10-Alliances

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-12 Septembre 2061-

A terre, l'homme geint. Sa main retient son sang qui passe au travers, ses doigts ont l'air de ce décomposer sous cette rivière rouge. La pression est si forte que je ressens mon rythme cardiaque là où le bandage cache mon entaille, au-dessus de mes sourcils.

- Qu'est-ce-que t'a fait ?, paniqué-je.

L'homme n'a pas l'air de s'apercevoir que j'ai retrouvé, par le plus grand des hasards, l'usage de la parole.

- Rien ... Je ... J'ai eu peur, se défend-t-elle.

Je me décale pour voir l'objectif du bouton, ce n'est qu'une alarme incendie. Certes, je n'ai pas tiré cette balle mais j'ai l'impression de l'avoir fait. Je me sens coupable de complicité face à cette vie qui s'éteint.

En le voyant, je ne peux me dire qu'une chose : comment voulons-nous rassembler si nous ne sommes pas capable de laisser prospérer la vie ? 

Viviane pose sa main sur mon épaule.

- Allons-y, nous ne pouvons plus rien pour lui.

Elle fait preuve d'un sang froid hors norme. Je rejoins la sortie accompagné de mon amie, toujours aux aguets.

- Nous n'aurions pas dû, dis-je pensif une fois à l'extérieur, camouflés par les hautes herbes jaunissantes.

Viviane a réagit en tout état de cause et je la comprends mais voir ces yeux s'éteindre peu à pu m'expose une nouvelle vision de la vie.

- Je suis d'accord mais qu'est-ce-qui serait arrivé après ? Cette alarme aurait pût avertir les soldats et il ne manquerait plus qu'il tombe sur toi.

Tient-elle réellement à moi ? Ma poitrine se serre à cette idée.

- C'était une alarme incendie ! Il n'y a personne à des kilomètres. Et je n'ai pas besoin qu'on me chaperonne partout et tout le temps comme un enfant. Je ne suis plus un enfant ! Certes, dans la vie, vous avez affronté de multiples épreuves mais moi aussi et je n'en suis pas, pour autant, sorti indemne.

Ma colère est palpable. Voir cet homme se vider de son sang me fait sortir de mes gonds. J'en ai marre que partout où je vais, je sois accompagné et protégé. Oui, je suis terrifié, comme tout être humain mais je sais me protéger, je dois le savoir pour mon propre bien.

- Tu as raison, avoue Viviane. La peur m'a envahi ...

Je chasse l'une des herbes qui me chatouille le visage et la prend dans mes bras. Ma chaleur imprègne son corps transit. Grâce à cette proximité j'arrive à discerner l'odeur vanillé qui parfume ses vêtements et sa peau métisse.

- La prochaine fois, laisse moi tenir l'arme, lui soufflé-je à l'oreille pour ne pas rompre ce doux contact.

Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne réponse à apporter mais elle permet de clore la discussion. Nous reprenons notre ascension jusqu'au grillage que nous passons sans encombre. Les drones surveillent toujours l'horizon, notre prochaine étape.

Cette fois-ci, je décide de conduire jusqu'au point d'entré situé à quelques kilomètres. Chaque secteur a son passage qui permet les allés et venus, considérées comme légales. A côté de moi, Viviane contemple le paysage. Par moment, je détourne mon attention de la route pour suivre le tracé d'une ligne de migrants. Où vont-ils aller à présent ?

- Arrête toi, ici.

Je stoppe le véhicule et coupe le moteur sous un grand chêne. La route surplombe toujours les habitations dévastées. J'enfile une veste et visse correctement ma casquette qui déplace mon bandage qui ne tient plus vraiment.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant