72-San Andreas

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-1 Janvier 2062-

Tic Tac ...

Quel jour sommes-nous ?

Tic Tac ...

Depuis combien de temps ai-je été inconscient ?

Tic Tac ...

Quand est-ce-que quelqu'un daignera passer le pas de cette porte ?

Tic Tac ...

Ah ! Tiens, voilà les pas de mon cher ami : monsieur le mensonge. Couché sur se matelas aussi fin qu'une feuille de papier, les pieds croisés, je projette une balle faite avec les tissu de ma couverture dans le ciel -ou plutôt, entre moi et le plafond.

Plus je reste enfermé ici et plus la pièce rétrécit. Mon ventre gronde. Depuis quand ne sont-ils pas venus m'apporter à manger ?

Je rattrape la boule de tissu et elle reprends son ballet.

Depuis mon retour, tout mon matériel scientifique et les corps ont disparut. Il reste juste les trois modules, mon lit, la minuscule salle de bain dans l'une des chambres et moi. Simplement moi et les murs.

Quel jour sommes-nous ? Je suis perdu sur le chemin du temps. Mon laboratoire ne dispose d'aucune fenêtre, c'est donc la lumière artificielle, qui ne faiblit jamais, qui fait office de pendule.

Tic Tac ...

Tout ce temps perdu m'a permit de le mettre à profit, ce soupçon d'énergie a mis mon cerveau en ébullition. Il faut bien que quelque chose travaille ! Mais, sur son chemin, une trainée de questions s'imprègne.

La vie est faite de questions sans réponse, elle apparaissent avec leur sourire charmeur et nous berce d'illusion. L'espoir, voilà, ce qui en résulte. Nous espérons tous voir la réussite au bout du tunnel mais dans l'ombre se dissimule des obstacles de toute sortes. Un coup par-ci, un autre par-là, en moins de deux nous nous retrouvons au sol, inerte, puis, comme un éclair dans une sombre nuit d'été, nous nous relevons. Encore et encore, tel est la chanson. Nous redressons notre menton et fermons les points, l'être humain se transforme alors en boxer prêt à happer son ennemis au vol.

Vi m'attend tout comme je l'attends. Le peu d'instants passés avec elle ont comblé un vide dont je n'avais pas conscience. Elle est une fleur comme celle qui peuple le sol de Nytron. Dans mes jours les plus sombre, sa clarté d'un jaune ensoleillé charge ma chair de vie. Vi, vie, le surnom est mystérieusement bien choisi.

Quand à mon frère, celui pour qui je me devais d'être un exemple, il me berce dans mes erreurs. Lui qui voulait ma mort avec encore plus de force que cet homme, l'obtiendra en fin de compte. Mon passé m'a rattrapé, plus rapide que Flash, mes cheveux se sont ébouriffés. Pourtant, bloqué sur ses ressort rouillé, je me demande si un jour il me pardonnera. Si ce jour arrive, il sera mon salut.

Et plus je réfléchis à cet être, plus je perçois l'évidence. Je viens la chatouiller avec cette balle de fortune. Kevin est pansement, lui seul pourra épancher mes blessures de leur sang. Nous ne pouvons nous extraire de notre famille.

Une envie se jette à ma figure. Sa violence me percute et me contrôle. La boule de tissu transperce tel un obus la pièce dans sa largeur. Je me redresse et réduis la distance qui me sépare de la porte.

Mes muscles, guidés par un besoin irrépressible, me supplie de s'articuler. Il veulent bouger et ressentir cette magnifique douleur qu'on nomme courbature. Mes poings fondent sur le petit carré vitré, seul interstice par lequel j'aperçois des ombres humaines. Elle s'ébranle mais résiste. Là, à cet instant, je suis ce verre, ce minuscule morceau qui reste robuste dans n'importe quelle circonstance.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant