Implosion [TERMINEE]

53-L'évidance

-13 Décembre 2061-

Je reprends conscience en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Amanda, penchée sur moi, répète les mêmes noms en boucle. Ses joues, luisantes de larmes, me déchirent le cœur.

- Ayden ! Snow ! Connor ! Viviane !

Sa voix transpire de désespoir.

Entre temps, Ayden et Snow avaient disparu pour nous laisser un peu d'intimité avec Amanda. L

Un haut le cœur me renverse sur le côté et je vide une partie de mon estomac, ou plutôt, de je ne sais quoi. Mon oesophage me brûle, ce ne peut être que de la bile. Le mélange s'étale dans une petite marre rouge. Ça ne peut signifier qu'une chose.

- ... Viviane !, se brise-t-elle.

La porte s'ouvre sur un petit bonhomme roux. Il doit partir, il n'a pas à voir ça. J'essaie d'essuyer le coin de ma bouche mais mes membres pèsent des tonnes. Il se soulève de quelques centimètres avant de retomber, sans force. 

- Va chercher Viviane !, hurle Amanda sous la panique.

Elle ne devrait pas se mettre dans tout ces états, je vais bien. Enfin, presque.

Une quinte de toux m'oblige à cracher de nouveaux postillons de sang qui éclaboussent mon pull.

Mon corps ne répond plus aux décisions de mon centre de contrôle. Mon cerveau, tout sauf engourdit, lui ordonne de répondre pour subvenir à mes besoins.

Mon coeur double son apport sanguin mais mes poumons ne répondent pas. Ils se figent tel du béton. Ils s'arrêtent, repartent, sifflent.

La peur va et vient. Elle devient une ombre, un fantôme, une terreur qui m'angoisse un peu plus. Je refoule ce sentiment pour éviter de le transmettre à Vi qui arrive, cheveux au vent, avec Ayden sur ses trousses.

Ici, ils sont les deux seules personnes capables de trouver comment me sortir de cet enfer.

- Oh, mon Dieu !

Elle oublie ses points de sutures et chute près de mon visage, devant Amanda. Ayden balance un torchon pour couvrir mon vomi et pose une bassine à côté.

Mon estomac se révulse et le même liquide se répand dans le contenant en plastique. Mon gorge me brûle, asservie par un brasier qui nourrit incessamment ses ardeurs.

- Je ... Je ...

Ma copine regarde partout, cherche l'inconnu, la tête entre ses mains. Elle ne reste pas en place.

Je me racle la gorge dans l'espoir de retrouver un peu d'espace pour parler. La bouche ouverte, aucun son ne sort, je suis muet.

Ayden tire le sac derrière la porte et fouille à la recherche d'un remède. Sauf qu'il ne se trouve pas ici.

Je bourre mes poumons autant qu'ils le supportent et force sur mes cordes vocales.

- Vous ne trouverez rien.

Mes mots sont rêches. La vie les a quitté.

- Non, non, on va bien trouver quelque chose. Tu ressens quoi ?

Un filet de sueur coule sur l'un des sourcils d'Ayden, incapable, de maintenir un peu de calme dans sa tête.

Je toussote et entrecoupe mes pensées.

- Tête ... Ventre ... Poumons ...

Ces symptômes ne seraient pas inquiétant s'ils n'étaient pas ponctués de pertes de sang.