11-Tu es une erreur

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-13 Septembre 2061-

Une fois revenu, tard de la soirée, de notre dernière course, la nuit s'est écoulée sans un bruit. Dans le Hangar, tout le monde dort. Il ne doit rester pas plus de deux heures avant que le soleil ne se dresse à l'horizon.

Je médite les derniers évènements passés. Je repense aux positifs, aux négatifs, aux interrogations ... Pourquoi la vie est-elle si compliquée ?

En arrivant, Viviane a accouru donner les nouveaux médicaments à Amanda qui ne demandait pas mieux pour faire passer la douleur, puis, elle est partie passer l'enveloppe à Connor qui ne s'est pas gardé de faire entendre son mécontentement. Ce garçon, solitaire, ne m'a pas l'air du genre à traiter avec l'ennemi, mais les temps qui approchent nous mettent face à une situation épineuse. Nous ne savons pas ce qui nous attend et encore moins ce qui reste à venir.

Couché sur la table, face à la radio, j'attends le retour de la voix d'Alix. Son dernier et seul message m'avait laissé perplexe. Je ne sais pas trop quoi en penser ... Avait-elle vraiment besoin d'aide ? Peut-être que Thomas n'était pas le danger qu'elle souhaitait fuir, Nytron doit regorger de toutes sortes de choses étranges. Pourtant, sa voix criait une détresse effroyable, un désespoir sans fin.

Le grésillement, toujours insensible à un quelconque signal, me laisse lace et endormi dans une position inconfortable. Ma tête tourne et retourne l'envie irrépressible que j'ai de clarifier ce flou qui se cache entre Kevin et moi. L'un comme l'autre avons des secrets qui empoisonnent notre lien. Je me surprends à imaginer une discussion et une issue qui se fait piquer la place par une autre.

Dans un grincement strident, je me détourne de mes préoccupations. Kevin, dans un tee-shirt militaire et un jean, tire une chaise à côté de moi.

- Qu'est-ce-que c'est ?, désigne-t-il l'appareil vibrant.

- Une radio, c'est grâce à elle que j'ai appris pour la bombe.

Il avance le gros rectangle, d'un blanc parfait, vers lui et tripote quelques boutons. J'enlève ses mains de l'appareil, trop fragile pour être cassé par des mains inexpertes.

- Kevin, il faut qu'on parle ..., déclaré-je la voix chancelante.

Est-ce réellement le bon moment ? Je ne le saurais jamais car une voix s'élève des grésillements. Je la reconnais immédiatement.

- Trois mois que nous sommes ici, j'ai l'impression que tout le monde a réussi à s'habituer à ce nouvel environnement, sauf moi. Je suis emportée par un passé qui me guette, il ne veut pas me lâcher. Le soir, dans mes rêves, je la revois. Elle était si petite, si mignonne, si innocente ..., sa voix se brise et elle renifle, Kevin, si tu savais à quel point je l'aimais. Aela était tout à mes yeux, elle était ma lumière, la petite voix qui me chuchotait que ce cauchemar allait prendre fin.

Autour de nous, le temps se fige. Kevin à sa main droite en lévitation qui tremble un peu plus à chaque instant. De la colère ? Moi, je réajuste ma position sur ma chaise, tantôt j'envoie mon poids sur ma fesse droite, tantôt, sur la gauche. Les interrogations fusent. Tant de questions que je n'arrive pas à trier.

- Si ça ne tenait qu'à moi, je resterai sous ce soleil à te parler. J'aimerai que tu sois là avec moi, certes, plus l'un avec l'autre mais amis ? ... Enfin, je m'égare, tu ne seras jamais là.

Un minute s'écoule sans réelles paroles. A l'autre bout du fil, on entend Alix renifler et se moucher.

- Bon, il faut que j'y aille, Lindsey m'attend.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant