23-Boussole

15 4 12
                                    

-17 Septembre 2061-

Le van s'arrête, de longues heures de routes nous séparent du secteur 5. Une bulle de soulagement explose dans ma poitrine. Je sors et inspire l'air frais, nous avons passé la nuit à rouler en direction du Hangar.

Voir les gens se rassembler hier soir m'a fait réaliser que la population n'est pas si individualiste que ça. Les citoyens se retrouvent autour de leurs valeurs, universelles à chacun d'entre nous. Ils se battent et affrontent des monstres de plus en plus massifs. Et aujourd'hui, je n'ai pût me retenir de lier cette situation au climat international.

Partir au front pour combattre devient une option. Qui détient le pouvoir ? Le peuple. Nous pouvons nous soulever et nous différencier de ces tyrans. Notre devise représente parfaitement la situation. Fraternel les uns aux autres, nous aidons notre prochain. Libre, nous suivons les pulsions de notre cœur. Egaux, nous crions à l'injustice.

Si  nous voulons mettre fin à cette guerre, nous devons nous faire ouïr des géants de ce monde. Nous, décisionnaires de notre avenir, pouvons éviter un massacre d'envergure.

Néanmoins, je me sens responsable. Il faut que je trouve un moyen de rassembler les populations du monde entier dans une action qui fera imploser -c'est le cas de dire- cette guerre. 

Mes pieds foulent pour la première fois de la journée le sol terreux.

- Tout va bien ?

Viviane me sort de mes pensées. Son sourire réchauffe mon cœur déjà enflammé par une volonté de fer.

Nos compagnons s'éclipsent dans une suite d'exclamation et de sourire. Hier soir, personne n'a péri.

- Ça va et toi, ton bras ? 

- T'inquiète, je ne sens presque plus rien. Une simple égratignure, je devrais la désinfecter ...

- Nick !, s'extase un petit bonhomme roux qui interrompt notre discussion

Il court vers moi, les bras grands ouverts. Son enthousiasme est communicatif. Mes genoux se courbent et mes bras offrent un accueil chaleureux.

- Tu nous as fait peur, souffle Snow à mon oreille.

Sa poitrine, secouée de soubresauts, attire mon attention. Je me retire et essuie une larme au coin de son œil.

- Ne pleure pas.

- On n'a cru qu'ils n'arriveraient jamais à temps.

Il me reprend dans ses bras. Je suis un peu perturbé face à tant d'amour. C'est si ... inhabituel.

L'assaut de l'Implosion n'était donc pas un concours de circonstance.

- Plus jamais tu nous quittes, sanglote-t-il.

- Je suis désolé.

Je repense à cette pauvre femme, morte. Avant aujourd'hui, je n'avais pas vraiment réalisé l'ampleur de la situation. Quand la vie a quitté ses yeux, je me suis senti coupable pour X raisons.

A présent, je considèrerai chaque mort comme personnelle car par un moyen ou un autre une corde invisible nous lie. Le départ de l'un de nos frères ne peut être qualifié de "banale", au contraire, elle doit devenir "exceptionnelle".

Niché dans le jeune cou de Snow, j'aperçois Vi, les yeux vitreux. Cette fille s'efforce à montrer d'elle l'image d'une femme forte mais derrière ce masque se cache une âme sensible. Son humour est dosé pour n'apparaitre que quand la situation le permet.

Mon regard se pose sur le Hangar où Ayden attend son frère. Lorsqu'il me voit, ses traits se détendent dans un sourire bienveillant.

- Tu devrais rejoindre ton frère.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant