56-Petite lumière

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-14 Décembre 2061-

[PDV Viviane]

Quelle heure est-il ? Mon torse se redresse et j'observe la tornade qui a ravagé la pièce. Des morceaux de bois par-ci, de plastique par-là et des boules de cotons qui valsent à cause des petites imperfections de la maison. Un léger filet d'air caresse l'eau salé sur mes joues et me fait frissonner.

Ma tête bat comme une batterie frappée par son musicien. Une douce mélodie réconfortante me traine jusqu'à la pièce d'à côté. Ma chambre. C'est la seule pièce richement décoré, je pense que mes parents jugeaient préférable d'exprimer leur amour par des biens matériels qui n'ont pas de réels valeur à mes yeux ; mis à part une chose : ma guitare.

Fascinée par le savoir depuis ma tendre enfance, je collectionne les livres en tout genre, classiques, sciences, physiques ... Je les stockais sous mon lit et en bas de mon armoire qui est ouverte. Je pousse un battant et découvre, sans surprise, que ce que j'avais laissé en vêtement avait disparu. Mes doigts transpirent à cause du laiton qui verdi.

Mon lit, fait au carré, se couvre d'une conséquente pellicule de poussière. Je l'oublie et m'assois de tout mon poids dessus, un nuage s'envole et me fait tousser. Cette fois-ci mes yeux ne piquent plus par tristesse, je savoure cette douleur réconfortante.

Mes ongles tressautent sur les reliefs de mon instrument en parfait état. Je suis soulagée de le voir ici. Les petites fleurs de cerisier japonnais ornent encore le verni de l'instrument. Un mince sourire réchauffe mon cœur.

Je saisis le manche et installe, sur mes genoux, la guitare qui pèse son poids. Mes doigts frétillent entre ses cordes menues. Je fais travailler mon cerveau qui retrouve des notes oubliées. L'ambiance triste mais elle soigne ma poitrine.

Chaque allé et venu provoque un son qui s'harmonise à mes oreilles. Ce sont les petites étincelles issues d'un briquet, elle ranime mon espoir.

La tapisserie brodée de petites arabesques me ramène en enfance avec ses rideaux pourpres. D'ici, j'ai une vue directe sur le van qui, sur le tableau de bord, clignote. Ayden m'appelle avec la radio mais il attendra. Mes yeux quittent la fenêtre et je balance mes doigts sur l'instrument.

Un Do ... Je m'imagine dans la voiture pour répondre à son appel.

Un Si ... Il m'annonce une mauvaise nouvelle.

Un Fa ... Oh et puis mince !

La guitare bascule dans mon dos et je sors de ma chambre. Mon mouvement trop brusque réveille mes points de sutures. Je soulève le tee-shirt et consulte ma blessure. R.A.S. Ma patience a atteint ses limites, les laisser une minute de plus sans réponse pourrait les contraindre à prendre de mauvaises décisions.

J'ôte de ma tête le fouillis créé la veille et saute dans le van.

- Allô, Viviane ... S'il te plaît arrête de me faire poireauter et décroche ce fichu interphone.

Je réprime un rire face à l'exaspération de notre nouvelle recrue et décroche.

- Oui, désolé.

- Ah enfin ! Tout va bien ?

- Oui, marmoné-je la gorge serrée. Je rentre.

Tout me rattrape un jour, je coupe la radio avant qu'il ne réponde quelque chose et allume les informations.

- Aujourd'hui encore, un attentas a été perpétré dans le secteur 6. Personne n'a revendiqué l'attaque mais tous nos yeux se tournent vers le grand absent de ses derniers jours. Après le discours blasphématoire du jeune Exilé Nick, au secteur 7, l'Implosion reste muette et ne revendique aucun de ces actes. Le président Leferts s'est exprimé ce matin et a clairement affiché son mépris. D'après lui, "ces individus polluent la population de ses idées infâmes qui feront, tôt ou tard, renverser un système fragile en pleine érosion". Vérité ou mensonge ? Pour le moment, nous ne pouvons que nous rendre à l'évidence face à de multiples preuves apportées par le gouvernement. Je tiens aussi à rappeler que le président a projeté de proposer une nouvelle constitution qui renforcerait notre position nationale et internationale.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant