cependant, je me rappelle des deux vans volés par l'Implosion. Ils ne sont pas les seuls à avoir le pouvoir d'attaquer un convois pour prendre un véhicule. Mais, alors, si cette hypothèse s'avère bonne, comment ce fait-il qu'ils étaient à ma recherche ? Pourquoi ont-il attendu plus d'une demi-journée avant de me déplacer, alors qu'ils auraient pût empocher la récompense sans attendre ?
- Où va-t-on ?
Le soldat sur le siège passager est l'unique personne qui me fait l'honneur de répondre. Il se tourne vers moi, mais rien n'a faire, leurs masques sont trop épais.
- Au gouvernement.
Après avoir entendu la voix de mon ancien camarade, je parvins à l'identifier.
Deux mots ... Moi qui m'attendait à un peu plus de considération.
- Ce n'est pas la route habituelle ?, espéré-je relancer la discussion.
J'ai ce besoin irrépressible de parler pour couvrir la multitude de questions qui s'entrechoquent dans ma tête. Le silence va me rendre fou.
Je me demande bien comment j'aurais fait si je n'avais pas trouvé Ayden et Snow ? Une journée sans une discussion "normale" ou des gens "normaux" m'oppresse et me met mal à l'aise.
Je vais péter les plombs.
Mon raisonnement s'arrête sur les deux frères. Sont-ils devant le mobil-home ? M'attendent-ils toujours ? Sont-ils partis à l'abri quand ils ne m'ont pas vu arriver ?
Je n'aurais jamais dû les embarquer dans cette histoire. C'était trop égoïste et suicidaire de ma part. Me rencontrer et s'associer à moi était une très mauvaise idée. Je les mets en danger plus qu'autre chose. Je pense à Snow, 9 ans, encore un enfant et déjà si grand. Il affronte des évènements et des situations que je n'aurais jamais surmontés à son âge. Il est fort, un roc indestructible.
- L'attaque a détruit des maisons, les débris barrent la route et les gens ne sont pas enclin à nous laisser circuler comme nous le voulons.
Le soldats à ma droite tape Ackim pour l'enjoindre à se taire.
- C'est bon, relax, que veux-tu qu'il fasse ? Tu fais deux fois son gabarie, il ne sait pas se battre et il est seul face à nous quatre. Il ne s'échappera pas. Il est un Exilé. Dois-je te rappeler ce qu'il advient d'eux ? Non ? Il meurt. On peut lui dire autant de chose qu'on veut, elles seront enterrées six pieds sous terre avec son cadavre, dit Ackim avec désinvolture.
Je cherche son regard. Ses sauts d'humeur me laissent sur la touche. Je n'arrive pas à me faire un avis sur mon ancien compagnon, tantôt il a l'air de mon côté, tantôt il a l'air du leur ... Avec qui joue-t-il la comédie ?
- Merci ...
Je tourne la tête vers la fenêtre gauche. Son opacité restreint le paysage à un film noir.
Mes mains, couvertes de poussières, s'entremêlent, moitent. Elles se croisent et se décroissent. J'en viens même, chose rare chez moi, à ronger mes ongles noircie par la terre. Sous l'ongle de mon pouce, de petites aiguilles piquent ma chair à vif.
Comment vont-ils me tuer ? Est-ce-que ce sera une mort rapide ou une mort lente ? A l'ancienne ou plus subtile ?
- Et vous savez quoi les gars, ce mec, là, j'étais dans sa promotion.
Personne ne répond mais Ackim continue son cinémas sur un ton ironique. Il l'ouvre si souvent que je regrette d'avoir souhaité que le silence s'achève. Ma tête est comme une pastèque sur le point d'exploser.
- Il était le premier de la classe. Vous savez celui qui lève la main à chaque cours et qui s'installe au premier rang. Les profs lui mangeaient dans la main.
Je me souviens de cette époque. Bon ou mauvais souvenir ? Je ne saurais trop dire. Je trainais avec peu de monde. Les autres me voyait comme le vilain petit canard du groupe. J'étais le seul de la promotion à être un Rejeté. Mes camarades se demandaient tous si les rumeurs qui circulaient à propos de l'extérieur était vraies ?
C'est vrai que c'est sale chez vous ? Vous ne travaillez jamais ? Vous vivez dehors ? Les gens ressemblaient vraiment à ça pendant l'Epidémie ? ...
Ces questions ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Ils en existe des plus sordides.
Devant nous, je présume que nous quittons le secteur 5 car le Mur s'érige à un kilomètre devant nous.
Une bouffée de chaleur me submerge. Mon sort est arrivé et un peu trop tôt à mon goût. Je ne peux pas retourner quelques mois auparavant ? ...
Hey,
On approfondit un peu plus le lien "étrange" entre Nick et Ackim. D'après vous, que pourrait-il arriver entre eux ?
Promis, le prochain chapitre sera un concentré d'action et sera un grand pas en avant pour la suite de l'histoire.
N'hésitez pas à participer tout au long des chapitres, je me joindrai à vous avec plaisir !
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Implosion [TERMINEE]
Ciencia FicciónLa guerre a éclaté et pas qu'en France. A l'aube de la troisième guerre mondiale, l'Implosion est belle et bien décidée à faire entendre ses idéaux. Pour Nick, enrôlé depuis son plus jeune âge, l'Expansion était un bien qui devait arriver coûte que...