18-Trouvé ?

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-15 Septembre 2061-

Abasourdi, je reste figé au pied de cette marche, trop petite pour moi. J'ai l'impression que le monde s'écroule et s'effrite en petits morceaux. Je suis au bord du gouffre. Il me suffirait d'un pas pour rejoindre l'autre-monde. Peut-être que ma venue sera-t-elle mieux accueillie ?

Comme si les mots de mon frère ne m'avaient pas assez détruit, mon père -beaux père- rajoute une couche histoire de réduire mon corps en cendre.

Le monde pourrait exploser que je ne le remarquerais même pas ...

Je ne prête plus attention aux quelques passants qui pourraient m'identifier sans mal et oublie la présence de mes deux seuls et derniers piliers.

Je ressasse mon passé à la recherche d'un indice qui expliquerai ce soudain revirement de situation. Au plus loin que je me souvienne, il a toujours été un père pour Kevin, bien que, le lien entre lui et moi était moins fusionnel. Qu'est-ce-qui a bien pût le rendre si aigri ? Mon départ ? Celui de Kevin ? Ou l'enlèvement d'Alix ?

Je frémis en sentant un main me tirer vers l'arrière. Mes yeux, plongés dans la finesse de la porte du mobile-home, refusent de savoir qui veut m'extirper de ma rêverie. Ce pourrait être un garde que je n'en aurai rien à faire. Qu'ils m'emportent et m'emmènent loin, au gouvernement s'il le faut, peut-être arriveront-ils à me sauver de cette situation dégradante ?

Mes jambes ne daignent pas répondre et restent molles. Je m'effondre sur le sol humide qui imprègne et tache mon pantalon ainsi le bas de mon tee-shirt.

Je creuse dans mes souvenirs à la recherche de ce qui aurait pût me mettre la puce à l'oreille par rapport à maman ... Comment peut-elle endurer une telle souffrance sans se rebeller ? Bon, j'avoue que la carrure de mon père  doit faire le double de la sienne.

La pression sur mon bras augmente et la douleur me ramène à la surface. Ma tête se tourne en faisant craquer mes cervicales. Je pose une main et masse pour atténuer la douleur.

-Nick, il faut qu'on y aille.

La requête de Ayden se veut pressente. Il me prend sous les aisselles et me traine jusqu'à ce que je puisse tenir sur mes deux jambes. 

A notre droite, une femme, couverte d'un châle rosée, m'observe sous toutes les coutures. J'encre mes pupilles dans les siennes qui fuient précipitamment mes épaules basses.

Je traine des pieds sur un kilomètre. Conscient du danger que nous venons de prendre, les garçons choisissent de mettre le plus de distance possible avec la maison de mon enfance pour s'enfoncer un peu plus dans le secteur 7. Snow essaie de détendre l'atmosphère en sortant une ou deux blagues qui glissent comme la pluie sur mes cheveux.

Le temps s'est couvert de gros nuages menaçant déversent avec douceur leur tristesse. Ayden et son frère se couvrent d'une bâche d'un gris sombre, ce premier me propose de les rejoindre mais je refuse d'un geste de la tête.

La pluie me réveille et me fait sentir on ne peu plus réel. Je ne rêve pas. Je n'ai jamais rêvé. Sa fraicheur empreigne mon tee-shirt devenu bordeaux et mes cheveux filasses. Une mèche, qui autrefois ondulait avec légèreté, tombe sur mon œil gauche. Je la chasse de temps en temps, les idées encore embrumées.

Je crois entendre, au tournant d'une rue déserte, le cris de ma mère, battue. Elle souffle, gémie, hurle de douleur. Ce film imaginaire m'arrache une grimasse.

Quand les garçons jugent la distance convenable, ils se mettent, seuls à faire le tour des mobile-homes. Snow appelle son frère qui se dirige vers un conteneur vert pomme aménagé. Ces logements avaient été mis en place pour lutter contre la population grandissante, contrainte de vivre à la rue. Cette mesure avait été l'une des rares bonnes actions du président.

Implosion [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant